Les photos de la veille : le Président Zatlers à BALTOPS 2010

L’exercice annuel de l’OTAN BALTOPS 2010 se déroule cette année du 7 au 19 Juin. Comme les années précédentes, il a pour objet d’améliorer la sécurité dans la région baltique dans un contexte multinational, notamment par des opérations de déminage. Mais, cette année, il présente deux nouveautés : un débarquement de matériel en Lettonie, et une opération amphibie en Estonie.

36 navires, 2 sous-marins, 3 000 militaires de 14 Etats de l’OTAN, plus le navire russe de débarquement « Kaliningrad », participent à cet exercice.

Le Président letton Valdis Zatlers a assisté hier (10 Juin) à Ventspils à l’exercice de débarquement des matériels. Pas facile de faire guerrier quand on n’a pas l’habitude ……

Ces inconnus lettons célèbres (3) : Walter Zapp

Si je vous dis Walter Zapp, il y a fort à parier que, comme à moi, ça ne vous évoquera pas grand-chose. Par contre, si je vous dis Minox, vous penserez immédiatement appareil photo subminiature, services de renseignement, guerre froide et films d’espionnage.

Eh bien, les deux sont liés. M. Walter Zapp est né à Riga en 1905, de mère germano-balte et de père allemand, qui furent déportés en Sibérie par le pouvoir tsariste en tant qu’ « étrangers ennemis ». De retour en 1918 dans ce qui était devenu la Lettonie indépendante, le jeune Walter devint apprenti chez un photographe d’art à Tallinn, en Estonie. Montrant une grande curiosité et une grande habileté avec les machines, Walter Zapp avait déjà déposé son premier brevet d’invention, une machine à découper le papier photographique, à l’âge de 20 ans.

Devenu de facto un ingénieur autodidacte, Zapp travaillera sur la miniaturisation d’un appareil photo dès les années 30, et en déposera le brevet en 1936 en Estonie, avant de le faire produire à partir de 1938 par la firme Valsts Elektrotehniskā Fabrika, plus connue sous l’acronyme VEF, à Riga (Le géant allemand de la photographie, Agfa, ne s’était pas montré intéressé …). Le premier modèle (1938 – 1943) est d’ailleurs baptisé « Riga » et est vendu à environ 17 000 exemplaires.

Walter Zapp se retrouvera après la guerre en zone d’occupation américaine et créera la firme Minox GmbH à Wetzlar, en Hesse. Mais des désaccords avec ses associés feront que Zapp quittera Minox GmbH en 1950 et s’installera en Suisse. Mais lorsque Minox sera rachetée en 1996 par Leica camera AG, cette dernière persuadera M. Zapp de renouveler son association.

Walter Zapp décèdera en 2003 en Suisse, près de Bâle. Une rue porte son nom à Wetzlar.

La société VEF, elle, a connu son apogée sous l’Union soviétique car l’entreprise fabriquait du matériel de communication destiné aux militaires. En 1991, elle comptait 20 000 employés. Avec l’ouverture du marché concurrentiel, sa production chuta de 90 % entre 1993 et 1997. Aujourd'hui, VEF existe toujours à travers deux entreprises, VEF KTR et VEF Telekom, qui emploient entre 100 et 200 personnes chacune.

Ces inconnus lettons célèbres (2): Mikhaïl et Sergei Eisenstein

Quand je fais visiter Riga (etc.…… cf. post d’hier) je demande, généralement dans le quartier Art Nouveau, quel est l’architecte letton célèbre dont le fils fut encore plus célèbre que lui. Quand j’ajoute que le fils était cinéaste, ça n’éclaire généralement pas la lanterne de mes interlocuteurs.

Et pourtant, une bonne partie des immeubles Art Nouveau, qui constituent 1/3 des immeubles du centre de Riga, ont été construits par l’architecte Mikhaïl Eisenstein. Et son fils, Sergeï Eisenstein, est un cinéaste universellement connu, grâce notamment à son film « Le cuirassé Potemkine », considéré en 1958 comme le meilleur film de tous les temps.

