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jeudi 18 septembre 2014

Lettonie : à Liepāja, l’ancien port militaire de Karostā


Cela fait bientôt une semaine que je suis rentré de Lettonie et il est donc plus que temps de justifier ce déplacement. Mon principal objectif était d’aller à Liepajā, port principal letton sur la Baltique, et notamment de visiter l’ancien port militaire de Karostā qui jouxte la ville.



C’est le 15 janvier 1890 que le Tsar Alexandre III décida de faire de Liepajā le port militaire principal de l’Empire russe sur la Baltique, anticipant une possible guerre contre l’Empire allemand dont le territoire, rappelons-le, s’étendait jusqu’à Memel (appelé aujourd’hui Klaipėda). Le port militaire, libre de glace toute l’année, au nord de la ville, s’intègra dans le système de défense de la ville, construit à la même époque (1893 – 1906). Dès 1898, on compte 30 navires de guerre dans le port. Autour se développe toute une ville réservée aux militaires et à leurs familles. L’ensemble de la construction est dirigée par un Major Général du nom d’Ivan Alfred Macdonald (1850 – 1906), sur lequel je n’ai rien trouvé.

Le port et la ville militaires recevront le nom de Port Alexandre III à la mort de celui-ci (1894) et ne prendront le nom de Karostā (contraction de Kara Osta, littéralement Port de guerre) qu’après l’indépendance de la Lettonie (1918).

En octobre 1939, l’armée soviétique prend possession de la zone et la ville se ferme à l’extérieur, les habitants de Liepaja n’ayant même pas l’autorisation d’y venir ! Après 1945, le port abrite pas moins de 30 sous-marins et 140 navires de guerre ! La ville et le port ne sont remis aux autorités lettones qu’en mai 1994.  
Quand je suis en Lettonie, je suis toujours à la recherche de traces de Français dans l’histoire, et il se trouve qu’à Karostā il y en a.

Devant le pont Oskars Kalpaks


Tout d’abord le Pont Oskars Kalpaks (Kalpaka Tilts), pont tournant reliant la ville civile et la ville militaire, est été construit à Saint-Pétersbourg d’après des plans de Gustave Eiffel, le moteur et le mécanisme, permettant de faire tourner le pont, étant fabriqués en Belgique.

Le pont en cours d'ouverture

Mais j’ai également appris, quasiment par hasard que deux sous-marins lettons, le « Spidola » et le « Ronis », avaient été construits en 1925 en France, respectivement au Havre et à Nantes. Leurs équipages ont également été formés en France. Gageons qu’à l’époque ça a soulevé moins de polémique que les actuels « Mistral »……

Le sous-marin "Ronis"

Je ne saurais passer sous silence, même si aucun souvenir français ne s’y rattache, la cathédrale maritime Saint-Nicolas, construite en 1903 mais dans le style du XVIIe siècle, pouvant contenir 1 500 fidèles et rendue au culte en 1994. Pendant la période soviétique, elle abritait en effet une salle de sport, un cinéma et un « sarkano stūrīti », un coin rouge, dont on peut imaginer que la vocation n’avait rien de religieuse…… Elle fut rendue au culte en décembre 1991 et est devenue aujourd’hui le (brillant) symbole du quartier.



Enfin, un des points forts de mon passage à Karostā fut la visite de la prison (Jūras Virssardze). Construite en 1904, le guide soulignait qu’elle avait connu des prisonniers de 7 armées différentes. Il est possible d’y vivre (volontairement) la vie des prisonniers de la période soviétique, et même d’y passer une nuit ! C’est une tentation que je n’ai pas eue.



Aujourd’hui, le quartier de Karostā ne compte plus guère que 7 000 habitants, cinq fois moins qu’à l’époque soviétique. En 1997, le parlement letton y a décrété la création d’une zone économique spéciale afin d’attribuer à la ville aussi bien qu’au port des fonctions civiles et non plus militaires. Mais il faudra d’abord passer par une nécessaire dépollution des terrains et du port, et par la destruction de la plupart des bâtiments de l’époque soviétique.





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