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lundi 21 juin 2021

Louis XVIII, SDF royal

 

Le comte de Provence jeune

Dans la nuit du 20 au 21 juin 1791, une berline lourdement chargée s'éloigne de Paris. À son bord le roi Louis XVI, la reine Marie-Antoinette et leurs deux enfants, Madame Élisabeth, la sœur du roi, et la gouvernante des enfants. Le 21 soir, au relais de poste de Sainte-Menehould, le maître de poste, Jean-Baptiste Drouet, qui a séjourné à Versailles, et qui, selon la légende, compare le visage du "valet de chambre" à l'effigie royale d'un écu, reconnaît le roi. Dans la nuit, la berline est arrêtée à Varennes en Argonne , le roi est formellement reconnu. La famille royale est renvoyée à Paris sous bonen escorte le 22 juin au matin.

Pendant ce temps-là, le 21 juin 1791 au matin, Louis-Stanislas-Xavier de France, comte de Provence, « Monsieur », futur Louis XVIII, s'enfuit du Palais du Luxembourg. Sous le nom de Michel Foster, grâce et en compagnie du comte, futur duc, d'Avaray et d'un domestique anglais, déguisé en marchand anglais, il va, lui, arriver le 23 juin à Mons, dans les Pays-bas autrichiens. Le 7 juillet 1791, il arrive à Coblence pour rejoindre l'armée des émigrés dont le chef de facto est son jeune frère le comte d'Artois, futur Charles X.

Le 26 janvier 1793, c'est à Hamm, en Westphalie, que les deux frères apprennent l'exécution du roi Louis XVI le 21 janvier. Le Dauphin, bien qu'enfermé à la prison du Temple, devient Louis XVII aux yeux des royalistes. Ce n'est qu'à son décès en 1795 que le comte de Provence deviendra officiellement Louis XVIII.

Il va s'ensuivre pour Louis XVIII, de 1793 à 1807, une longue période faite d'exil, d'isolement et souvent de pauvreté. Il est successivement à Turin (1794), Vérone (1794-1796), Riegel dans le Brisgau (1796) et Blankenburg dans le duché de Brunswick (1796-1798). Expulsé de Blankenburg à l'instigation du gouvernement français, il doit accepter l'hospitalité que le Tsar Paul 1er lui offre à Mitau, actuelle Jelgava en Lettonie.


Le château de Mitau, aujourd'hui Jelgava

Dans l'ancien palais des ducs de Courlande, Luis XVIII retrouve à peu près un style auquel il était habitué à Versailles. Ils se constitue une maison, avec une suite de 108, plus une centaine de gardes du corps équipés au frais du Tsar. Il passe le plus clair de ses journées dans son cabinet à expédier ses « affaires », tout comme s'il avait régné. Le 10 juin 1799, le duc d'Angoulême, fils aîné de son frère d'Artois, y épouse Marie-Thérèse-Charlotte, fille orpheline de Louis XVI et de Marie-Thérèse.

Mais le 20 janvier 1801, Louis XVIII est expulsé de Mitau à cause d'une lettre du comte d'Avaray, méprisante envers Paul 1er. Il rejoint Varsovie après un voyage chaotique qui voit notamment le roi, 46 ans, et sa nièce passer deux heures à pied dans la neige ! Il vont passer trois dans les palais du roi de Prusse avant que celui-ci, exaspéré par ces Français turbulents, ne les expulse lui aussi en septembre 1804.


Louis et Marie-Thérèse-Charlotte dans la neige

Louis va retrouver Mitau, mais un château de Mitau qui, depuis son précédent passage, a été abandonné et pillé. De plus, la pension de 200 000 roubles accordée par le Tsar n'est a priori pas payée régulièrement. Le tsar qui le visite fin mai 1807, avant la rencontre de Tilsit avec Napoléon 1er, déclarera : « C'est l'homme le plus nul et le plus insignifiant d'Europe » !

Mitau n'étant qu'à 300 km de Tilsit, c'est de lui-même que Louis XVIII quittera la Courlande pour l’Angleterre, via le port de Libau (Liepaja), le 3 septembre 1807, à bord du navire suédois « Troya ».

Louis XVIII séjournera en Angleterre de 1807 à 1814, et seule la chute de Napoléon 1er , enrayée provisoirement par les Cent Jours (20 mars-22 juin 1815), permettra la restauration de la monarchie bourbonienne. Il aura passé un tiers de sa vie, soit 23 ans, en exil.

Le "Roi-fauteuil"




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