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lundi 1 août 2016

31 Juillet 1991 : les soviétiques tuent encore à Medininkai (Lituanie)

Après que la Lituanie eut restauré son indépendance le 11 Mars 1990, elle a été rapidement confrontée à un défi important : assurer la protection et l’inviolabilité de ses frontières. Conformément à une décision du Département de la Défense, des gardes frontières ont commencé à prendre leur service le 19 Novembre 1990 sur les 64 points de passage, notamment à la frontière avec le Bélarus (alors encore nommé Biélorussie).

Le gouvernement soviétique, considérant que ces postes étaient illégaux, envoya ses OMON (OtriadMilitsii Ossobogo Naznatchenïa - Отряд милиции особого назначения), les forces spéciales du Ministère de l’Intérieur, contre eux.

Suite aux événements du 13 Janvier 1991 à Vilnius, au cours desquels 14 civils furent tués près de la tour de télévision, les troupes soviétiques attaquèrent et brûlèrent les postes frontières de Medininkai et Lavoriškės, le 27 Janvier 1991.

Le 19 Mai 1991, Gintaras Žagunis, un garde frontière du poste de Krakūnai, à la frontière entre la Lituanie et la Biélorussie, était tué pendant son service.

Le poste frontière de Medininkai, le lendemain du massacre

Mais c’est surtout le massacre du poste de douane de Medininkai, sur la voie express Vilnius-Minsk, le 31 Juillet 1991, qui a horrifié les Lituaniens. Vers 4 heures du matin, les OMON, en provenance de Riga, ont fait irruption dans le poste et ont tué les douaniers désarmés d’une balle dans la tête. Sept fonctionnaires des douanes ont été tués instantanément, un huitième, Tomas Šernas (ci-dessous) a été très grièvement blessé et ne se déplace plus désormais que dans un fauteuil roulant. Les victimes ont été enterrées au cimetière d’Antakalnis et le poste de douane est devenu un mémorial.

 Tomas Šernas
L’attaque s’est déroulée, et ce n’est certainement pas un hasard, alors que le Président américain George Bush Sr était en visite à Moscou. Les conservateurs du Parti communiste soviétique ont sans doute voulu 
embarrasser Mikhaïl Gorbatchev, Président de l’URSS. Ce pouvait être aussi une réponse à la décision de Boris Eltsine, Président (élu démocratiquement) de la Russie, qui, deux jours avant, avait « reconnu l'État lituanien indépendant et démocratique et {…} s’engageait à instaurer des relations bilatérales entre la Lituanie et la Russie, fondées sur les principes de l'amitié, du bon voisinage, de l'égalité de traitement et de bénéfice réciproque ainsi que sur les normes du droit international universellement reconnues. »

La plupart des hommes suspectés d’avoir participé à ces actions sont désormais citoyens russes. La Russie, en conséquence, refuse de coopérer avec la Lituanie quand celle-ci demande que les suspects soient interrogés et jugés en Lituanie, argumentant que cela violerait la Constitution de la Fédération de Russie. On peut penser que le massacre de Medininkai va encore empoisonner pendant de longues années les relations russo-lituaniennes.


Le musée des douanes (Jeruzalės g. 25 à Vilnius), ouvert en 1994 dans les locaux du centre d’entraînement des douanes, renferme des souvenirs de ces exactions (http://old.cust.lt/en/rubric?rubricID=244 )

Mémorial de Medininkai






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