Insigne du NKVD |
Né
le 8 août 1908, il y a donc exactement 108 ans, Georges Matoré
était un lexicologue français qui a consacré sa vie à l'étude
des langues, Et une partie de cette vie s'est déroulée en Lituanie.
Ayant
appris l'arabe à l’École nationale des langues orientales, il est
affecté en 1938 comme lecteur à l'Institut commercial et à l’École
normale supérieure de …… Klaipėda !!
Il y arrive le 5 octobre 1938. Mais, suite à un ultimatum
d'Hitler, la ville est occupée par les Allemands le 22 mars 1939 et
redevient Memel. Georges Matoré quitte Klaipėda dès le lendemain,
23 mars 1939, ses postes
étant transférés l'un à Šiauliai,
l'autre à Panevėžys.
Matoré,
qui était un militant actif du Parti Communiste Français, quitte
celui-ci après le pacte Molotov – Ribbentrop du 23 août 1939,
regrettant de ne pas l'avoir fait avant, Mais c'est justement en
accord avec le pacte Molotov – Ribbentrop que l'U.R.S.S. occupe
militairement la Lituanie (et les autres Etats baltes) à partir du
15 juin 1940. Dans la nuit du 11 au 12 juillet 1940, les agents du
NKVD (police politique soviétique) procèdent à des arrestations
massives de fonctionnaires, d'officiers, de chefs de partis, etc.…..
et seuls les membres du Parti Communistes (rebaptisé « Union
du peuple ouvrier ») sont autorisés à se présenter aux
« élections » du 14 juillet. Le 3 août 1940, la
Lituanie est incorporée à l'URSS (cf.
http://gillesenlettonie.blogspot.fr/2016/08/3-aout-1940-incorporation-de-la.html)
Le
12 août 1940, les missions diplomatiques à Kaunas (à l'exception
notable du Ministre d'Allemagne) reçoive l'ordre de quitter le
territoire avant le 25 août (délai prolongé jusqu'au 5 septembre),
la Lituanie n'existant plus (sic). Georges Matoré, lui, reste,
d'après lui le seul Français de Lituanie, par amour d'une
Lituanienne, Aldona. Il est invité par les autorités soviétiques
(Vladimir Dekanozov lui-même, vice-Commissaire du peuple aux
Affaires Étrangères et proconsul soviétique en Lituanie) à
enseigner à l'université de Vilnius, en tant que lecteur de langue
et de littérature françaises.
Mais,
le 20 octobre 1940, coup de théâtre : Georges Matoré
est arrêté à Šiauliai
par le NKVD et est accusé « d'espionnage et de liaison
avec des éléments contre-révolutionnaires ». Il est mis deux
mois au secret avant d'être transféré fin décembre à la Sûreté
(Saugumas) de Kaunas, puis, encore deux mois plus tard, à la prison
de la rue Mickevičius,
toujours à Kaunas. Son livre « Mes prisons en Lituanie »
(Éditions du Griot, Boulogne 1992) décrit sa vie dans cet univers
carcéral soviétique et est à ce titre un témoignage capital.
Il
ne sort de prison (le 23 juin 1941) que grâce à l'offensive
allemande, se retournant contre son ancien allié soviétique, du 22
au 27 juin 1941. Le 5 juillet 1941, il rejoint Vilnius à pied,
parcourant 100 km en deux jours (!) et retrouvant Aldona qu'il
épouse 15 jours après. Il est réintégré à l'université de
Vilnius, restannt sous la menace, mais cette fois-ci allemande. Il
est d'ailleurs arrêté en mai 1942 pendant 48 heures par la Gestapo,
accusé d'avoir hébergé des Juifs.
Geoges
Matoré réussit à revenir à Paris, seul, en traversant
l'Allemagne, de décembre 1942 à janvier 1943. Puis il revient
chercher Aldona et quitte définitivement la Lituanie avec elle, le
20 mars 1943.
Georges
Matoré deviendra assistant à la Sorbonne, puis il est nommé en
1949 professeur à la faculté de lettres de Besançon. Il retrouvera
la Sorbonne en 1952 comme professeur de linguistique, poste qu'il
occupera jusqu'à sa retraite. Il décédera le 5 octobre 1998, à
l'âge de 90 ans.
Vue actuelle de la prison, 11 rue Mickevicius à Kaunas |
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