Hasard de l’Histoire, deux figures majeures de la culture balte sont nées le même jour, à quelques annees d’intervalle. Il s’agit du compositeur et peintre lituanien Mikalojus Konstantinas Čiurlionis (22 Septembre 1875 – 10 Avril 1911) et du poète letton, auteur du poème épique Lāčplēsis, Andrejs Pumpurs (22 Septembre 1841 – 6 Juillet 1902).
Né en Dzūkija (sud de la Lituanie), l’intérêt initial de Mikalojus Konstantinas Čiurlionis (ci-dessus) est pour la musique puisqu’on le trouve dès 1889 à Plungė (Žemaitija, nord-ouest de la Lituanie), où il est élève de l’école de musique du Prince Oginskis. Grace au Prince, il poursuit sa formation au conservatoire de Varsovie puis, à partir de 1901, au conservatoire de Leipzig. Revenu à Varsovie en 1904, il entre à l’Ecole des Beaux-arts car il veut également s’intéresser à la peinture, une des autres faces de sa culture universelle. Mais il mènera avec un égal bonheur une double carrière de compositeur et de peintre, en Pologne, en Allemagne et en Autriche.
En 1907, il s’installe à Vilnius et il devient un des chantres de l’identité nationale lituanienne. Il meurt d’une pneumonie en 1911 prés de Varsovie.
Auteur, en musique, de quelques 300 compositions variées, et, en peinture, d’environ 300 tableaux dans la mouvance du symbolisme et de l’art nouveau, M.K. Čiurlionis est devenu un des symboles de la Lituanie et un des plus grands artistes européens. Il est malheureusement méconnu en France, en dépit d’une exposition au Musée d’Orsay en 2000-2001.
Né en Courlande, près de la rivière Daugava, Andrejs Pumpurs (ci-dessus) était d’une famille pauvre et dut très vite travailler avec son père. C’est là qu’il fut initié très tôt aux légendes orales qui, par la suite, furent le fond de son œuvre. En effet, il commence à écrire des poèmes à partir de 1867. Volontaire pour servir dans l’armée impériale russe à partir de 1876, il devient paradoxalement un fervent nationaliste letton, et il écrit son œuvre majeure, « Lāčplēsis », pendant cette période (1872 – 1887).
Le héros, Lāčplēsis, a été choisi par les dieux pour devenir le héro de son peuple. Son nom signifie pourfendeur d’ours car, jeune homme adopté par le seigneur de Lielvārde, il a déchiqueté un ours de ses mains ! Après maintes aventures, où la lutte de Lāčplēsis contre les germaniques est omniprésente (les croisés y sont présentés sous les traits de serviteurs du démon), le héros disparaît finalement dans la Daugava avec son dernier adversaire, le Chevalier noir, qui avait découvert que la force de Lāčplēsis résidait dans ses oreilles (car sa mère était une ourse). Mais la légende dit que Lāčplēsis reviendra pour libérer son pays en rejetant le monstre (comprendre alors les Germaniques) à la mer.
Ecrit à l’époque de la Renaissance nationale du peuple letton, illustrée par le mouvement de Jaunlatvieši ("Nouveaux-Lettons"), dont Andrejs Pumpurs était une figure marquante, «Lāčplēsis» est l’épopée nationale lettone, au même titre que la Chanson de Roland en France, que le Roi Arthur en Angleterre ou que le Kalevipoeg en Estonie, dont il semble d’ailleurs en partie inspiré. Mais c’est aussi devenu une Fête Nationale, le jour de Lāčplēsis, qui commémore le souvenir des défenseurs lettons de la liberté, instituée en mémoire du 11 Novembre 1919, quand les Lettons ont chassé hors de Riga les corps-francs russo-allemands de l’aventurier Pavel Bermondt-Avalov. C’est surtout, pour une partie de la population lettone, le symbole de la lutte contre une domination étrangère injuste.
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