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dimanche 20 décembre 2015

20 décembre 1917, création de la Tchéka, ancêtre du KGB

Lénine

Le 20 octobre 1917, Lénine était revenu clandestinement à Petrograd depuis la Finlande où il était en exil. Le 7 novembre 1917 (calendrier grégorien) a lieu la révolution …… d’octobre (calendrier julien). Deux jours après, Lénine supprime la liberté de la presse.

Chargée d’interroger les suspects accusés d’actions contre-révolutionnaires comme le sabotage, le recel de vivres, le pillage des cargaisons (sic), une section spéciale est créée au sein du Comité central exécutif. Elle est sous la responsabilité d’un Polonais fanatique, Feliks Dzierżyński.

Feliks Dzierżyński

Le 20 décembre 1917, le Conseil des commissaires du peuple ou Sovnarcom, autorité gouvernementale bolchevique, décide de donner à la section le nom de « Commission extraordinaire panrusse près le Conseil des commissaires du peuple pour combattre la contre-révolution et le sabotage » (!) d’où l’acronyme en Russe чрезвычайная комиссия (commission extraordinaire). Son rôle : confiscation, expulsion des lieux, retrait des cartes d’alimentation, publication des listes des ennemis du peuple, etc …… En 1918, un membre du Collegium de la Tchéka, le Letton Mārtiņš Lācis, précisait : « La commission extraordinaire {…} ne juge pas l’ennemi, elle le frappe. {…} Nous exterminons la bourgeoisie comme classe.

En mars 1918, la Tchéka compte 66 agents quand elle s’installe à Moscou dans le bâtiment de la Loubianka, un millier en juin 1918, 40 000 fin 1918 (!!) et 280 000 début 1921.  

La Loubianka avant 1917

C’est officiellement le 20 décembre 1920 qu’est créé au sein de la Tchéka un département étranger, l’INO.
La Tchéka est dissoute le 6 février 1922 et laisse la place à la GPU (Государственное политическое управление, Direction Politique d’Etat). La GPU sera dirigée jusqu’au 15 novembre 1923 par Feliks Dzierżyński. A cette date, la GPU est divisée en deux organismes parallèles, le NKVD (Commissariat du peuple aux Affaires intérieures) et l’OGPU (Direction politique d’Etat unifiée). Les opérations extérieures des services secrètes soviétiques continuent d’être gérées par l’INO, qui est placée sous le contrôle de la GPU.

Le NKVD absorbe l’OGPU en 1934. Il regroupe les différentes forces de police de l’union soviétique. Il est surtout connu pour les activités du Goulag et de la Direction principale de la Sécurité d’Etat (Главное управление государственной безопасности, GUGB), l’ancêtre du KGB. A son apogée, le NKVD aurait compté 50 000 fonctionanires et 500 000 délateurs plus ou moins forcés. De 1938 à 1946, le directeur du NKVD sera Lavrenti Beria. Parmi les victimes du NKVD, les 20 000 officiers polonais assassinés à Katyn.
En février 1941, les attributions de la GUGB sont réparties entre le NKVD et le NKGB (Commissariat du Peuple de la sécurité de l’Etat.

Lavrenti Beria

Le 19 mars 1946, le NKVD devient le Ministère des Affaires Intérieures, MVD, et le NKGB le Ministère de la Sécurité de l’Etat (MGB).

Le 15 mars 1953, le MGB et le MVD fusionnent et la nouvelle entité est placée sous le responsabilité de Béria. En juin 1953, Béria tente de prendre le pouvoir de force ; son entreprise échoue et Béria « disparaît ». Le MGB perd son statut de ministère et il devient subordonné au conseil des ministres le 13 mars 1954. C’est en cette occasion qu’il prend la désignation de KGB.

Le 11 octobre 1991, après l’échec du putsch de Moscou, le KGB est dissout. De réorganisation en changement d’appellations, ce n’est que le 3 avril 1995 que le Président Boris Eltsine crée le FSB (Service fédéral de sécurité de la Fédération de Russie Федеральная служба безопасности Российской Федерации).


