Tarass Chevtchenko (Тарас Григорович Шевченко – ci-dessous) est généralement considéré comme le plus grand poète de langue ukrainienne. Egalement peintre et humaniste, il est plus que tout ça : une icône de la culture ukrainienne, symbole du réveil national de son pays au XIXe siècle.
Tarass Chevtchenko est né le 9 Mars 1814 à Moryntsi (région de Kyīv), alors empire russe, dans une famille de paysans serfs. Devenu orphelin à l’âge de 12 ans, il travaille et étudie chez un diacre puis, à 14 ans, devient serviteur chez un seigneur nommé Pavel Engelhardt, avec qui il part à Vilnius. La femme d’Engelhardt, ayant distingué des dispositions du jeune Tarass pour la peinture, obtient qu’il suive les cours du peintre Yan Roustem à l'Université de Vilnius. Suivant son maitre à Saint-Pétersbourg, c’est le peintre et professeur Karl Briullov qui rachète la liberté de Tarass Chevtchenko le 5 Mai 1838.
Peu après, Tarass Chevtchenko s'inscrit à l'Académie impériale des Beaux Arts de Saint-Petersbourg et y fait ses études, toujours sous la direction de Briullov. En 1840 sa première collection de poésie, Kobzar (Le Barde), composée de huit poèmes romantiques, fut publiée à Saint-Petersbourg.
Après avoir terminé ses études à l'Académie des beaux arts en 1845, il devint membre de la Commission d'archéologie de Kyīv et voyagea partout en Ukraine pour esquisser des monuments historiques, architecturaux et recueillir les traditions folkloriques. Au même moment, scandalisé par l'oppression tsariste et la destruction de son Ukraine natale, il écrivit certains de ses poèmes d'histoire les plus satiriques et politiquement subversifs.
En 1846, Chevtchenko rejoint la Confrérie de Cyrille et Méthode, organisation politique secrète qui avait pour objectif d'abolir le servage et d'établir l'égalité sociale. Comme les autres membres de la fraternité, il fut arrêté le 5 avril 1847 et mis en prison à Saint-Pétersbourg, puis condamné à servir comme simple soldat dans un régiment spécial à Orenbourg, une région lointaine près de la Caspienne. Le tsar Nicolas Ier en personne donna l'ordre d'interdire à Chevtchenko d'écrire et de peindre, mais il réussit toutefois à continuer de peindre et d'écrire en cachette.
En 1850, Tarass Chevtchenko fut transféré à la forteresse de Novopetrovskoe, où les consignes sur sa captivité furent plus durement respectées. Malgré tout, il réussit à créer plus de cent aquarelles et dessins, et écrivit également plusieurs nouvelles en langue russe. Il fut libéré de son exil militaire en 1857, deux ans après la mort de Nicolas Ier, mais fut interdit de vivre en Ukraine. Après avoir passé une grande partie de ses années à Nizhniy Novgorod (au bord de la Volga), il rejoignit Saint-Pétersbourg. Ce n’est qu’en 1859 qu’il obtint l'autorisation de rendre visite à ses parents et à ses amis en Ukraine. Mais il y fut retenu, interrogé, puis renvoyé à Saint-Pétersbourg. Tarass Chevtchenko resta sous la surveillance de la police jusqu'à sa mort, le 10 Mars 1861.
Il fut enterré à Saint-Pétersbourg, mais deux mois plus tard, conformément à ses vœux, ses restes furent transférés en Ukraine. Le peuple ukrainien organisa à son poète de grandes funérailles et sa dépouille fut inhumée sur Chernecha Hora (la Montagne du Moine) près de Kaniv, une ville proche de son lieu de naissance. Depuis, sa tombe est considérée comme un lieu de pèlerinage par des millions d'Ukrainiens (Remarque: Pour l’ascension du mont où se trouve la tombe du poète, il faut gravir un escalier de 365 marches……).
Sa vie tragique et son amour pour son pays et sa langue reflètent dans l'imaginaire de ses compatriotes le destin du peuple ukrainien qui lutta à travers des siècles pour sa culture et sa liberté.
A Paris, un buste (ci-dessus), dans un square adossé à l’église catholique ukrainienne St-Volodymyr, au carrefour du boulevard St-Germain et la rue des Saints Pères, rappelle le souvenir du poète national ukrainien. La diaspora ukrainienne s’y réunit régulièrement.
A Donetsk, nul mot à propos de Chevtchenko, la grande star c'est Pouchkine comme vous pouvez l'imaginer.
RépondreSupprimerJ'aurais eu tendance à m'en douter ... Mais merci de cette confirmation !
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