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lundi 5 décembre 2011

Législatives en Russie : Russie Unie en baisse, fraudes et cyber attaques en hausse


Quelque chose aurait-il changé au royaume de M. Poutine ? Après la journée d’hier (4 Décembre 2011) consacrée aux élections législatives en Russie (renouvellement des 450 sièges de la Douma), il semblerait que oui.

(NB : tous les horaires sont donnés en heure de Moscou. Retrancher 3 heures pour avoir l’heure française)
Avant

Après

Tout d’abord, on notera qu’aucun site ne donne le chiffre définitif de la participation. D’après le Moscow Times, ce chiffre était de 50,4 % à 19H20 (les bureaux de vote fermaient à 20H à Moscou, à 21H à Kaliningrad). Voix de la Russie, média en ligne pro-gouvernemental, parle de 60 % (en 2007 : 64 %). Le record serait une fois de plus détenu par la Tchétchénie avec 94 % de participation, et 99,5 % de votes pour Russie Unie.

Ce matin à 11H, les résultats s’établissaient comme suit (1er chiffre : pourcentage des suffrages exprimés – 2ème chiffre : nombre de sièges – entre parenthèses : nombre de sièges en 2007) :
Russie Unie : 49,54 % - 238 sièges – (315)
Parti communiste : 19,16 % - 92 sièges – (57)
Russie juste : 13,22 % - 64 sièges – (38)
LDPR : 11,66 % - 56 sièges – (40)

Les autres partis, n’ayant pas dépassé la barre des 7 %, n’ont pas d’élus, notamment Yabloko (3,30 %). Ce qui saute aux yeux, c’est la chute attendue de Russie Unie (moins 77 sièges), qui garde toutefois la majorité absolue à la Douma, ce qui n’était pas évident en début de soirée. Pour la signification des partis, voir : http://gillesenlettonie.blogspot.com/2011/11/les-elections-legislatives-russes-pour.html (On remarquera que les sondages pré-élections avaient sous-estimé Russie juste).


La journée de vote a été marquée par des fraudes massives, ce qui n’est certes pas nouveau. Ce qui est nouveau c’est que, grâce à internet et notamment aux réseaux sociaux, les preuves de fraude ont été mises en ligne. Voir par exemple le site du Moscow Times : http://www.themoscowtimes.com/news/article/live-blog-duma-vote-2011/449143.html. Au choix: bourrage des urnes, encre devenant invisible (dans l’isoloir, l’électeur coche la case du parti de son choix), étudiants payés pour voter pour Russie Unie (avec obligation de photographier leur bulletin dans l’isoloir avec la croix au « bon » endroit), mais surtout explication du système du « carrousel » (un sticker sur le passeport - cf. ci-dessous - permet à des groupes de jeunes payés pour ça d’aller voter dans plusieurs bureaux de vote sans que leur passeport ne soit tamponné, en passant devant des officiels eux aussi repérables par un code, par exemple un exemplaire de la Constitution posé devant eux). Sans oublier les intimidations pré-électorales du style « Tel village a voté à 60 % pour  Russie Unie en 2007 et ils ont eu une nouvelle route, pas vous qui n’avez voté qu’à 40 % ».

La parade contre les sites dénonçant les fraudes a été par ailleurs très active, de nombreux sites d’opposition ayant été l’objet de cyber attaques par DDoS (distributed denial of service attack), comme thenewtimes.ru, echo.msk.ru, novayagazeta.ru, kommersant.ru, publicpost.ru, slon.ru, Bolshoy Gorod (bg.ru), golos.org, ikso.org, ridus.ru, zaks.ru (Saint Petersburg), pryaniki.org (Tula). Le site de l’ONG Golos a été particulièrement visé : il publiait dans les jours précédant le vote une carte interactive des fraudes qui, samedi, répertoriait déjà plus de 5 000 cas ! Ce matin, le site est toujours « off line ». Sa directrice, Lilia Chibanova, en provenance de Varsovie, a été retenue pendant douze heures à l’aéroport de Moscou.

Avec des contorsions sémantiques habituelles, les hiérarques de Russie Unie expliquent que la chute de leur parti prouve bien que le scrutin s’est déroulé normalement. "Il n'y a pas eu d'irrégularités importantes, d'actes criminels ou de violations des lois électorales qui auraient pu influencer substantiellement le vote" a fait remarquer le premier vice-ministre de l'Intérieur, Alexandre Gorovoy.

Il semblerait que l’échange de poste entre Poutine et Medvedev, annoncé le 24 Septembre à l’occasion des présidentielles de Mars 2012, n’ait pas été du goût des électeurs. Les fraudes massives ont jeté un discrédit encore plus grand sur tous les niveaux du pouvoir et il n’est pas exclu qu’elles aient un effet contraire à ce qui était espéré. L’opinion publique risque en effet de ne pas se reconnaître dans la Douma issue de ces élections frauduleuses. 

Vladimir Poutine, qui a, c’est notoire, une peur panique des révolutions dites « de couleur » chez ses voisins, pourrait bien vivre une expérience en grandeur réelle chez lui.

Overdose ? 

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