Tout ça vous paraît bien compliqué ? Ca l'est ! Retenez toutefois que le FSB assure la continuité car, tout comme la Tchéka, il est toujours installé à la Loubianka. 

Vladimir Poutine, officier du KGB

lundi 14 décembre 2015

De la trouée de Fulda à la trouée de Suwałki


Ceux qui, comme moi, ont servi pendant un certain temps dans les Forces Françaises en Allemagne ont entendu parler de la trouée de Fulda. Aujourd’hui, par analogie, on entend parler de plus en plus de trouée de Suwałki (en Lituanien : Suvalkai).

La trouée de Fulda ("Fulda gap")

La trouée de Fulda était l’une des deux routes possibles, voire probables, d’une hypothétique invasion des forces blindées du Pacte de Varsovie contre l’Allemagne de l’Ouest (notamment Frankfurt-am-Main) et, au-delà, vers le saillant d’Alsace, Lauterbourg n’étant qu’à 250 km de Fulda.

Moins favorable à l’avancée des troupes blindées du Pacte de Varsovie que l’autre option (la grande plaine d’Allemagne du nord), la trouée de Fulda aurait permis aux soviétiques et du Pacte d’atteindre les ponts du Rhin et de franchir le fleuve avant que l’OTAN n’ait pu organiser une riposte.

Le lieutenant-général Frederick Ben Hodges

Aujourd’hui, c’est une autre trouée qui donne des insomnies au Lieutenant-général (***) Frederick Ben Hodges, Commandant de l’Armée de Terre US en Europe (USAREUR), ainsi vraisemblablement à son chef, le Général (****) Phillip Breedlove, Commandant des Forces US en Europe (Cdr EUCOM) et Commandant Allié en Europe (SACEUR). Cette trouée, sur laquelle le Général Hodges a attiré l’attention du Pentagone mercredi dernier, est la bande de terrain plat de 91 km qui sépare l’exclave de Kaliningrad de la Fédération de Russie à l’ouest de l’allié bélarusse à l’est, bande au milieu de laquelle court la frontière entre la Pologne et la Lituanie. C'est la trouée de Suwałki.


Il faut dire que la tension est alimentée par le Président russe qui fait monter la pression dans la région en convoquant des exercices inopinés dans l’oblast de Kaliningrad, auxquels aucun observateur n’est convié ; et en insistant auprès de son alter ego bélarusse, Aliaksandr Loukachenka, pour pouvoir installer (à Babruïsk ?) une nouvelle base aérienne, en plus de celle de Baranovitchi, capable d’accueillir des chasseurs Su-27. Sans parler des incursions ou quasi incursions récurrentes d’aéronefs russes dans l’espace aérien balte et de la présence de missiles balistiques Iskander-M (portée 500 km) à Kaliningrad.  


"Les missiles de théâtre Iskander figurent parmi les armes de frappe les plus performantes en dotation des forces armées russes. Equipé de différents types d'ogives, le système Iskander est en mesure de neutraliser des cibles très variées: des troupes adverses jusqu'aux centres de commandement souterrains. Les missiles peuvent au besoin être dotés d'ogives nucléaires. L'armée russe dispose de deux versions de cette arme: Iskander-M et Iskander-K." (Source : http://rpdefense.over-blog.com/)

Portée des Iskander-M de Kaliningrad


Une attaque surprise des Russes entre Kaliningrad et le Bélarus dans la trouée de Suwałki couperait les Etats Baltes du reste de l’Union Européenne, (surtout si elle s’accompagnait d’une saisie de l’île suédoise de Gotland, peu défendue, au large de la Lettonie). Et les forces russes stationnées à Kaliningrad pourraient limiter la réaction de l’OTAN.

Le Général Ben Hodges ajoute que cette hypothèse est improbable. Mais l’imprévisibilité de Poutine, mise en exergue lors de l’occupation de la Crimée et, plus récemment, lors de l’intervention en Syrie, fait qu’un chef militaire de l’OTAN digne de ce nom ne peut pas faire l’impasse face à une telle menace potentielle. Car improbable ne veut pas dire impossible !

