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samedi 30 avril 2011

Lettonie : Zigfrīds Anna Meierovics (1887-1925)

Aujourd’hui, 30 Avril, c’est jour de grand nettoyage en Lettonie (Lielā Talka - http://www.talkas.lv/?lng=en). Comme partout, c’est l’occasion pour les hommes (et femmes) politiques de se montrer en tain de mettre la main à la pâte. Occasion que ne manqueront pas le Ministre des Affaires Etrangères, Ģirts Valdis Kristovskis, et son staff en allant nettoyer le site commémorant Zigfrīds Anna Meierovics à Sēme dans le district de Tukums.

Diplômé d’études commerciales, notamment du Rīgas Politehniskais institūts, prédécesseur de l’Université de Riga, où il obtint un MBA en 1911, Zigfrīds Anna Meierovics (ci-dessus - 1887-1925) militait dans des associations lettones depuis 1911, mais son engagement politique intervient après la révolution de Février 1917. A partir de Décembre 1917, il est membre du département des affaires étrangères du Conseil provisoire National Letton (Latvijas Pagaidu Nacionalo Padomi), à Petrograd (aujourd’hui Saint-Pétersbourg. Grâce à son énorme capacité de travail, son habileté pour réconcilier les différentes opinions et son talent pour parler en public, le jeune économiste est choisi le premier pour représenter la Lettonie à l’étranger.

Son action a été déterminante dans la reconnaissance de la République de Lettonie. Le 23 Octobre 1918, c’est Lord Balfour, Ministre britannique des Affaires Etrangères, qui informe Meierovics que la Grande-Bretagne avait décidé de reconnaitre l’indépendance de facto de la Lettonie, montrant ainsi l’exemple avant même la déclaration d’indépendance. A partir du 19 Novembre 1918, Meierovics devient le premier Ministre des Affaires Etrangères de Lettonie, et met en place un réseau diplomatique. C’est grâce à lui que la Lettonie est reconnue de jure par la communauté internationale le 26 Janvier 1921 et que, le 22 Septembre 1922, elle est admise à la Société des Nations (SDN).

Par la suite, il sera par deux fois Premier Ministre, du 19 Juin 1921 au 26 Janvier 1923, puis du 28 Juin 1923 au 26 Janvier 1924, tout en restant Ministre des Affaires Etrangères. Entre autres décorations, il était titulaire de la Croix de Guerre française.

Zigfrīds Anna Meierovics meurt le 22 Aout 1925 à dans un accident de voiture à Sēme, à l’âge de 38 ans. Le site est marqué par bas-relief en bronze et un monument inauguré en 1926, objet du nettoyage d’aujourd’hui. Depuis 1929, il a également son monument au Meža Kapi de Riga (ci-dessous).

(Voir un texte plus complet en anglais sur le site du Ministère des Affaires Etrangères letton : http://www.mfa.gov.lv/data/meierovics-lerhis_eng.pdf)

jeudi 28 avril 2011

Mes villes de l’Europe médiane (3) : Budapest


Dans mon précédent post sur Sarajevo, j’évoquais Budapest comme étant la ville où je m’évadais de temps en temps pour échapper à l’ambiance déprimante de la capitale bosnienne.

A la vérité, ma première visite à la capitale hongroise date de 1990. Je faisais alors partie d’un petit groupe de Français qui étaient allés là-bas pour courir le marathon de Budapest, mais qui en avaient profité pour visiter la ville et les environs. Un de mes grands souvenirs de ce voyage fut d’avoir effectué un parcours, heureusement très bref, à la « place » arrière d’une Trabant. A cette époque, j’étais déjà allé à Moscou et Berlin-Est (1984), et il flottait en comparaison à Budapest un indéniable air de liberté.

Je suis donc retourné régulièrement à Budapest entre 2003 et 2005. La ville (1 612 000 habitants en 2009) est surdimensionnée par rapport à la population totale hongroise (9 976 000 habitants en 2011), mais c’est une conséquence du Traité de Trianon (4 Juin 1920), qui a dépecé l’empire austro-hongrois. Séparée en deux par le Danube (qui, on le sait bien, est loin d’être bleu), on trouve d’un côté la colline de Buda, avec le château (ci-dessous) et la vieille ville, et de l’autre le centre ville.

