Les barons baltes ou Germano-baltes (Baltendeutsche) sont les descendants des populations de langue allemande venues, à partir du XIIe siècle, coloniser la région orientale de la Baltique, notamment ce qui est aujourd’hui la Lettonie et l’Estonie (jadis Esthonie, Livonie, Courlande). Paradoxalement, ils ne sont pas d’ethnie balte, mais ont constitué la classe aristocratique locale, dominant des populations qui, elles, étaient bien baltes, au travers des diverses occupations, notamment danoise, suédoise, polono-lituanienne et russe. Les barons baltes ont perdu leurs terres et leur pouvoir lors de la réforme agraire de 1920, conduite par la jeune République de Lettonie.
La famille Lieven (armoiries ci-dessus) se dit descendante de Kaupo de Tureida, leader d’une nation live au début du XIIIe siècle, qu’Henri de Livonie, dans sa « Chronique », décrit comme quasi rex, comme un roi. Kaupo sera le premier chef live à se faire baptiser aux alentours de 1191 et Albert de Buxhövden, archevêque et fondateur de Riga, l’emmènera même à Rome pour le présenter au Pape Innocent III.
De cette famille puissante, qui servira aussi bien la Suède que la Russie, je mettrai en exergue, en deux posts, deux noms, peu ou prou en relation avec la France :
# Le prince Christophe Heinrich von Lieven (1774 - 1838) et son épouse Dorothea
# Le prince Anatoly Pavlovich Lieven (1872 – 1937)
La mère de Christophe Heinrich von Lieven était la gouvernante des enfants du Grand-duc Paul, futur tsar Paul 1er de Russie, et le jeune Christophe a eu comme compagnons de jeu les futurs tsars Alexandre 1er et Nicolas 1er. A 15 ans il entre dans l’armée et à 22 ans, lieutenant-colonel, il commande déjà un Régiment de dragons à la tête duquel il combat dans le Caucase et en Perse. Aide de camp du tsar Paul 1er à partir de 1797, major-général en 1798, comte en 1799, il participe à la bataille d’Austerlitz (2 Décembre 1805) et à la rencontre de Tilsit (Juillet 1807) avec son successeur, Alexandre 1er.
Il commence une carrière diplomatique en 1808 et représente la Russie d’abord à la cour de Prusse (1808), puis il est Ambassadeur à Londres à partir de 1812, poste qu’il gardera 22 ans ! Prince depuis 1826, il sera rappelé en Russie en 1834 par le tsar Nicolas 1er qui en fait le gouverneur du tsarévitch Aleksandr Nikolaevich. C’est pendant le « Grand Tour » de ce dernier que Christophe Heinrich von Lieven décèdera subitement à Rome le 10 Janvier 1839.
Son épouse, Dorothea von Lieven, née von Benckendorff (ci-dessus) mettra son charisme et son intelligence au service de son mari quand celui-ci sera en poste à Londres. Elle avait manifestement le « sens du contact », ayant une liaison avec le chancelier autrichien von Metternich, vraisemblablement une autre avec Lord Palmerston et étant une amie très proche de Lord Castlereagh, Secrétaire d’Etat aux affaires étrangères. Alexandre 1er dit d’ailleurs d’elle : « Dommage qu’elle porte la robe, car elle aurait fait un excellent diplomate » ! Ce qui n’empêcha pas le tsar de lui donner des missions particulières ; c’est ainsi qu’elle joua un rôle clé dans la naissance de la Grèce moderne et dans la création de la Belgique.
Après la mort subite de son mari et de ses deux enfants, elle s’installa à Paris, où elle fut très proche de François Guizot, Ministre des Affaires étrangère puis Premier Ministre français. Elle servit d’intermédiaire entre les belligérants lors de la guerre de Crimée (1854 – 1856), avant de s’éteindre le 27 Janvier 1857 à son domicile parisien, 2 rue Saint-Florentin. Selon ses dernières volontés, elle fut enterrée dans la propriété familiale des Lieven, à Mežotne (10 km à l’ouest de Bauska – ci-dessous).
L’histoire du prince Anatoly Pavlovich Lieven fera l’objet d’un post prochain.
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