Honoré de Balzac |
Le
18 août 1850 (il
y a donc exactement 166 ans) meurt
à
Paris
Honoré
de Balzac
(1799 – 1850), un des écrivains français les plus prolixes, mais
aussi
un grand voyageur. Ses voyages dans
l'Empire de
Russie (Saint-Pétersbourg et Ukraine) avaient toutefois un but bien
particulier : rencontrer sa bonne amie la comtesse
Hańska (1801 – 1882) !
Née
Ewelina
Rzewuska, la comtesse Hańska
était portée sur le mysticisme et lisait beaucoup de romans
français. Devenue une fervente admiratrice de Balzac, elle engagea
en 1832 une correspondance avec l’auteur et le rencontra pour la
première fois au bord du lac de Neuchâtel. Balzac en tombe amoureux
et va la courtiser pendant 17 ans. Ils se rencontrent à plusieurs
reprises jusqu’en 1835, mais ce n’est qu’après le décès de
son mari, Venceslav Hanski, que la comtesse accepte que Balzac vienne
la retrouver à Saint-Pétersbourg, où elle s’était rendue pour
régler la succession du comte.
La comtesse Hańska |
Honoré
de Balzac quitte Paris le 19
juillet 1843
pour s’embarquer à Dunkerque le 21 juillet sur le paquebot à
vapeur Le
Devonshire.
Il arrive à Saint-Pétersbourg le 29 juillet et va y vivre une vie
discrète, apparemment suivant le désir de Mme Hańska, soucieuse
« de ne pas trop montrer son célèbre et exubérant ami ».
Il reçoit toutefois plusieurs invitations et voit même le Tsar « à
la distance de cinq mètres » à l’occasion d’une revue de
troupes à Krasnoïe Selo, mais il ne lui est pas présenté. Durant
ces semaines passées à Saint-Pétersbourg, il travaille peu.
C’est
le 7 octobre que Balzac quittera Saint-Pétersbourg par la
malle-poste, en direction de Berlin. On connaît le comportement de
l’écrivain grâce aux lettres qu’un de ses compagnons de voyage
qui se rendait à Rome, le jeune sculpteur russe Ramazanoff, envoie à
sa famille.
Leur
itinéraire passe par Narva (Estonie), où les lamproies qu’on lui
sert au petit déjeuner inspirent a priori du dégoût à Balzac. Ce
n’était que le début des déconvenues gastronomiques de
l’écrivain. A Dorpat (aujourd’hui Tartu en Estonie), on lui sert
« un bifteck récalcitrant aussi dur que les chemins
caillouteux des provinces parcourues », ce qui lui fit dire :
« Il faut avoir bien faim pour manger ça; c’est un tour de
force » ! A Walki (Valka), c’est une pâtisserie qui
n’est pas à hauteur de ses espérances puisqu’il ne subsiste que
l’enseigne, représentant des gâteaux.
Le
Traité de Nystad (10 septembre 1721), mettant fin à la Grande
Guerre du Nord (1700 – 1721), avait consacré l’intégration des
provinces baltes dans l’Empire russe. Pendant la seconde moitié du
XVIIIe siècle, Riga connut un grand essor industriel et, au XIXe
siècle, la ville était devenue un des trois ports les plus
importants de l’Empire russe et un centre ferroviaire majeur.
Balzac constata : « En entrant dans les rues étroites de
Riga, encombrées de hautes maisons à l’architecture originale,
nous trouvâmes l’activité bruyante d’une ville commerçante »
Le
passage à Mitau (aujourd’hui Jelgava en Lettonie) fut marqué par
une altercation entre l’écrivain affamé et les serveuses d’une
auberge, pas assez promptes à servir leur hôte. Le met tant attendu
se révéla être une mauvaise soupe « Chez nous on donne ça
aux cochons » fulmina-t-il. Il se consola avec une omelette qui
fut le seul et maigre réconfort de ce triste repas. Heureusement
que, pour compenser des qualités gastronomiques perfectibles,
Balzac avait emporté un panier rempli de bouteilles de vin de
Sauternes, dont la dernière sera ouverte à Tauroggen (Tauragė), à
l’occasion du …… petit déjeuner.
Le 10 octobre 2013, inauguration d'une plaque rappelant le passage d'Honoré de Balzac à Tauragė, en présence de S.E. Mme Maryse Berniau, Ambassadeur de France en Lituanie |
Le
10 octobre, les voyageurs sont effectivement à Tauroggen /Tauragė,
aujourd’hui en Lituanie mais alors à la frontière
russo-prussienne. Les passagers ne virent pas de sentinelle, la
guérite étant cachée par la verdure. Sur la route, il n’y avait
que deux poules qui se promenaient. « Voyez, un grand empire
comme la Russie est gardé par des poules » s’exclama
Balzac !
Le
samedi 14 octobre matin, Balzac arrive à Berlin où il trouve « le
premier lit qui ressemble à un lit depuis qu{‘il a} quitté
Dunkerque » ! Il sera de retour chez lui, à Passy, le 3
novembre 1843 au soir.
On
notera que, tout au long du voyage, Balzac irritera régulièrement
ses compagnons de voyage, en proclamant « qu’il n’y ait de
bien que ce qui est en France ». Le jeune Ramazanoff écrira :
« Il était agréable de voir son attachement à la terre
natale s’exprimer dans ses propos impétueux {…}.Mais il n’était
pas agréable d’entendre ses comparaisons et ses opinions sur les
autres pays ».
Le
mariage de Balzac et de Mme Hańska sera
célébré dans l’église catholique Sainte-Barbe de Berditchev
(Berdytchiv
en ukrainien) le
14 mars 1850.
Le
24 avril 1850, Monsieur
et Madame
de Balzac prennent la route de Paris, où ils arrivent le 21 mai.
Mais
la
santé de l’écrivain se dégrade de jour en jour. Laxatifs et
saignées n’empêchent pas les fréquentes syncopes. Victor Hugo,
qui a toujours loué son génie, le veille jusqu’au dernier
souffle. Dans la nuit du 18 août 1850, Balzac s’éteint à l'âge
de 51
ans. Sa veuve ne retournera jamais en Ukraine.
Pour
en savoir plus sur Balzac en Russie :
« Balzac
dans l’Empire russe – De la Russie à l’Ukraine »,
Paris-Musées / Editions des Cendres, 1993
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire