Après
que la Lituanie eut restauré son indépendance le 11
Mars 1990,
elle a été rapidement confrontée à un défi important : assurer
la protection et l’inviolabilité de ses frontières. Conformément
à une décision du Département de la Défense, des gardes
frontières ont commencé à prendre leur service le 19
Novembre 1990 sur
les 64 points de passage, notamment à la frontière avec le Bélarus
(alors encore nommé Biélorussie).
Le
gouvernement soviétique, considérant que ces postes étaient
illégaux, envoya ses OMON (OtriadMilitsii
Ossobogo Naznatchenïa -
Отряд милиции особого назначения), les
forces spéciales du Ministère de l’Intérieur, contre eux.
Suite
aux événements du 13
Janvier 1991 à
Vilnius, au cours desquels 14 civils furent tués près de la tour de
télévision, les troupes soviétiques attaquèrent et brûlèrent
les postes frontières de Medininkai
et Lavoriškės, le 27
Janvier 1991.
Le 19
Mai 1991,
Gintaras Žagunis, un garde frontière du poste de Krakūnai,
à la frontière entre la Lituanie et la Biélorussie, était tué
pendant son service.
Le poste frontière de Medininkai, le lendemain du massacre |
Mais
c’est surtout le massacre du poste de douane de Medininkai,
sur la voie express Vilnius-Minsk, le 31
Juillet 1991, qui
a horrifié les Lituaniens. Vers 4 heures du matin, les OMON, en
provenance de Riga, ont fait irruption dans le poste et ont tué les
douaniers
désarmés
d’une balle dans la tête. Sept fonctionnaires des douanes ont été
tués instantanément, un huitième, Tomas
Šernas (ci-dessous)
a été très grièvement blessé et ne se déplace plus désormais
que dans un
fauteuil
roulant. Les victimes ont été enterrées au cimetière d’Antakalnis
et le poste de douane est devenu un mémorial.
Tomas Šernas |
L’attaque
s’est déroulée, et ce n’est certainement pas un hasard, alors
que le Président américain George Bush Sr était en visite à
Moscou. Les conservateurs du Parti communiste soviétique ont sans
doute voulu
embarrasser Mikhaïl Gorbatchev, Président de l’URSS. Ce pouvait être aussi une réponse à la décision de Boris Eltsine, Président (élu démocratiquement) de la Russie, qui, deux jours avant, avait « reconnu l'État lituanien indépendant et démocratique et {…} s’engageait à instaurer des relations bilatérales entre la Lituanie et la Russie, fondées sur les principes de l'amitié, du bon voisinage, de l'égalité de traitement et de bénéfice réciproque ainsi que sur les normes du droit international universellement reconnues. »
La
plupart des hommes suspectés d’avoir participé à ces actions
sont désormais citoyens russes. La Russie, en conséquence, refuse
de coopérer avec la Lituanie quand celle-ci demande que les suspects
soient interrogés et jugés en Lituanie, argumentant que cela
violerait la Constitution de la Fédération de Russie. On
peut penser que le massacre de Medininkai va encore empoisonner
pendant de
longues
années
les relations russo-lituaniennes.
Le
musée des douanes (Jeruzalės g. 25 à Vilnius), ouvert en 1994 dans
les locaux du centre d’entraînement
des douanes, renferme des souvenirs de ces exactions
(http://old.cust.lt/en/rubric?rubricID=244 )
Mémorial de Medininkai |
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