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lundi 31 décembre 2012

Présidence du Conseil de l’Union Européenne en 2013



Que ceux qui n’ont jamais hésité entre la Présidence du Conseil de l’Union Européenne et la Présidence du Conseil européen, lèvent le doigt ! Sans parler, en plus, de la Présidence du Conseil de l’Europe et de la Présidence de la Commission Européenne…… Si l’objectif était de nous embrouiller, cet objectif est superbement atteint !

Pour essayer de faire simple :

Ø  Le Président du Conseil Européen, « permanent », c’est, depuis le 1er Janvier 2010, le Belge néerlandophone Herman van Rompuy choisi par les Chefs d’Etat de l’UE 27 pour 2 ans et demi, renouvelés au 1er Mars 2012.

Ø  La Présidence du Conseil de l’Union Européenne est, elle, tournante et est exercée pendant 6 mois par le gouvernement de l’Etat membre de l’UE désigné. Nous allons y revenir.

Ø  Le Président de la Commission Européenne, est nommé par le Conseil Européen pour 5 ans. Ce choix doit être ratifié par le Parlement Européen. C’est actuellement le Portugais José Manuel Durão Barroso, qui a pris ses fonctions le 22 Novembre 2004, nommé pour un second mandat en Juin 2009.

Ø  Le Conseil de l’Europe, dont le siège est à Strasbourg, n’a rien à voir avec l’Union Européenne  puisqu’il regroupe 47 Etats  européens (l’Union Européenne ne regroupe que 27 Etats). Il a un Secrétaire Général (actuellement le Norvégien Thorbjǿrn Jagland) et une Présidence tournante de 6 mois, actuellement assurée, depuis Novembre 2012, par Andorre.

Le Conseil de l’Union Européenne, ou Conseil des Ministres, s’est doté d’une Présidence tournante depuis 1958. La rotation s'effectue tous les six mois jusqu'en 1993, dans l'ordre alphabétique du nom de chaque État membre dans sa langue officielle. On avait ainsi dans l’ordre Belgique, Deutschland, France, Italia, Luxembourg, Nederland, c’était simple, il n’y avait que 6 Etats membres.  

Le Traité de Lisbonne (13 Décembre 2007), qui a institué le Président du Conseil Européen (voir ci-dessus), a également instauré le principe de troïka (sic) : «  La présidence du Conseil, à l'exception de la formation des affaires étrangères, est assurée par des groupes prédéterminés de trois États membres pour une période de 18 mois. {…} Chaque membre du groupe assure à tour de rôle, pour une période de six mois, la présidence de toutes les formations du Conseil, à l'exception de la formation des affaires étrangères. Les autres membres du groupe assistent la présidence dans toutes ses responsabilités, sur la base d'un programme commun. »

En 2013, la Présidence tournante sera constituée de l’Irlande (Janvier – Juin), de la Lituanie (Juillet – Décembre) et de la Grèce (Janvier – Juin 2014).

Le logo de la Présidence lituanienne

La Présidence lituanienne a ouvert un site internet (http://www.eu2013.lt/en), pour l’instant uniquement en Lituanien et en Anglais. A noter que, sur ce site, on remarque que la Présidence lituanienne cherche 90 Officiers de liaison parlant couramment lituanien et au moins une des langues de l’UE, dont le recrutement commencera en Janvier 2013 (http://www.eu2013.lt/en/darbuotoju-atrankos-en/tests).  




dimanche 30 décembre 2012

30 Décembre 1812 : A la Convention de Tauragė, la Prusse change de camp

Le Maréchal Macdonald


Lorsque Napoléon 1er et la Grande Armée pénètrent en Russie dans la nuit du 23 au 24 Juin 1812, franchissant le Niémen à hauteur de Kaunas, le Xe Corps d’Armée du Maréchal Etienne Macdonald a pour objectif de s’emparer de Riga, en attendant de poursuivre éventuellement vers Saint-Pétersbourg.

D’un effectif officiel de 51 507 hommes et 6 386 chevaux, ce Corps d’Armée est composé de la 7ème Division, formée majoritairement d’unités polonaises et de la Confédération du Rhin, aux ordres du Général baron Charles-Louis Grandjean, et de la 27e Division d’Infanterie prussienne, initialement aux ordres du Général Julius von Grawert. C’est que, déjà humilié par les conditions du traité de Tilsit (Juillet 1807), le Roi Frédéric-Guillaume III de Prusse a été contraint de signer, le 5 Mars 1812, un traité faisant de facto de son pays un vassal de l’Empire napoléonien.  

L'église Saint-Pierre à Riga


L’action du Xe Corps se limitera à mettre le siège à Riga et à répondre à quelques escarmouches qui n’ont jamais été de réelles batailles. Pour l’anecdote, un guetteur perché dans le clocher de l’église Saint-Pierre à Riga donna l’alarme, croyant que les « Français » arrivaient. Le gouverneur, le Général  Johann Magnus Gustav von Essen, donna alors l’ordre de mettre le feu aux faubourgs au sud de la Daugava. Mais il ne s’agissait que de la poussière soulevée par un troupeau de vaches……  

Tenu au courant des déboires de la Grande Armée lors du retour de Moscou, Macdonald offrit en vain ses services, et ses troupes, bien nourries et habillées chaudement, restèrent quasiment inactives. On faillit même l’oublier face à Riga, car ce n’est qu’en quittant Vilnius (le 10 Décembre) que Murat, qui avait reçu le commandement de Napoléon le 5 Décembre, pensa à lui donner l’ordre de se replier sur Tilsit. L’ordre parviendra à Macdonald le 18 Décembre et les colonnes s’ébranleront le 19.

Le Générak Yorck

Macdonald atteint Tilsit le 29 Décembre et s’y établit. Il y attend l’arrière-garde du Lieutenant-Général comte Ludwig Yorck von Wartenburg (qui avait remplacé le Général Grawert au début de la campagne), qui est censé se déplacer à un jour d’intervalle avec ses 17 000 Prussiens. Au bout de quatre jours, il doit se rentre à l’évidence : Yorck n’arrivera jamais car il a trahi ! Le Général prussien a en effet signé avec le Général « russe » Hans Karl von Diebitsch, le 30 Décembre, au moulin de Požerūnu, près de Tauragė, la Convention de Tauragė, par laquelle il déclare sa neutralité. Ce qui ne l’empêchera pas d’occuper Königsberg (Kaliningrad) le 8 Janvier 1813, après que les Français l’aient évacuée le 4.

Le Général Diebitsch 

Cette décision du Général Yorck a été prise a priori sans l’accord du Roi Frédéric-Guillaume III. Celui-ci en effet, en dépit de l’accueil enthousiaste que la décision avait reçu de la part de la population prussienne, estima qu’il était trop tôt pour jeter le masque. Il suspendit Yorck de son commandement, en attendant qu’il passe en cour martiale. Mais le Général Yorck resta avec ses troupes car le Général Diebitsch refuse de le laisser passer ses lignes.

Le Général Yorck fut de facto absout le 28 Février 1813 par le Traité de Kalisz, entre la Russie et la Prusse, par lequel cette dernière rejoignait le camp des Alliés contre Napoléon 1er.  Le 17 Mars 1813, Yorck faisait une entrée triomphale à Berlin et, le même jour, le Roi déclarait la guerre à la France. Ses unités dissidentes furent le noyau de la nouvelle armée prussienne.

Monument commémoratif à Tauragė

La Convention de Tauragė fut donc un tournant décisif, non seulement dans la chute de l’empire  napoléonien, mais aussi pour le devenir de la Prusse.

Pour plus de détails sur la Campagne de Russie en général, mais aussi sur cet épisode en particulier, on pourra lire « La campagne de Russie en 1812 » de Carl von Clausewitz, Officier prussien, mais surtout théoricien militaire, passé au service de la Russie et qui fera la liaison entre Yorck et Diebitsch en amont de la Convention de Tauragė.    