La ville est irriguée par un métro dont une des lignes, dite du Millénium, construite en 1896, fait de Budapest le deuxième plus ancien métro d’Europe après celui de Londres. Ceci dit, la compréhension de son utilisation demande une certaine habitude, compte-tenu de la barrière de la langue (cf. ci-dessous). Le Hongrois est en effet une langue finno-ougrienne qui ne ressemble à rien sinon au finnois et à l’estonien. A titre d’exemple, Hongrie c’est Magyarország et Rendőrség signifie Police, ce qui n’est pas évident de prime abord !

Budapest a été sous domination ottomane pendant 150 ans et on en trouve encore la trace à travers ses bains. Puis elle fut la deuxième capitale de l’empire austro-hongrois, et de là date son épanouissement et son très important rayonnement dans la Mitteleuropa. Son Parlement (ci-dessous), construit entre 1885 et 1896, est par sa surface (18 000 m2) le plus grand d’Europe et un des plus originaux de par son architecture néogothique. Parmi les autres lieux touristiques, on remarquera la place des Héros, la rue piétonne Vaci uta, et le café Gerbeaud sur la place Mihály Vörösmarty, de facture très viennoise.

On n’oubliera pas côté Buda, où l’on sera monté par le funiculaire (ci-dessous), d’admirer la vue depuis le bastion des pêcheurs (Halászbástya), terrasse de style néo-gothique et néo-roman, dont les sept tours représentent les sept tribus Magyar qui se sont établies dans le bassin des Carpates en 896.

Budapest est indéniablement une ville agréable qui vaut bien un long week-end. Et, au cours d’un séjour en été, une visite au lac Balaton, le plus grand d’Europe centrale, s’impose. Je suis allé un nombre important de fois à Budapest, mais je n’ai traversé qu’une seule fois la Hongrie en voiture, du sud au nord, lors de mon périple retour de Sarajevo à Vilnius. Il est indéniable que j’y retournerais volontiers.


mardi 26 avril 2011

Tchernobyl et le culte du secret soviéto-russe


Difficile de ne pas être au courant en ce 26 Avril 2011 : le 26 Avril 1986 à 1H23, le réacteur numéro 4 de la centrale de Tchernobyl explose au cours d'un test de sécurité. Même si toute la lumière sur l'accident n'est toujours pas faite, il semblerait que la négligence du personnel combinée à des défauts de conception des réacteurs soit à l'origine de l'explosion.

Mais, 25 ans après, le bilan de cette catastrophe suscite toujours la controverse: le culte du secret et le mauvais suivi des victimes dans les années chaotiques postsoviétiques en sont la cause principale. Car, le secret, omniprésent dans l’Union soviétique, règne toujours en maitre dans la Russie d’aujourd’hui.

En 1986, l'URSS, dirigée par Mikhaïl Gorbatchev, inventeur de la glasnost = transparence, a réagi dans la pire tradition du secret, ne reconnaissant le drame que trois jours plus tard, après que la Suède, atteinte par le nuage radioactif, eut alerté le monde le 28 Avril. Le silence officiel soviétique, suivi de mensonges, a contribué à la contamination de centaines de milliers de personnes. Les habitants de Pripyat, petit ville située à 3km de la centrale, ne seront évacués que 30 heures après l'accident. Le 26 Avril, 900 élèves âgés de 10 à 17 ans participent à un « marathon de la paix » qui fait le tour de la centrale ! La ville de Tchernobyl, située à 20 kilomètres de l'épicentre ne sera, elle, évacuée que le 5 mai, soit 10 jours après le drame. Le chef de l'Etat, Mikhaïl Gorbatchev, n'interviendra à la télévision que dix-neuf jours après le drame.

Il faut dire que la catastrophe de Tchernobyl n’était pas une première en URSS. En 1957, une puissante explosion dans un centre de stockage de déchets radioactifs près de Tcheliabinsk a projeté à plus d’un kilomètre d’altitude environ deux millions de curies de produits radioactifs, et près de dix fois plus dans l’environnement de l’installation, soit environ la moitié des quantités rejetées à Tchernobyl. Au moins 200 personnes périrent, et 10 000 environ sont évacuées. Mais l’accident, couvert par le secret-défense, ne sera connu qu’en 1976, grâce à un biologiste soviétique émigré en Grande-Bretagne.

