Je reconnais que Kārlis Zāle n’est pas le plus connu des
Lettons. Et pourtant, quiconque est venu à Riga a obligatoirement vu son œuvre la
plus emblématique.
Kārlis Zāle |
Kārlis Zāle est né le 28
Octobre 1888, à Mažeikiai (alors dans l’empire russe, aujourd’hui en Lituanie),
a commencé une formation professionnelle de sculpteur à Kazan, puis à Moscou où
il a travaillé avec le sculpteur Stepana Erzjas. A partir de 1915, il est à Saint-Pétersbourg
/ Petrograd à l’Académie des Arts. Après un passage à Berlin, il rentre en 1923
à Riga, devenue entre temps capitale de la Lettonie indépendante.
C’est un peu par hasard qu’en
1923 il participe au concours pour l’aménagement artistique du Cimetière des
Frères (Brāļu Kapi), destiné à honorer les
soldats lettons mort entre 1915 et 1920 pendant la Première Guerre mondiale et
la Guerre d’Indépendance. Il gagne le concours et, entre 1924 et 1936, il va diriger
les travaux combinat sculptures et aménagement du paysage.
Mais Kārlis Zāle était
surtout venu à Riga pour participer au concours, lancé le 27 Juillet 1922 par
le Premier Ministre Zigfrīds Anna Meierovics, pour la construction du Monument de la
Liberté (Brīvības piemineklis). Après pas mal d’atermoiements,
c’est là aussi Kārlis
Zāle qui gagna le concours en Octobre 1929 ! La construction commença le
18 Novembre 1931, sur Brīvības bulvāris (boulevard de la
Liberté) à la place d’une statue équestre de Pierre le Grand.
Inauguré le 18
Novembre 1935 (17e anniversaire de l’indépendance de la Lettonie),
haut de 42 mètres, le monument symbolise la Liberté, l’Indépendance et la
Souveraineté de la Lettonie. Reposant sur un socle rendant hommage aux héros
lettons (dont le légendaire Lāčplēsis), il est
surmonté d’une statue de 9 mètres de haut, allégorie de la Liberté, surnommée
familièrement Milda, qui tient trois étoiles symbolisant les trois
régions historiques de la Lettonie : Kurzeme, Vidzeme et Latgale.
Le monument failli
être démoli après l’occupation soviétique du 14 Juin 1940. C’est le sculpteur
soviétique d’origine lettone, Vera Ignatyevna Mukhina, qui paraît-il le sauva, en
vantant sa valeur architecturale. Mais le monument fut dédié à la « libération »
des Etats baltes par Staline et les étoiles représentèrent alors l’Estonie, la
Lettonie et la Lituanie. Il resta malgré tout le symbole de la liberté perdue
et c’est devant lui que, le 14 Juin 1987, 5 000 personnes se réunirent
pour déposer des fleurs, première manifestation d’hostilité au régime d’occupation
soviétique en Lettonie.
Kārlis Zāle était déjà
décédé depuis le 19 Février 1942 à Inčukalns (entre Riga et Sigulda). Il est inhumé au Cimetière des
Frères.
« Lève les yeux. Arrête-toi et regarde : Saint est ce
lieu, Saint est ce moment. » (Leonīds Breikšs)
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