Carl von Clausewitz

samedi 29 décembre 2012

29 Décembre 1341 : mort du Grand-duc Gediminas



Gediminas est né vers 1275 et devient Grand-duc de Lituanie après le décès de son frère Vytenis en 1316 (donc à 40 ans passés). Il dirigera le Grand-duché de Lituanie pendant 25 ans. Son titre exact était Gedeminne Dei gratia Letwinorum et multorum Ruthenorum rex, soit « Gediminas, par la grâce de Dieu, Roi des Lituaniens et de nombreux Ruthènes ». 
  
Outre une gloire de chef militaire, contre principalement les Chevaliers teutoniques, sa réputation est surtout celle d’un diplomate ayant attiré l’attention de l’Europe sur la Lituanie. C’est dans les lettres que Gediminas a adressées au Pape Jean XXII (fin 1322) et aux Etats d’Europe occidentale que le nom de Vilnius est mentionné pour la première fois. L’année 1323 est, de ce fait, considérée comme la date officielle de la fondation de Vilnius. Dans ses lettres, alors qu’il était toujours païen, il informait le Pape des privilèges déjà attribués aux Dominicains et aux Franciscains, et il demandait que des légats lui soient envoyés afin qu’il soit baptisé.

La statue de Gediminas à Vilnius. Il tient son épée par la lame, en signe de paix.

  
Ayant reçu une réponse favorable du Pape, Gediminas envoya alors des lettres, datées du 25 Janvier 1325, aux principales villes de la Hanse pour offrir le libre accès de ses domaines aux hommes de tous ordres et de toutes professions pour travailler la terre. Les prêtres et les moines étaient également invités à venir et à construire des églises.

Néanmoins, Gediminas repoussa les frontières et l’influence du Grand-duché de Lituanie loin à l’est et au sud, annexant Vitebsk et la Volhynie, ainsi que des terres slaves de la Rus’. Une armée lituanienne s’approcha même de Berlin. A l’époque de Gediminas, le territoire de l’Etat lituanien doubla de surface. 

La progression du territoire du Grand-duché de Lituanie entre le 13e et le 15e siècle

Il s’attache à Gediminas la légende de la création de Vilnius. Alors qu’il était en train de chasser, venant de sa capitale Trakai, Gediminas se reposa sur une colline au confluent des rivières Néris et Vilnija. Là, il rêva d’un loup de fer qui hurlait comme une centaine de loups. Demandant à Lizdeika, son grand prêtre païen d’interpréter ce rêve, celui-ci répondit : « Ce que les dieux ont décidé pour le souverain et pour l'État lituanien, peut arriver : le loup de fer se trouve sur une colline sur laquelle seront érigées une forteresse et une ville - la capitale de la Lituanie et la résidence des souverains. La forteresse cependant doit être forte comme le fer, alors sa renommée aura le plus large écho à travers le monde. »   

A la vérité, d’après des fouilles archéologiques, des hommes étaient déjà installés en ce lieu stratégique depuis au moins le XIe siècle.

Gediminas mourut le 29 Décembre 1341, probablement lors d’un coup d’Etat, et son corps brûlé suivant la tradition totalement païenne. Il laissait 7 fils et 6 filles. Le pouvoir revint initialement à Jaunutis, mais qui fut déposé par ses frères Kęstutis et Algirdas.

Gediminas fait partie, avec Mindaugas et Vytautas (fils de Kęstutis), des plus grands dirigeants lituaniens de tous les temps. Il donna naissance à la dynastie des Gediminides (en Lituanien : Gediminaičiai), dont sont issus, entre autres, les Jagellons et les Czartoryski  polonais et les princes russes Galitzine et Trubetskoy. Il se dit même que la Reine Elisabeth II d’Angleterre est descendante de Gediminas !......    