M. Gorbatchev se sent-il coupable des conséquences de Tchernobyl ? Apparemment non. Il est vrai que, lui-même n’a été prévenu que le 27 Avril !! Mais il y aura eu sans doute une justice : "L'Ukraine et le Bélarus ont réalisé que Moscou était capable de réprimer mais n'avait pas de ressources pour les aider. Les élites locales ont alors commencé à s'interroger sur l'utilité d'un tel centre de pouvoir" déclare un politologue, suggérant que la catastrophe de Tchernobyl a accéléré le processus de décomposition de l’URSS et l’éviction du « bon » M. Gorbatchev.

Les choses ont-elles changé dans la Russie de M. Poutine ? Lorsque le sous-marin Koursk sombra le 12 Aout 2000 (118 morts), la Russie attendra le 16 Aout pour accepter l’aide britannique et norvégienne. Trop tard. On préfèrera sacrifier les sous-mariniers plutôt que de s’ « abaisser » à demander une aide étrangère.

La prise d’otages du théâtre Nord-Ost (23-26 Octobre 2002 – 117 otages tués) et celle de l’école de Beslan (1er-3 Septembre 2004 - 365 personnes, dont 189 enfants, trouvèrent la mort) montrèrent une nouvelle fois, outre la brutalité des forces de l’ordre russes, que le prix d’une vie humaine n’était pas très élevé pour le Kremlin.

Le président russe Dmitri Medvedev, remettant hier (25 Avril) des décorations à des "liquidateurs", ces hommes - au nombre d'au moins 600.000 au total - qui ont nettoyé le site de Tchernobyl avec des protections minimales, déclarait : "La principale leçon est la nécessité de dire la vérité aux gens, car le monde est tellement fragile, et nous sommes tellement interdépendants, que toute tentative de cacher la vérité, de ne pas tout dire (...) se termine en tragédie". Voilà une bonne résolution. Se traduira-t-elle en actes ?

lundi 25 avril 2011

Mes villes de l’Europe médiane (2) : Sarajevo

Je suis allé à Sarajevo à deux périodes différentes, à 30 ans d’intervalle :

# Dans les années 70, je n’ai fait que passer, a priori 3 fois, sur le chemin du retour de vacances plutôt balnéaires sur la côte Adriatique; l’ensemble constituait à l’époque la République Fédérale de Yougoslavie.

# Puis j’y ai résidé d’Octobre 2003 à Juin 2005, en tant que membre de la Mission de l'OSCE (Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe) en Bosnie-Herzégovine. Entre temps (1992), Sarajevo était devenue la capitale de la jeune République de Bosnie-Herzégovine (Republika Bosna i Hercegovina).
Armoiries de Sarajevo
Mais, entre les deux, étaient passés les jeux Olympiques d’hiver 1984 et surtout le siège (5 Avril 1992 – 29 Février 1996) de cette ville majoritairement bosniaque par les paramilitaires serbes, siège pendant lequel 11 000 personnes environ ont été tuées et 50 000 blessées.

Ce siège a laissé des traces. Quotidiennement, des fenêtres de mon bureau, situé au 17e étage d’une des tours UNIS, j’avais sous les yeux la carcasse du bâtiment du gouvernement (ci-dessous). Et autour de la villa où j’occupais un appartement dans le quartier de Kovačići (au-dessus du pont de Vrbanja), 50 % des maisons étaient détruites.

Les Slaves s’installèrent en Bosnie au VIIe siècle, mais Sarajevo fut officiellement créée en 1461, après que les Ottomans aient conquis la forteresse de Vrhbosna en 1429. De nombreux chrétiens catholiques se convertirent à l'islam, mais la ville accueillit également pour la première fois une importante communauté orthodoxe qui y édifia une église. En outre, au début du XVIe siècle, des Juifs séfarades fuyant l’Andalousie s’y installèrent. Sarajevo était alors une ville réellement multiculturelle. Le 28 Juin 1914, Sarajevo eut (déjà !) son « heure de gloire » lorsqu’un étudiant serbe, Gavrilo Princip, y assassina l’archiduc autrichien François-Ferdinand et son épouse, déclenchant ainsi la Première Guerre mondiale.