Pour dissuader la Russie de se lancer dans une telle aventure, le Général Hodges a organisé des rotations au sein des troupes d’USAREUR pour alimenter des exercices permanents dans l’est de l’Europe et a mis sur pied une Force de Réaction Rapide de 5 000 hommes. Sera-ce suffisant ?  

Débarquement d'un char Abrams M1 à Klaipeda



   



  

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mardi 8 décembre 2015

Démission du Premier Ministre letton

M. Raimonds Vējonis et Mme Laimdota Straujuma

Le lundi 7 décembre 2015 matin, après une rencontre avec le Président de la République, M. Raimonds Vējonis, le Premier Ministre letton, Mme Laimdota Straujuma, 64 ans, a annoncé la démission de son gouvernement.  

Cette démission a été le point final d’un psychodrame qui s’est principalement joué dans les coulisses de son parti, Vienotība le mal nommé (Unité).

Laimdota Straujuma avait été nommée Premier Ministre le 22 janvier 2014, après que Valdis Dombrovskis ait démissionné, endossant la responsabilité de la tragédie du supermarché Maxima de Zolitude qui avait fait 54 morts. Suite aux élections législatives du 4 octobre 2014, elle avait été reconduite à son poste, à la tête d’une coalition de centre-droit regroupant Vienotība (Unité), Zaļo un Zemnieku savienība - ZZS (Union des Verts et des Paysans) et Nacionālā Apvienība, NA (Alliance Nationale), ainsi qu'ultérieurement le Reformu partija, RP (Parti Réformateur).

Mais, le 4 novembre 2015, Straujuma a limogé son Ministre des Transport, Anrijs Matīss. Celui-ci était accusé de ne pas avoir informé le gouvernement d’un investissement de 80 millions d’€ au profit de la compagnie aérienne nationale Air Baltic, en liaison avec un homme d’affaire véreux allemand, ex-agent de la Stasi (équivalent est-allemand du KGB). De plus, cet investisseur, qui promettait d’injecter 52 millions d’€, avait des liens avec l’industrie aéronautique russe et il était question d’acheter des avions Sukhoi Superjet pour Air Baltic. Certains pensent que Matīss n’a été qu’un bouc-émissaire et que Straujuma aurait dû démissionner.

Solvita Āboltiņa

La pression sur Straujuma s’était alors intensifiée, venant de son propre parti Vienotība qui devait faire face à une cote de popularité en chute libre depuis les élections. Un de ses membres éminent, Dzintars Zakis, fut accusé d’avoir acheté des votes en sa faveur. Sa présidente, Solvita Āboltiņa, ne dut sa réélection au Parlement que parce qu’un des membres de son parti placé avant elle, Jānis Junkurs, démissionna.  

C’est pourtant Solvita Āboltiņa qui semble avoir été « à la manœuvre » pour pousser Laimdota Straujuma à la démission. Malgré soin impopularité, elle espère d’ailleurs accéder au poste de Premier Ministre. Straujuma a déclaré qu’elle verrait mieux l’actuel Ministre de l’Intérieur, Rihards Kozlovskis lui succéder. Il n’est pas exclu que les partenaires de Vienotība dans la coalition en profitent pour s’emparer du poste de Premier Ministre.

Rihards Kozlovskis

Laimdota Straujuma était certes un Premier Ministre faible. Mais la Lettonie aurait pu faire l’économie d’une crise politique en ces temps troublés. Savoir qui la remplacera sera sans nul doute le jeu de ce mois de décembre……  

Laimdota Straujuma



dimanche 6 décembre 2015

5 décembre 1994 : signature du mémorandum de Budapest


A la dislocation de l’URSS, l’Ukraine avait hérité d’un stock important d’armes nucléaires, estimé en 1992 à 1 408 ogives nucléaires stratégiques et à environ 2 500 armes nucléaires tactiques.