Les armoiries de Gediminas dites "colonnes de Gediminas" 

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jeudi 27 décembre 2012

Popularité des personnalités russes



En ce mois de Décembre 2012, le centre d’opinion publique russe VTsIOM a effectué un sondage de 1 600 adultes dans 138 villes de la Fédération de Russie pour savoir quels étaient les Russes les plus populaires.

Vladimir Poutine

Sans surprise, c’est le Président Vladimir Poutine qui demeure en tête, avec 64 %, augmentant même sa popularité de 2011 de 6 %.  

Dmitry Medvedev, avec Alla Pougatcheva

Il est suivi de son Premier Ministre Dmitry Medvedev qui ne reçoit que 41 %.

Sergeï Choïgou

Le troisième est un peu plus surprenant puisqu’il s’agit du nouveau Ministre de la défense, Sergeï Choïgou, qui reçoit 30 % alors qu’il n’avait que 2 % en 2011. Mais il a sans doute bénéficié de la « prime d’actualité » dans la mesure où il avait été nommé le 6 Novembre 2012 en remplacement d’Anatoli Serdioukov, limogé.

Mikhaïl Prokhorov


Suivent la chanteuse Alla Pougatcheva (18 %), l’oligarque Mikhaïl Prokhorov (16 %), dont le positionnement à l’occasion des élections présidentielles de 2012 a été tout sauf clair, le leader du Parti Libéral Démocrate Vladimir Jirinovski (15 %), qui est tout sauf libéral et démocrate, et le leader du Parti Communiste Guennadi Ziouganov (11 %).

Vladimir Jirinovski


En France, un sondage comparable, effectué par l’institut BVA et publié le 18 décembre par «Le Parisien», classait en tête Jean-Jacques Goldman devant Mme Simone Veil, Jean Dujardin, Omar Sy et Florence Foresti ……

Guennadi Ziouganov 

mercredi 26 décembre 2012

La Lituanie dans l’Europe des Anjou

Blason de Louis 1er, dit le Grand, Roi de Hongrie, de Croatie et de Pologne


Le Royaume de Naples, la Hongrie, la Croatie, la Pologne – Lituanie et bien sûr le Val de Loire. Charles 1er comte d’Anjou, frère du Roi de France Louis IX (Saint Louis), est à l’origine d’une « Europe des Anjou » qui, jusqu’en 1480, rassemblera la plus grande partie de l’Europe centrale dans une histoire commune.

L’Anjou, centre de l’empire Plantagenêt au XIIe siècle, est conquis par le Roi de France Philippe II, dit Philippe Auguste (1180 – 1223), après la bataille de Bouvines (27 Juillet 1214), possession confirmée par le Traité de Paris du 4 Décembre 1258 entre le Roi de France Louis IX et le Roi d’Angleterre Henri III Plantagenêt. Le comté d’Anjou est donné en apanage au dernier frère du Roi Louis IX, Charles (1227 – 1285), lequel va connaître un destin exceptionnel qui le placera au premier rang des souverains occidentaux de la deuxième moitié du XIIIe siècle. 
  

A l’instigation de Saint Louis et du Pape Urbain IV, Charles d’Anjou se lance en 1264 à la conquête du Royaume de Sicile (qui couvrait en fait l’île de Sicile et le sud de la botte italienne, cf. ci-dessus), alors possession de l’empereur Frédéric II de Hohenstaufen, dont les Etats enserraient dangereusement ceux du Saint-Siège. En 1266, il conquiert la Sicile des Hohenstaufen et en devient Roi sous le nom de Charles 1er. Mais il s’aliène la population sicilienne, qui se révolte lors des « Vêpres siciliennes » (31 Mars 1282).

Charles 1er d'Anjou (à gauche) et son épouse, Béatrice de Provence

En dépit de la perte de l’île de Sicile, Charles 1er, par une politique matrimoniale habile, sera le point de départ de l’expansion des Anjou sur l’Europe centrale.