Sarajevo présente les influences architecturales de ses trois périodes historiques : le vieux centre ottoman, Baščaršija, construit pour l’essentiel au début du XVIe siècle mais bien rénové, avec notamment, outre de nombreuses mosquées, la place de Sebilj (ci-dessous), avec sa fontaine et ses pigeons ; le centre ville austro-hongrois, abritant notamment les bâtiments administratifs (Sarajevo, environ 420 000 habitants, est à la fois la capitale de la Bosnie-Herzégovine, de la Fédération de Bosnie-Herzégovine et du canton de Sarajevo, et est – en plus – divisée en 4 municipalités !) ; et les quartiers périphériques yougoslaves, semblables à leurs cousins soviétiques, portant souvent, en outre, des traces de combats.

Place et fontaine de Sebilj


La bibliothèque nationale, détruite pendant le siège

En moyenne, Sarajevo se trouve à 500 mètres au-dessus du niveau de la mer, mais est entourée de sommets culminant à plus de 2 000 mètres (monts Treskavica et Bjelašnica). Ce n’est pas pour rien qu’on y a organisé les Jeux Olympiques d’hiver en 1984. Ça a un inconvénient : il y a souvent de la neige en ville (comme sur l’ensemble des Alpes Dinariques) et, compte-tenu de la désorganisation des services, il est parfois arrivé que ma rue ne soit pas déneigée pendant une semaine ! En outre, l’aéroport a été construit dans le seul endroit de la Bosnie où on était sûr qu’il y ait du brouillard ! Je ne compte plus le nombre de fois où mes vols matinaux ont été annulés.

Car Sarajevo n’a rien de bien attrayant pour un séjour de bureaucrate de longue durée. Heureusement, je m’échappais une fois par mois pour aller visiter les postes dans un des quatre secteurs OSCE de Bosnie-Herzégovine, allant au devant des besoins logistiques de leurs membres. Et un niveau de vie supérieur à la moyenne permettait de s’échapper régulièrement, soit en voiture vers la côte adriatique, soit vers Budapest (j’en reparlerai dans un autre post).

A noter, sur le plan culinaire, deux anecdotes qui montrent que, si elle n’est pas visible pour un œil non exercé, la partition existe bel et bien dans les esprits. Il m’est arrivé plus d’une fois dans Sarajevo, de tomber dans des cafés ne servant pas de bière (et plus généralement pas d’alcool). Par contre, dès que vous vous trouvez dans la partie Republika Srpska, le plat du jour dans les restaurants est immanquablement à base de porc……. N’en déplaise au politiquement correct, mon impression après 20 mois d’immersion a été que la Bosnie-Herzégovine n’est pas un Etat.

Une anecdote pour terminer. La ville de Trebinje (à la pointe sud-ouest de la Bosnie, en arrière de Dubrovnik, ville de Croatie dont je reparlerai ultérieurement) s'appelle ainsi depuis que Napoléon 1er aurait déclaré après un bref passage, qu'elle est "très bien". A la vérité, je ne suis pas persuadé à 100 % que Napoléon soit allé jusque là. Ceci dit, j’ai le souvenir que Trebinje était une petite ville bien sympathique……





samedi 23 avril 2011

L’image du week-end : Margučiai

La décoration des oeufs de Pâques est une coutume très ancienne. En Lituanie, les archéologues ont trouvé des oeufs en os et en argile, datant du XIIIe siècle, au pied de la colline de Gediminas. Les oeufs de Pâques sont mentionnés dans la dédicace du Livre de Martynas Mažvydas «Hymnes de saint Ambroise» datant de 1549. Ils ont été particulièrement populaires au tournant du XXe siècle.

Les œufs de Pâques - margučiai – sont un type particulier d'art populaire lituanien. Ils sont décorés par gravure soit avec un outil pointu, soit par l'application de cire avec la pointe d’un bâton ou d’une épingle. La peinture des décorations en cire terminée, l'œuf était plongé dans un colorant noir, marron, rouge ou vert. Jusqu'au début du XXe siècle des matériaux naturels de teinture ont été utilisés, tels que pelures d'oignon, feuilles de bouleau et de chêne, foin, ou écorce d'aulne.