Dès le 24 octobre 1991, le Parlement ukrainien avait adopté un statut de non-nucléaire. En novembre 1993, il ratifia le Protocole de Lisbonne du 23 mai 1992 (protocole au traité START du 7 juin 1991) qui stipulait que les armes nucléaires de feu l’URSS, stationnées sur le sol de la Russie, du Bélarus, de l’Ukraine et du Kazakhstan seraient détruites ou transférées sous le contrôle de la Russie.

de g.à dr. : Boris Eltsine, Bill Clinton, Leonid Koutchma et John Major


En contrepartie de l’adhésion de l’Ukraine au traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, la Russie (Boris Eltsine),  les Etats-Unis (Bill Clinton), la Grande-Bretagne (John Major) et l’Ukraine (Leonid Koutchma) signèrent le 5 décembre 1994 une série de protocoles, appelés « Mémorandum de Budapest », par lesquels ils s’engageaient notamment à « respecter l’indépendance, la souveraineté et les frontières existantes de l’Ukraine ».
La Chine et la France ont ratifié ultérieurement ce mémorandum.

Le deuxième article de l’accord est en effet ainsi rédigé« La Fédération de Russie, le Royaume-Uni et les États-Unis réaffirment leur obligation de s’abstenir de la menace ou de l’emploi de la force contre l’intégrité territoriale ou l’indépendance de l’Ukraine, et qu’aucune de leurs armes ne sera jamais utilisée contre l’Ukraine, sauf en cas de légitime défense ou en conformité avec la charte des Nations unies. ». Un autre article, les Etats signataires s’engageaient à s’abstenir d’utiliser toute coercition économique.
Le texte complet du mémorandum, en anglais, peut être consulté sur http://www.msz.gov.pl/en/p/wiedenobwe_at_s_en/news/memorandum_on_security_assurances_in_connection_with_ukraine_s_accession_to_the_treaty_on_the_npt?printMode=true
Lors de l’occupation de la Crimée à partir du 28 février 2014, puis de son annexion par la Russie, l’Ukraine s’est référée à ce mémorandum pour rappeler à la Russie que celle-ci s’était engagée à respecter les frontières ukrainiennes et aux autres signataires qu’ils étaient les garants de cette intégrité. L'invasion a d'ailleurs été revendiquée peu de temps après par Vladimir Poutine. 
Le moins qu’on puisse dire, c’est que ce rappel ukrainien n’a guère été suivi d’effets……. Il est vrai que, depuis, la Cour constitutionnelle russe a instauré (le 14 juillet 2015) la primauté de la loi nationale sur les traités internationaux !  
"Petit homme vert"





jeudi 26 novembre 2015

26 novembre 1954 : exécution du Général Jonas Žemaitis-Vytautas


Voilà un mois que je n’ai pas posté sur ce blog. Les raisons personnelles familiales en sont la cause. Je vais essayer d’y remédier. Compte-tenu de mon futur prévisible, ce ne saurait toutefois pas être une promesse !

S’il est quasiment inconnu en France, le Général Jonas Žemaitis-Vytautas (15 mars 1909 – 26 novembre 1954) est un héros en Lituanie. Le triste anniversaire de son exécution à Moscou est l’occasion de rappeler sa carrière et son destin.

Général Jonas Žemaitis-Vytautas

Jonas Žemaitis  est né le 15 Mars 1909 à Palanga. Il étudie à l’Ecole Militaire de Kaunas à partir de 1926 et en sortira le 23 Novembre 1929 avec le grade de Lieutenant. Il commande alors une batterie au 2e Régiment d’Artillerie. En 1936, il réussit un concours et part en France. De 1936 à 1938, il est Officier stagiaire à l’Ecole d’Application d’Artillerie de Fontainebleau.