Son fils Charles II (1254 – 1309) épousera Marie de Hongrie, sœur et héritière de Ladislas IV Árpád le Couman, Roi de Hongrie.  Lorsque celui-ci est assassiné le 10 Juillet 1290, sans héritier direct, la Hongrie se fractionne et le Pape déclare le pays « fief pontifical » vacant et donne le trône magyar au fils de Charles II et Marie, Charles Martel d’Anjou (1271 – 1295), encore enfant. Charles Martel ne se rendit jamais en Hongrie et mourut à l’âge de 24 ans en transmettant ses droits à son fils Charles-Robert ou Carobert (1288 – 1342).

Après des débuts difficiles (il y avait d’autres prétendants), Charles-Robert sera reconnu Roi de Hongrie en 1310 mais son royaume ne sera unifié qu’en 1323. Ses campagnes militaires lui permirent de contrôler les Etats frontaliers de la Hongrie : la Dalmatie, la Croatie et la Dalmatie. De son quatrième mariage avec la princesse Elisabeth Piast (1305 – 1380), Charles-Robert aura enfin un fils, Louis 1er dit Louis le Grand (1326 – 1382), qui lui succédera en 1342 comme Roi de Hongrie et Roi de Croatie puis, en 1370, à la mort de son oncle Casimir III (Kaziemierz III Wielki), Roi de Pologne.  

Louis 1er le Grand, Roi de Hongrie, de Croatie et de Pologne

La suite est sans doute mieux connue de ceux qui s’intéressent à l’histoire de la Lituanie.

A sa mort en 1382, Louis 1er ne laisse comme seule descendance que deux filles survivantes : Marie, qui reçoit la Hongrie et la Croatie, et la cadette, Hedwige (1372 – 1399). Hedwige est couronnée Roi de Pologne (« Hedvig Rex Poloniae » - et non pas « Regina », qui ne désignait que la femme d’un Roi) le 15 Octobre 1384. La diète lui fait rompre ses fiançailles avec le jeune prince autrichien Guillaume de Habsbourg, afin d’épouser le 18 Février 1386, à l’âge de 14 ans, le Grand-duc de Lituanie Jogaila, lequel, pour ce faire, s’était converti au christianisme 3 jours auparavant, conformément à l’Union de Kreva.  

Statue d'Hedwige d'Anjou et de Jogaila à Cracovie

C’est ainsi que la dynastie française des Anjou est à l’origine de la conversion de la Lituanie, dernier Etat païen en Europe. 

(voir aussi : http://gillesenlettonie.blogspot.fr/2011/08/14-aout-1385-signature-de-lacte-de.html) 

mardi 25 décembre 2012

Joyeux Noël chrétien



"C'est qu'aujourd'hui, dans la ville de David, il vous est né un Sauveur, qui est le Christ, le Seigneur." (Luc, 2, 11)

Qu’on le veuille ou non, Noël est une fête chrétienne célébrant la Nativité de Jésus-Christ, dont la date, 25 Décembre, a été choisie au IVe siècle. Et, qu’on le veuille ou non, la France a des racines chrétiennes, c’est un fait historique.

Avec l’apparition du sapin de Noël au XVIe siècle (à Riga, bien sûr) et celle du Père Noël au XIXe siècle (aux Etats-Unis), la célébration a pris progressivement un caractère profane et commercial. Allant même jusqu’à la disparition du mot « Noël » du vocabulaire des bien pensants, certains, aux connaissances historiques manifestement incomplètes, voulant même supprimer les sapins de Noël du paysage !

Sur le plan religieux, la fête de Noël exprime un aspect fondamental de la foi chrétienne : la venue du fils de Dieu sur terre pour le bonheur des hommes. « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre ! » : voilà ce que chantaient les anges à la naissance du Christ. L’annonce de la naissance du Messie est un message de paix. Puisse ce message de paix être entendu.