Même si le motif le plus fréquent était celui du soleil, les combinaisons étaient si variées qu’il était impossible de trouver deux œufs de Pâques identiques. Chaque village avait son meilleur décorateur.

Beaucoup de pays estimaient que les œufs décorés avaient un pouvoir magique. Aussi, lorsque les animaux étaient conduits aux pâturages pour la première fois du printemps, la femme du fermier plaçait un œuf dans le premier sillon labouré pour assurer une bonne récolte.

Aujourd’hui, les œufs de Pâques non seulement décorent la table de fête, mais s’offrent comme cadeaux, notamment aux enfants, et servent de support à des jeux.

vendredi 22 avril 2011

Les religions en Lituanie

En ce Vendredi Saint, un coup de projecteur sur les religions pratiquées (ou non) en Lituanie.

Suivant un sondage (le dernier disponible) de 2005 effectué par la Commission Européenne, les Lituaniens croyaient à 49 % qu’il y a un Dieu (à titre de comparaison, 95 % des Maltais étaient de cet avis, les Lettons 37 %, les Français 34 % et les Estoniens 33 %). En outre, 36 % des Lituaniens croyaient qu’il existait une force spirituelle supérieure.
(Référence : http://ec.europa.eu/public_opinion/archives/ebs/ebs_225_report_en.pdf)

Suivant le recensement de 2001, les Lituaniens se disaient :

# 79 % catholiques romains (ci-dessous, la cathédrale de Vilnius)
# 4,05 % orthodoxes
# 0,77 % vieux croyants (schismatiques de l’Eglise orthodoxe russe)
# 0,56 % de protestants luthériens
# 0,2 % de protestants calvinistes
# 0,1 % de témoins de Jéhovah
9,5 % se disaient sans religion.

La Lituanie a été le dernier Etat païen en Europe, n’ayant été officiellement baptisé qu’en 1387, condition nécessaire pour que le Grand-duc Jogaila puisse épouser la reine Jadwiga de Pologne (Edwige d’Anjou). N’ayant pas été occupée durablement par les Chevaliers Teutoniques, qui ont rejoint l’Eglise réformée lorsqu’ils se sont sécularisés au XVIe siècle, la Lituanie est restée catholique alors que ses voisines lettone et estonienne sont devenues luthériennes. L’Eglise catholique a par ailleurs joué un rôle primordial dans la résistance à l’occupant soviétique.

Parmi les religions dont les représentants sont en plus petit nombre, on soulignera :

# Les juifs qui, au XIXe siècle, représentaient jusqu’à 47 % de la population de Vilnius, et qui ont été majoritairement exterminés pendant la seconde guerre mondiale. Au recensement de 2001, 1 272 personnes se sont déclarées comme étant de confession juive ;

# Les musulmans (2 860 personnes) sont les héritiers des Tatares Lituaniens qui ont suivi, au XIVe siècle, le Grand-duc Vytautas. Il y eut un escadron de Tatars lituanien dans la Grande Armée de Napoléon en 1812. (Ci-dessous, une mosquée à Nemėžis)

# Les karaïtes, venus eux aussi avec le Grand-duc Vytautas, sont les membres d’un mouvement dissident juif. En Lituanie aujourd’hui, on les rencontre toujours majoritairement à Trakai où ils ont un lieu de prière, la kenesa (ci-dessous) mais aussi plusieurs restaurants servant les traditionnels kibinai.

# Enfin, Romuva est une organisation, officiellement reconnue depuis 1992, qui essaye de faire revivre la religion païenne polythéiste.

Les Lituaniens sont restés apparemment très pratiquant et, pour les grandes fêtes, des haut-parleurs sont couramment installés à l’extérieur des églises qui s’avèrent trop petites. Voilà qui doit réjouir le cardinal Audrys Juozas Backis, archevêque de Vilnius.