(Installée initialement à Metz depuis 1802, l’Ecole d’Application de l’artillerie et du génie est recréée à Fontainebleau le 11 Décembre 1871 suite à la défaite de 1871. En 1912, l’Ecole d’Application du génie est créée à Versailles et l’Ecole de Fontainebleau est rebaptisée Ecole d’Application d’Artillerie. Lorsque le Lieutenant Jonas Žemaitis y effectue son stage, le commandant de l’Ecole est le Général Joseph de la Porte du Theil qui sera, en Juillet 1940, le fondateur et le chef des Chantiers de la Jeunesse française).

Lorsque l’URSS occupe et annexe la Lituanie en 1940, il reste à son poste au 617e régiment d’Artillerie. Par contre, il quitte l’armée lorsque l’Allemagne attaque l’URSS, ne voulant pas servir les nazis, et s’installe à Kaunas comme technicien dans une société d’extraction de la tourbe. Il rejoint même une organisation de distribution de la presse antinazie.

Général Povilas Plechavičius

En Février 1944, les Allemands autorisent la création par le Général Povilas Plechavičius d’une force territoriale lituanienne de défense (Lietuvos vietinė rinktinė), espérant en faire une unité supplétive des SS. Refusant toutes les tentatives allemandes de phagocyter son unité forte de 20 à 30 000 hommes, Plechavičius fut arrêté par les Allemands le 15 Mai 1944, avec un millier de cadres et de soldats. Environ une moitié des effectifs réussirent à s’enfuir dans les forêts et constituèrent l’Armée Lituanienne de la Liberté (Lietuvos laisvės armija ou LLA), s’attaquant aux forces d’occupation soviétiques. Jonas Žemaitis rejoint la LLA en mars 1945 et prend alors le pseudo de Vytautas. En mai 1947, il est nommé commandant du district Kęstutis.

Car la résistance en Lituanie était organisée comme une véritable armée, avec des combattants en uniforme et une chaîne de commandement, contrôlant l’ensemble du territoire de la Lituanie en dehors des villes, organisé en trois régions militaires et neuf districts, jusqu’en 1949. 

Combattants de la Liberté (Žemaitis est le 2e en partant de la gauche)


En Février 1949, Žemaitis  établit l’Union lituanienne des combattants de la Liberté (Lietuvos laisvės kovos sąjūdis LLKS) dont il est le chef. Le 16 Février 1949, date du 31ème anniversaire de l’indépendance de la Lituanie, le bureau de la LLKS signe une déclaration fixant que la Lituanie, une fois sa souveraineté restaurée, sera un Etat démocratique, fondé sur la Liberté et les valeurs démocratiques, où tous les citoyens auront les mêmes droits. En 1999, le Seimas (Parlement) reconnut formellement ce document comme une déclaration d’indépendance. 

Mais, en Décembre 1951, Žemaitis fut frappé par une hémorragie cérébrale et devint paralysé. Le 30 Mai 1953, sa cachette est découverte et il est arrêté par des agents soviétiques. Il est transporté à Moscou et y est interrogé par le Ministre de l’Intérieur, Lavrentiy Beria lui-même. Jonas Žemaitis sera exécuté, dans la prison de Butyrka, le 26 Novembre 1954.

Monument Žemaitis à Palanga

Jonas Žemaitis sera nommé Général de brigade à titre posthume. Par décret du 20 novembre 1998, l’Académie militaire lituanienne prend le nom de Général Jonas Žemaitis. Le 11 Mars 2009, Jonas Žemaitis fut officiellement reconnu comme quatrième Président de la République de Lituanie.

Buste de Jonas Žemaitis devant le Ministère de la Défense à Vilnius

mardi 27 octobre 2015

27 octobre 1806 : entrée de Napoléon à Berlin


Le 12 Juillet 1806, conséquence de la victoire d’Austerlitz, est signé le Traité de Paris, portant création de la Confédération du Rhin. Par ce traité, 16 Etats allemands quittent la diète du Saint Empire romain germanique pour rejoindre la Confédération du Rhin en tant qu’Etats souverains, mais dont le « protecteur » est l’Empereur Napoléon 1er. Le 6 août 1806, François II, Empereur des Romains (= l’Empereur François 1er d’Autriche) renonce à son titre d’Empereur élu d’Allemagne et dissout (dans une certaine indifférence) le Saint Empire Romain Germanique qui avait été créé en 962 par Othon 1er.