Joyeux Noël chrétien à tous !








lundi 24 décembre 2012

Adam Mickiewicz, né le 24 Décembre 1798



Adam Bernard Mickiewicz de Poraj (ci-dessus en 1828), est né le 24 Décembre 1798 à Navahroudak (en biélorusse : Навагрудак) ou Novogroudok (en russe : Новогрудок) ou en polonais : Nowogródek ou encore en lituanien : Naugardukas. La multiplicité des noms de son lieu de naissance en montre déjà toute l’ambiguïté. Mais c’est indubitablement en Lithuania propria, ce qui était depuis le XIIIe siècle le Grand-duché de Lituanie.

En 1798, Navahroudak est un siège de district de l’Empire russe. Mais, jusqu’à la troisième partition de la Pologne-Lituanie de 1795 (soit trois ans avant la naissance d’Adam Mickiewicz), c’était une ville de la partie biélorusse du Grand-duché de Lituanie. Elle avait d’ailleurs été le lieu du couronnement du Roi Mindaugas, seul Roi couronné de Lituanie, le 6 Juillet 1253. Mickiewicz fit ses études à Vilnius, fut enseignant à Kaunas et fut mis en prison en 1823 au couvent des Basiliens à Vilnius, en tant que membre de la société des Philomates. On ne fait pas plus Lituanien. Surtout si on considère le début de Pan Tadeusz (écrit en 1834 à Paris) :
« Ô ma Lituanie ! Ainsi que la santé,
Seul qui te perd connaît ton prix et ta beauté.
Je vois et vais décrire aujourd’hui tous tes charmes,
Ma patrie ! et chanter mes regrets et mes larmes. »

On pourrait également citer Konrad Wallenrod, écrit en 1828, qui décrit la lutte des Lituaniens contre les Chevaliers Teutoniques.



Ceci posé, il était surtout un citoyen de la République des Deux-Nations, dépecée au cours des trois partages de 1772, 1793 et 1795, en lutte pour recouvrer sa liberté face à la Russie.

La famille d’Adam Mickiewicz était de petite noblesse (la szlachta) et, comme toute la noblesse, elle s’était polonisée après l’Union de Lublin (1569), la Pologne apparaissant plus raffinée et moins rustre que la Lituanie. En outre, les Bélarusses sont en droit de se réclamer de l’héritage de Mickiewicz, outre son lieu de naissance, tant le folklore bélarusse, avec les thèmes historiques lituaniens, a exercé une grande influence sur son œuvre. Il a d’ailleurs son buste à Brest (-Litovsk).

Mickiewicz fut obligé de quitter la Lituanie en 1823, s’en va à Saint-Pétersbourg, Odessa et Moscou, puis quitte la Russie en 1829 pour l’Allemagne, la Suisse, l’Italie et enfin la France, où il arrive à Paris en 1832. Il occupe la première chaire de littérature slave au Collège de France de 1840 à 1844. En 1849, il fonde même un journal en français, « La Tribune des Peuples ».

Pas uniquement poète, avec son implication dans la lutte contre l’occupation russe de la Lituanie, il participe en 1848 à la création d’une Légion Polonaise et part en 1855 à Constantinople pour organiser leur intervention contre les Russes dans la guerre de Crimée. C’est là qu’il meurt, vraisemblablement du choléra, le 26 Novembre 1855. Initialement enterré dans une crypte sous son appartement à Constantinople (Istanbul), puis transféré à Montmorency, il fut ré enterré le 4 Juillet 1890 au Wawel à Cracovie, dans la crypte des bardes.

Tombe provisoire de Mickiewicz à Istamboul 

Difficile donc de « classer » Mickiewicz. En fait, dans son œuvre, il prône souvent les avantages du pluralisme culturel, de la coexistence des différentes religions, des groupes ethniques et des cultures. Il attend une unification future des peuples, et, en tant qu’Européen, il refuse de respecter les frontières, « ces lignes tracées par les doigts des rois pour séparer les nôtres des étrangers et en faire des ennemis naturels », considérant que la liberté est au-dessus des appartenances nationales.

Alors Mickiewicz, un des premiers Européens au sens actuel du terme ?