Le Cardinal Backis, en compagnie des Ambassadeurs de France et d'Espagne, à l'issue de l'enregistrement de l'émission "Le jour du Seigneur" le 9 Mai 2010 à Vilnius.



mercredi 20 avril 2011

Arturas Zuokas, « nouveau » Maire de Vilnius

Déjà Maire de 2000 à 2007, Arturas Zuokas (ci-dessous) a été de nouveau élu hier, 19 Avril 2011, par 26 voix sur 51 à la tête du conseil municipal de la capitale lituanienne, après les élections du 27 Février 2011. Le conservateur Raimondas Alekna, Maire sortant, a obtenu 16 voix et Jaroslav Kaminski, de l’Action électorale des Polonais de Lituanie, 9 voix.

Arturas Zuokas, né le 21 Février 1968 à Kaunas, était initialement journaliste. Il a notamment couvert la première guerre du Golfe comme correspondant de guerre. Le 15 Novembre 2000, à l’âge de 32 ans, à l’époque membre de l’Union Libérale de Lituanie (Lietuvos liberalų sąjunga), il devint le plus jeune Maire de Vilnius à la faveur du choix de son prédécesseur, Rolandas Paksas, comme Premier Ministre.

A l’époque, je venais déjà régulièrement à Vilnius, et il est indéniable qu’Arturas Zuokas lui a fait faire un bond dans le XXIe siècle. Au nombre des réalisations urbanistiques de cette époque, on notera le pont Mindaugas (2003), la reconstruction de l’avenue Gediminas, la construction du centre Europa, avec notamment le nouvel immeuble de la Municipalité, etc.… On notera également le lancement du portail www.vilnius.lt dès le printemps 2001, le premier de ce genre en Lituanie, sans compter de nombreuses initiatives visant à faire de Vilnius une ville réellement touristique. Un projet de tramway était également très avancé, mais l’élection de Juozas Imbrasas, partisan, lui, d’un métro dix fois plus cher, élu le 16 Avril 2007, avait mis de facto fin au projet.

Arturas Zuokas a eu, certes, quelques soucis avec la justice, accusé qu’il fût de corruption, mais il est resté très populaire. Après la valse de trois Maires entre 2007 et 2011 (voir notamment http://gillesenlettonie.blogspot.com/2010/12/un-nouveau-maire-pour-vilnius.html) et le relatif échec de « Vilnius, capitale européenne de la culture » en 2009, ce serait une bonne chose qu’un vent de dynamisme souffle de nouveau sur la capitale de la Lituanie.


dimanche 17 avril 2011

Mes villes de l’Europe médiane (1) : Kyïv


Kyïv (Київ) est le nom en ukrainien, seule langue officielle de l’Ukraine, de la capitale de l’Ukraine. Kiev (Киев), c’est la dénomination en russe, ce qui n’est donc pas obligatoirement apprécié partout…… Selon la légende, Kyïv fut fondée par trois frères, Kyï, Chtchek et Khoryv, ainsi que par leur sœur Lybid, la ville prenant le nom du frère ainé.

Je suis allé passer un long week-end à Kyïv en Avril 2008, accompagné d’un ami letton russophone. La vieille ville d’origine a été construite sur les collines à l’ouest du fleuve Dnipro (Днiпро – en russe Dnepr – en français Dniepr). La ville compte aujourd’hui au moins 3 millions d’habitants et m’a laissé une impression partagée. Partagée, car, s’il y a incontestablement de très grande richesses historiques, notamment religieuses, c’est par ailleurs une cité tentaculaire, dont les services n’arrivent manifestement pas à suivre.

Sur le plan architectural religieux, je mettrai en exergue (d’une façon totalement subjective):

# La laure des grottes de Kyiv (Києво-Печерська лавра – Petcherska lavra) est un important monastère orthodoxe qui couvre 28 hectares et rassemble 120 édifices. Le premier monastère, troglodytique, a été construit en 1051 par le moine Antoniy de retour du Mont Athos. Des ascètes creusèrent de petites grottes dans lesquelles ils vivaient et priaient, et l’on peut aujourd’hui visiter, à la lueur d’un cierge, ce réseau de grottes où sont conservées leurs dépouilles restées imputrescibles. Il vaut mieux ne pas être claustrophobe pour effectuer ce parcours souterrain.

# La cathédrale Sainte-Sophie (Собор Святої Софії), construite initialement de 1037 à 1057, a été la nécropole des premiers souverains de la Rus’ de Kyiv. Sa dernière reconstruction, en style baroque, date du XVIIIe siècle (par l’architecte italien Octaviano Mancini). A l’intérieur, 260 m2 de mosaïques et 3 000 m2 de fresques du XIe siècle ont été sauvegardées. Parmi elles, la mosaïque de la Vierge orante (= qui prie), 6 mètres de haut, domine l’iconostase dénommée « Mur indestructible » car elle a résisté aux multiples pillages et destructions (ci-dessous). Les Kyïviens croient que, grâce à la Vierge Orante, la ville est hors de danger. Dans cette cathédrale reposent les grands princes de Kyïv, et notamment Iaroslav le sage, grand bâtisseur et législateur qui, au XIe siècle, mit sein à la guerre civile au sein de la Rus’ de Kyïv.

La cathédrale Sainte-Sophie et la Petcherska lavra sont inscrites au patrimoine mondial de l’UNESCO.

# L’église Saint-André, construite de 1747 à 1753 par l’inévitable architecte italien Bartolomeo Rastrelli, celui du Palais d’hiver de Saint-Pétersbourg et des châteaux de Rundale et Mitau/Jelgava en Lettonie. Suivant la tradition, l’apôtre Saint-André, prêchant sur les bords du Dnipro, planta une croix à cet emplacement en déclarant : « Le paradis divin viendra dans ces montagnes, une grande ville y sera construite, et Dieu y créera de nombreuses églises ».

De l’architecture civile, je retiendrai :

# Les Portes d’Or est une reconstruction, effectuée en 1983, d’une des portes du rempart qui, au XIe siècle, enserrait l’ancien Kyiv sur 3,5 km. C’est un monument certes impressionnant, mais qui fait un peu trop neuf à mes yeux.

# Le Monument aux victimes de l’Holodomor (extermination par la faim) de 1932 – 1933.

# Le boulevard Krèchtchatyk, centre d’affaires et administratif de la ville, piétonnisé le week-end, et la place de l’Indépendance (Maïdan Nezalèznosty – photo en bas de page), épicentre de la révolution orange.

A côté de ces magnifiques souvenirs historiques, la perfectibilité des services est un inconvénient mineur. On notera toutefois que le stationnement des voitures est anarchique, et que les embouteillages sont une réalité omniprésente. Mais surtout, j’ai été choqué par la saleté, notamment des (nombreux) parcs de la ville.

Deux anecdotes pour terminer.

La première a été un contrôle des billets dans un bus (bondé) vers 11H du soir. Le contrôleur devant être – au moins – du gabarit de David Douillet, autant dire qu’une éventuelle contestation n’aurait pas été la bienvenue.

Enfin, le premier soir, à l’arrêt de bus en face de notre hôtel, mon camarade letton, demandait (en russe) quel bus allait à la station de métro la plus proche, mais personne ne savait. En fait, il s’est avéré que tous les bus allaient au métro et que tous les gens allaient prendre le dit-métro. Mais sans doute ne voulaient-ils pas ce soir-là comprendre le russe……

En tout état de cause, nul doute que j’aimerais retourner à Kyïv.

L’image du week-end : Lituanie

Le Président lituanien, Dalia Grybauskaitė, participant hier samedi 16 Avril, sur les bords de la Neris, à l’opération annuelle de nettoyage « Darom 2011 » (Photos http://www.15min.lt/)


 

jeudi 14 avril 2011

Bientôt : Mes villes de l’Europe médiane

J’inaugurerai très prochainement une nouvelle série de posts qui reviendront épisodiquement : « Mes villes de l’Europe médiane ». Europe médiane est à prendre ici au sens large par rapport à la définition académique, puisque la mienne ira de Saint-Pétersbourg à Istanbul. Mais aucun autre terme ne s’adapte mieux (tout au moins à l’aune de mes connaissances) à cet espace entre l’Europe occidentale et la Russie.

Il ne s’agit pas d’un guide touristique, encore que les informations formelles ne seront pas exclues, mais de souvenirs de ce qui m’a frappé dans ces villes visitées, voire où j’ai séjourné, il y a plus ou moins longtemps.

