Jan III Sobieski |
Pour bien comprendre ce
qui s’est passé le 12 septembre 1683, il faut remonter … au Prophète Mahomet.
Celui-ci avait en effet décrété que l’islam devait être propagé autant par la
parole que par l’épée. La conquête, selon le principe de la guerre juste (ou
Jihad) commença en Europe à l’été 711 par le franchissement du détroit de
Gibraltar. On sait qu’elle ne fut stoppée qu’en 732 aux environs de Poitiers.
En 1299 est créé, par une
tribu oghouz ayant conquis l’Anatolie aux dépends de l’Empire byzantin, l’Empire
ottoman qui mènera, jusqu’à sa partition en 1922, une politique d’expansion.
A partir de 1347, les Ottomans conquièrent les Balkans : c’est la défaite
serbe du Champ des Merles (actuel Kosovo) en 1389, la fin de l’Empire byzantin
par la prise de Constantinople en 1453, la disparition totale des royaumes
serbes en 1459. Sous le règne de Soliman le Magnifique, les armées ottomanes atteignent
Vienne en 1529 et 1532, y mettant le siège en vain. L’Empire Ottoman est alors un
acteur majeur du jeu diplomatique européen, où il est un allié traditionnel du « Roi
très chrétien, » le Roi de France, contre les Habsbourg autrichiens.
La mort de Soliman le
Magnifique en 1566 marquera la fin de l’âge d’or de l’Empire ottoman. En 1571,
à la bataille navale de Lépante, la
flotte chrétienne, commandée par le jeune don
Juan d’Autriche (24 ans), fils naturel de Charles Quint, envoie par le fond
240 des 300 navires ottomans.
Les frontières ottomanes
ne vont guère changer jusqu’en 1683, grâce notamment à la paix de Zsitvatorok (1606) entre l’Empire ottoman et le Saint
Empire Romain Germanique. Mais la fin du XVIIe siècle voit l’émergence du
contre pouvoir des Grands Vizirs face aux Sultans, les Grands Vizirs entamant
une restructuration de l’Empire et le rétablissement de sa grandeur. Le pouvoir
ottoman est restauré en Transylvanie, la Crète est conquise en 1669, la Podolie
est prise aux Polonais en 1676. Dans la foulée, les Ottomans du Vizir Kara Mustafa mettent pour la
deuxième fois le siège à Vienne à partir du 14 Juillet 1683. L’Empereur Léopold
1er, ne disposant que de 27 000 hommes, dut se résoudre à
quitter sa capitale avec 80 000 habitants de Vienne, ne laissant pour la
défendre que 15 000 hommes et 8 700 volontaires aux ordres du comte
Ernst von Starhernberg.
Kara Mustafa voulait
manifestement prendre Vienne intacte, de façon à saisir ses richesses. Pour
cela, il fit le blocus de la ville, coupant la garnison de tout ravitaillement.
Heureusement, le 6 Septembre 1683, les troupes du Roi de Pologne Jan III Sobieski, qui avait
pratiquement dégarni son royaume pour honorer le traité d’alliance avec l’Autriche,
firent leur jonction avec les troupes impériales commandées par Charles V de Lorraine, à 30 km de
Vienne. Le leadership fut confié au Roi de Pologne, du fait de son expérience. Il
avait d’ailleurs déjà défait les Ottomans en 1673 à Chocim, ce qui lui avait
valu d’être élu Roi de Pologne - Grand-duc de Lituanie l’année suivante.
Le siège de Vienne |
Le 12 Septembre 1683, à 4 heures du matin, se voyant menacé, c’est
Kara Mustafa qui déclencha l’attaque afin de perturber la mise en place du
dispositif austro-polonais sur le Kahlenberg. A 17 heures, alors qu’elle n’avait
pas été engagée jusque là, la cavalerie polonaise, forte de 20 000 chevaux,
descendit des collines, le Roi Jan Sobieski chargeant lui-même à la tête de 3 000
hussards ailés. Les lignes ottomanes furent enfoncées, le camp rapidement pris,
d’autant que la garnison viennoise attaqua de son côté. Trois heures après l’attaque,
Vienne était sauvée et les Ottomans étaient en déroute.
Après la bataille, Jan III
Sobieski, paraphrasant Jules César, déclara « Venimus, Vidimus, Deus vincit » (Nous sommes venus, nous avons vu, Dieu a
vaincu). Cette bataille marqua la fin historique de l’expansion
ottomane en Europe et le début d’une guerre de libération qui fut conclue par
le Traité de Karlowitz, le 26 Janvier 1699. Le Pape surnomma Sobieski « le sauveur de Vienne et de la
civilisation occidentale ». Les Ottomans eux-mêmes l’appelèrent « le
lion de Pologne ». La Fête du Saint Nom de Marie, célébrée le 12
Septembre, fut instituée par le Pape Pie X en mémoire de cette bataille.
La famille de Jan III Sobieski |
On rappellera que Jan III
Sobieski était marié à la Française Marie
Casimire Louise de la Grange d’Arquien. Leur fils aîné, Jakub Ludwik Henryk
Sobieski, né en 1667 à Paris, âgé donc d’à peine 16 ans, participa
à la bataille aux côtés de son père. Le matin de la bataille, il avait été armé
chevalier par son père, symboliquement avec l’épée que don Juan d’Autriche portait
à la bataille de Lépante.
Le Roi Jan III Sobiski et son fils aîné Jakub (Jacques) |
A méditer longuement.
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