Le Feld-maréchal Michael Bogdanovitch, Prince Barclay de Tolly, né le 24 Décembre 1761

Le Prince Michel Barclay de Tolly (devant Montmartre ?) , peinture de George Dawe

(NB : toutes les dates du présent post sont données suivant le calendrier grégorien, c’est-à-dire actuel). 


En cette année 2012, on a beaucoup parlé de la Campagne de Russie de 1812. A mes yeux (mais heureusement pas qu’aux miens), le vrai vainqueur de Napoléon pendant cette campagne ce n’est pas le « général hiver », c’est encore moins (en dépit de l’hagiographie officielle russe) le Maréchal Koutouzov, mais le Maréchal Michel Barclay de Tolly (1761 – 1818).

Les origines de la famille Barclay remonteraient au XIe siècle en Ecosse. C’est Johann Stephan Barclay qui s’installe à Riga en 1664 (alors en Livonie suédoise), est admis au barreau de Riga et signe alors Johann Barclay de Tolli. Michel, quatrième génération des Barclay en Livonie, est né le 24 Décembre 1761 au domaine de Pamušis, aujourd’hui en Lituanie, mais son père, admis dans la noblesse russe, ayant des problèmes financiers, il est envoyé dès l’âge de 3 ans chez une tante maternelle à St Petersbourg. 

Comme il était d’usage dans la noblesse, il est inscrit à 6 ans dans un régiment de Cuirassiers. Il rejoint de facto le service actif à l’âge de 15 ans, au régiment de Fusiliers de Pskov, et, à 17 ans (1778), il est promu cornette (officier le moins gradé de chaque escadron dans la cavalerie).    

Par la suite il s’illustrera contre les Turcs (notamment à la bataille d’Ochakov – 17 Décembre 1788), puis en Finlande du nord (1790) et prendra part aux campagnes de 1792 et 1794 contre l’insurrection de Tadeusz Kościuszko. Il reçoit même l’Ordre de St-Georges 4eclasse pour une action décisive lors de la prise de Vilnius.

Le 25 Mars 1799, Michel Barclay de Tolly est nommé Major-Général. Il est le 2 Décembre 1805 à Austerlitz où le Tsar Alexandre 1er accuse Koutouzov de couardise et de « passion pour la retraite ». Barclay, par contre, s’illustre à la bataille de Pultusk (26 Décembre 1806) et à celle d’Eylau (7-8 Février 1807), où Napoléon demande le nom de ce général « qui barre sa route avec tant de courage et une telle parfaite compétence ».  

Blessé à Eylau, Barclay est en convalescence à Memel (l’actuelle Klaipėda) et y reçoit, début Avril 1807, la visite du Tsar. C’est le tournant de sa carrière. Car, ayant eu le temps de réfléchir pendant sa convalescence, il expose, sans la flatterie habituelle de l’entourage du Tsar, son plan pour attirer Napoléon dans les profondeurs de la Russie, de plus en plus loin de ses bases, ne lui infligeant que de brefs engagements mais un maximum de harcèlement, lui faisant consommer ses stocks, avant de lui infliger un « nouveau Poltava », grâce à une armée russe bien préservée et avec l’aide du climat.  

Mais, le 14 Juin 1807, c’est la défaite de Bennigsen à Friedland, qui oblige Alexandre à rencontrer  Napoléon, puis à signer le traité de Tilsit le 7 Juillet 1807. Barclay va alors partir  s’illustrer en Finlande (1808 – 1809), traversant à pied avec ses troupes le golfe de Botnie gelé, entre la Finlande et la Suède. A la mi-Avril 1809, il est nommé, à 47 ans, à la fois Commandant en chef et Gouverneur général du Grand-duché de Finlande, devenu russe (et ce jusqu’en 1917).

Lorsqu’éclate la campagne de Russie, Barclay est Ministre de la Guerre depuis le 13 Janvier 1810. Il  a eu le temps de restructurer l’armée russe, de faire des propositions pour la défense des frontières de l’ouest et de s’intéresser au renseignement. Le Tsar signe son « Règlement » (qui restera en vigueur jusque dans les années 1860) le 8 Février 1812. Le 12 Avril, le Tsar nomme Barclay commandant de la 1ère Armée de l’ouest (en plus de sa charge de Ministre).