Dans l’année qui suit, 23 autres Etats allemands rejoindront la Confédération du Rhin.

La Confédération du Rhin en 1806

Mais la Prusse du Roi Frédéric-Guillaume III s’inquiète de la domination française jusqu’à ses portes, notamment quand elle apprend que Napoléon aurait l’intention de restituer le Hanovre, occupé par les troupes prussiennes, à son ancien propriétaire, le Royaume-Uni. La Reine de Prusse, Louise de Mecklembourg-Strelitz, est la plus active pour attiser la haine de l’armée et de la population à l’encontre des Français.

Le 9 août 1806, la Prusse, la Russie, la Suède, la Saxe et le Royaume-Uni (celui-ci à partir du 14 septembre) forment la quatrième Coalition et mobilisent leurs troupes. Le 25 août 1806, les armées prussiennes, fortes de 200 000 hommes, aux ordres du Duc de Brunswick (71 ans), Moellendorf (81 ans) étant conseiller du Roi, se mettent en mouvement en direction de Francfort, à la charnière entre les forces françaises de Bavière et celles de Rhénanie. L’intention de Napoléon est de battre les Prussiens avant l’arrivée des Russes.

Le Roi de Prusse, Frédéric-Guillaume III

L’armée française, forte au départ de 180 000 hommes, passe le Rhin en Septembre 1806. La première victoire a lieu à Saalfeld le 10 Octobre 1806 et est à mettre à l’actif du 5e Corps du Maréchal Lannes.

Le 14 octobre 1806, ce sont les batailles simultanées d’Iéna (Napoléon) et d’Auerstaedt (3e Corps du Maréchal Davout). Dès 15H, l’armée prussienne bat en retraite.

Le Maréchal Louis-Nicolas Davout


La catastrophe militaire prussienne est sans précédent. A Iéna, 56 000 Français engagés ont battu 72 000 Prussiens et Saxon, tuant ou blessant 12 000 hommes, capturant 15 000 prisonniers, 200 canons et 30 drapeaux. A Auerstaedt, Davout, avec 28 700 hommes a tenu en échec 60 500 Prussiens, enlevant à l’ennemi 115 canons et mettant hors de combat 13 000 hommes, dont 3 000 prisonniers.

Le 27 Octobre 1806, Napoléon 1er fait une entrée solennelle à Berlin par la porte de Brandebourg, alors que ses armées continuent la poursuite des restes de l’armée prussienne jusque sur les bords de la Baltique. La dernière capitulation est celle de Blücher à Lubeck le 7 novembre. Le roi et la reine de Prusse sont partis se réfugier en Prusse orientale, à Königsberg, espérant l’intervention du Tsar.

Entrée de Napoléon à Berlin, tableau de Charles Meynier, peint en 1810

En 39 jours de campagne, le conflit avec la Prusse se termine par la destruction totale de l’armée prussienne et par l’occupation de sa capitale.

Napoléon quitte Berlin dans la nuit du 25 au 26 novembre pour la Pologne. Il est à Poznań le 27. Onze  ans après le dernier partage de la Pologne-Lituanie, les soldats de Napoléon sont accueillis en libérateurs, d’autant que, parmi eux, se trouvent des anciens des légions polonaises de Dombrowski. Mais c’est une autre histoire ……

Le Général Jan Henryk Dombrowski


A suivre : le 21 novembre 1806, Décret de Berlin sur le blocus continental.


mardi 20 octobre 2015

19 octobre 1812 : Napoléon quitte Moscou



L’entrée de la Grande Armée en Russie, le 24 juin 1812, par la traversée du Niémen à côté de Kaunas, s’était faite sans pratiquement tirer un coup de feu. Napoléon 1er cherchait LA bataille décisive qui forcerait le Tsar Alexandre 1er à déposer les armes. Mais, selon une stratégie prônée par le Ministre de la guerre, Michel Barclay de Tolly, qui commandait la 1ère armée de l’ouest pendant la campagne, les Russes pratiquaient la tactique de la terre brûlée en se dérobant, attirant la Grande Armée dans les profondeurs de la Russie.