Dans les villes à venir prochainement, vous parcourerez bientôt …… je vous laisse deviner ! (NB: il n'y a rien à gagner, sinon mon estime.....)

Bélarus : retour sur l’explosion du métro de Minsk


Le 11 Avril, à 17H56 locale, une explosion a eu lieu dans la station de métro Kastrychnitskaya (Oktyabrskaya) du métro de Minsk, capitale du Bélarus. Suivant les déclarations officielles, l’explosion a fait à ce jour 12 morts et plus de 200 blessés, dont 22 seraient dans un état critique.

Avant de se poser quelque question que ce soit, nos pensées doivent tout d’abord aller aux victimes.

L’explosion a immédiatement été qualifiée d’attentat. Une charge de 5 à 7 kg de TNT, avec des clous et des billes, placée dans un sac abandonné sous un banc sur le quai, aurait été actionnée à distance. Il y a deux lignes de métro à Minsk et une seule station de correspondance, celle où a eu lieu l’explosion, à l’heure de pointe du soir. Très rapidement, le KGB (nom gardé par les services de renseignements bélarusses) affirmait que « l’auteur de l’attentat est un jeune homme, au faciès non-slave ».

Moins de deux jours plus tard, hier 13 Avril après-midi, le Président Alyaksandr Lukashenka lui-même annonçait à la télévision que deux suspects (correspondant aux portraits robots ci-dessus ?), un tourneur et un électricien, citoyens bélarusses originaires de province, étaient passés aux aveux le matin même. En prime, ils auraient avoué être les auteurs des attentats de la fête de l’Indépendance de Juillet 2008 à Minsk (50 blessés) et dans une discothèque de Vitebsk en Septembre 2005 (48 blessés). Selon certaines sources, il y aurait un troisième suspect. Dans son allocution, Lukashenka s’en est pris aux figures de l’opposition, qu’il a soupçonnées d‘être de mèche avec les commanditaires de l’attentat. Il a aussi accusé l’Europe de ne pas se soucier de la “tragédie”.

Trop beau pour être vrai ? A qui profite le crime ?

Certes, ce type d’attentat pourrait rappeler la méthode utilisée par les islamistes, y compris nord caucasiens. Mais on ne voit pas en quoi le Bélarus serait impliqué, n’étant même pas, en outre, présent sur les théâtres d’opération irakien ou afghan.

Les responsables seraient-ils à chercher dans l’opposition intérieure bélarusse alors, comme l’a déjà laissé entendre Lukashenka dans un réflexe pavlovien ? Mais, outre qu’elle est dans un piètre état, ses leaders étant en prison ou assignés à résidence, après les manifestations qui ont suivi le scrutin présidentiel contesté du 19 Décembre 2010, on ne voit pas quel serait son intérêt puisque, en tout état de cause, l’attentat va fournir au pouvoir un prétexte pour serrer la vis encore plus fort.

Le pouvoir lui-même ? Certes ce serait assez cynique, mais c’est une méthode déjà vraisemblablement employée dans la Russie voisine. A court terme, cet attentat a effectivement l’intérêt de détourner l’attention des problèmes économiques grandissants, sur fond de dévaluation du rouble bélarusse. Mais, outre que ça ne va pas remplir les étalages, ça a l’inconvénient d’entacher sérieusement l’image du dit-pouvoir, qui aime se vanter et présenter la Biélorussie comme un îlot de stabilité.

Toutefois, la blogosphère bélarusse est quasiment unanime pour estimer que le grand bénéficiaire de l’attentat sera Lukashenka, car il va certainement en profiter pour sévir un peu plus contre l’opposition (comme ce fut le cas après les précédentes explosions de 2005 et 2008. Il a d’ailleurs déjà ordonné de faire interroger ses opposants politiques) et pour justifier des mesures d’austérité. Ce peut être également l’occasion pour Lukashenka de réorganiser, sur fond de lutte d’influence, son entourage et notamment les structures de force. Il a en outre proclamé que cet attentat était « un cadeau de l’étranger », syndrome du pays attaqué de toutes parts bien connu en Russie, justifiant par avance des restrictions de liberté potentielles.

Saura-t-on jamais la vérité ?