La suite est mieux connue. La Grande Armée franchit le Niémen dans la nuit du 23 au 24 Juin 1812. Conformément au plan Barclay, l’armée russe (qui, à partir du 17 Juillet, n’a plus de commandement unifié, le Tsar Alexandre ayant quitté le théâtre) se dérobe. A Vitebsk (26 Juillet), la Grande Armée avait déjà perdu 100 000 hommes. Mais, avec l’abandon de Smolensk (17 Août), la révolte gronde chez les alter egos (Bagration) et les subordonnés de Barclay (Grand-duc Constantin). On accuse même celui-ci de traîtrise puisque Livonien (donc pas vraiment Russe) et parlant avec un accent allemand …… Finalement le Tsar, pressé par son entourage et ébranlé par l’entreprise de dénigrement vis-à-vis de Barclay, nomme le vieux Maréchal Koutouzov pour prendre le commandement général (avec le encore plus vieux Bennigsen comme Chef d’Etat-major) et remplace Barclay par Gortchakov comme Ministre de la guerre (27 Août). 

Conseil de guerre à Fili, tableau d'Aleksei Kivshenko (1882) 

A la bataille de Borodino (7 Septembre, appelée bataille de la Moskova par les Français), Koutousov (« décrépit et fatigué ») et Bennigsen font de grosses erreurs de commandement et ce sont Barclay (1ère Armée) et Bagration (2ème Armée), réconciliés, qui sauvent la situation. Après la bataille, Koutouzov tient un conseil de guerre à Fili et décide …… de continuer à reculer, en abandonnant Moscou. Mais, dans le même temps, Bagration ayant été mortellement blessé à Borodino, Koutouzov décide d’amalgamer la 1ère et la 2ème Armées, aux ordres du remplaçant de Bagration. Mortifié et malade, Barclay demande (et obtient) une permission de maladie (30 Septembre). Il sera de retour sur ses terres de Beckhof (aujourd’hui Jōgeveste en Estonie, près de Valga / Valka) le 24 Novembre 1812.  

Mais, mis au courant de la réalité des faits, le Tsar lui-même restaure l’honneur d’homme et de soldat de Barclay de Tolly. Celui-ci, recevant le commandement de la 3ème Armée le 18 Février 1813, s’illustrera de nouveau en prenant la forteresse de Thorn (début Avril 1813) et sera nommé, le 31 Mai 1813, Commandant en chef de toutes les armées ; brusquement, il devient très à la mode d’être pro-Barclay ! Il dirige la prise de Paris le 30 Mars 1814, jour même où le Tsar le nomme Feld-maréchal

L’apothéose surviendra le 7 septembre 1814 où, à l’occasion de la grande parade de la victoire à Vertus, en Champagne (sud d’Epernay), il sera nommé Kniaz, titre de Prince en principe réservé aux vieilles familles (comme, par exemple, les Bagration). Comme devise, il choisit « Loyauté et patience ». 



Malade, du fait de toutes les souffrances physiques, et peut-être morales, endurées, il meurt le 23 Mai 1818 près d’Insterburg (Prusse orientale) alors qu’il se rendait aux eaux en Bohême. Premier prévenu, le Roi de Prusse Fréderic Guillaume III lui fait donner une escorte d’honneur. Le cortège funèbre atteint Riga le 11 Juin, où une cérémonie militaire a lieu avant l’inhumation provisoire dans l’église luthérienne St Jacques (actuelle cathédrale catholique St Jacques).  Il sera ré-inhumé en 1823 dans un mausolée situé près de son domaine de Beckhof / Jōgeveste (ci-dessous).



(d’après notamment "The Commander: A life of Barclay de Tolly" de Michael et Diana Josselson)

Statue de Barclay de Tolly à Riga