Le Maréchal Koutouzov à Borodino / la Moskova

Mais cette stratégie étant combattue par l’entourage du Tsar, notamment par le Prince Bagration, le Tsar est contraint de rappeler le 29 Août 1812 le « vieux » prince Mikhaïl Illarionovitch Golenichtchev-Koutouzov, tombé en disgrâce après la défaite d’Austerlitz. Initialement, Koutouzov suivit la même stratégie que Barclay, avant d’accepter la bataille à Borodino, appelée bataille de la Moskova par les Français, 12 km à l’ouest de la ville de Mojaïsk.

La victoire est française et elle permet à Napoléon d’entrer dans Moscou une semaine plus tard, le 14 Septembre 1812 à 2 heures de l’après-midi. Le 12 Septembre, à la « conférence de Fili », Koutouzov avait décidé d’abandonner Moscou, en dépit de l’opposition de ses jeunes généraux.



Les premiers incendies éclatèrent le 14 Septembre vers 5 heures du soir. Au début, ils furent mis sur le compte de la négligence des soldats. Mais, plus tard dans la soirée, et surtout le lendemain, les trois quarts de la ville brûlaient et des mèches étaient retrouvées, attestant de mises à feu volontaires dans des dizaines d’endroits. Le feu se développait rapidement, dans la mesure où la plupart des maisons étaient en bois. L’incendie ravagera la ville pendant quatre jours.

Il ne fait aujourd’hui plus de doute que cet incendie avait été préparé et allumé selon les ordres du gouverneur de la ville, le comte Fiodor Rostopchine. Le fait que toutes les pompes à incendies aient été détruites ou emmenées, et les stocks de nourriture pillés ou détruits, était significatif. De même, Rostopchine avait ouvert les portes des prisons, libérant 2 à 3 000 criminels à qui il avait dit : « Vous avez commis quelques crimes ; mais vous n'en êtes pas moins de vrais Moscovites, et vous expierez vos fautes en servant dignement votre patrie ».  

Le comte Rostopchine

Napoléon dut même quitter le Kremlin menacé par les flammes le 16 septembre et se réinstaller en dehors de la ville, au château de Petrovsky. Il y reviendra le 18 Septembre, attendant toujours une demande de paix d’Alexandre, demande qui ne vint jamais.  

La Grande Armée commencera à quitter Moscou le 18 octobre, en direction de Kaluga (sud-ouest) où ils trouveraient de la nourriture et du fourrage, ces régions fertiles n’ayant pas été touchées par la guerre. Napoléon sort personnellement de la capitale russe le 19 octobre et donne l’ordre au Maréchal Mortier, qui avait été nommé gouverneur du Kremlin, de faire sauter celui-ci lors de son départ, le 23 octobre.

Le Maréchal Mortier

Le 24 Octobre, le détachement d’avant-garde du prince Eugène de Beauharnais se heurte au Général Doctorov à Maloïaroslavets. Le village est pris et repris 6 fois. N’arrivant pas à établir une tête de pont solide, Napoléon (qui avait failli être capturé par les Cosaques) décide de rebrousser chemin et de reprendre la route de Mojaïsk, déjà empruntée à l’aller. Mais celle-ci avait été saccagée et était dépourvu de possibilités de ravitaillement. La catastrophique retraite de Russie commençait, au cours de laquelle les débris de la Grande Armée seront continuellement harcelés.

La campagne de Russie, pour désastreuse qu’elle fut, aura toutefois montré deux principes qui restent encore valables aujourd’hui : la logistique est dimensionnante et l’ennemi ne joue pas toujours le rôle qu’on voudrait lui voir jouer. 

Débris de la Grande Armée devant l'hôtel de ville de Vilnius