Mikhaïl Ossipovitch Eisenstein (en russe Михайл Осипович Эйзенштейн) est né à Saint Petersburg le 15 Septembre 1867, d’un père d’origine juive allemande et d’une mère d’une famille d’origine suédoise russifiée. Inscrit à l’Institut des ingénieurs civils de Saint Petersburg, il en sort dans les premiers et s’installe en 1893 (à 26 ans donc) à Riga, dont il devient rapidement l’architecte des édifices publics, avant de remplir le même rôle pour toute la Livonie.

Parallèlement à ses fonctions publiques, il est l’auteur d’une cinquantaine de projets architecturaux à Riga dans le style à la mode du moment, l’Art Nouveau. Passionné de théâtre et d’opéra, ses amis essayaient de deviner le nom des femmes représentées sur les immeubles qu’il construisait. Il épousera une jeune fille issue de la « bonne » société de Saint Petersburg, Youlia Ivanovna Konietskaïa, qui, en 1896, lui donnera un fils, Sergueï. Mais le couple se séparera en 1912.

Mikhaïl Eisenstein, nommé Conseiller d’Etat en 1915 (ce qui lui donnait droit à la noblesse héréditaire), farouche opposant à la révolution d’Octobre, émigra en Allemagne, où il mourut, à Berlin, le 2 Juillet 1921.

Son fils, Sergueï Mikhaïlovitch Eisenstein (en russe Сергей Михайлович Эйзенштейн) nait à Riga le 23 Janvier 1898. Celui-ci s’engage, tout comme ses condisciple de l’Ecole des Beaux-arts, à la suite des bolcheviques après la révolution d’Octobre 1917, devenant un propagandiste du régime, ce qui entrainera la rupture des relations entre le père et le fils. Ses premiers films se concentrent sur les questions sociales, notamment les conflits de classes (La grève – 1924, Le Cuirassé Potemkine – 1925, Octobre - 1928).

Il part toutefois parcourir l’Europe, puis les Etats-Unis, mais cette longue incursion en Occident rend Staline suspicieux et celui-ci l’oblige à rentrer en U.R.S.S. en 1932. Un superviseur « officiel » lui est adjoint pendant la création d’Alexandre Nevski (1938). La première partie d’Ivan le terrible (1944) reçoit l’approbation de Staline, mais la deuxième partie (1946) est censurée jusqu’en 1958 car Ivan y est décrit comme un tyran paranoïaque (Staline se serait-il senti visé ?)! La troisième partie reste inachevée et est en partie détruite. Sergueï Eisenstein meurt, à la suite d’une hémorragie, le 11 Février 1948 à Moscou. Mais, dans ses mémoires, il avait écrit que, toute sa vie, il avait été un citoyen de Riga.

En marge, on notera que, de l’âge de 10 ans jusqu'à sa mort, Sergueï Eisenstein s’est également adonné au dessin. C’est ainsi qu’il avait dessiné dans son enfance les deux sphinx de l’immeuble du 2a Alberta iela, construit par son père. Dans la célébrissime scène de l’escalier d’Odessa du film « Le cuirassé Potemkine », il fit mettre deux lions ailés qui lui rappelaient ces sphinx.

Ces inconnus lettons célèbres (1): Mikhaïl Baryschnikov

Lorsque je fais visiter Riga, je demande généralement, devant l’Opéra, quel a été son élève le plus célèbre. Et tout aussi généralement, on oublie de me citer le plus célèbre d’entre eux : le danseur Mikhaïl Baryschnikov. Comme en Lituanie, où beaucoup de Polonais célèbres étaient Lituaniens, certains Russes célèbres sont Lettons.

Mikhaïl Baryschnikov est né en effet à Riga le 27 Janvier 1948. Il commence ses études de danse à l’école de chorégraphie de l’Opéra de Riga assez tardivement, à l’âge de 12 ans. Mais ses professeurs, Nina Leontyeva et Juris Kaprālis, décèlent les capacités de cet adolescent, “fort comme un taureau mais gracieux comme une gazelle”. Au point qu’en 1964 il rejoint l’Académie du ballet russe Vaganova, à ce qui était alors Leningrad (Saint Petersbourg), successeur de l’Ecole du ballet impérial, où il a comme professeur Alexander Ivanovich Pushkin (1907-1970) qui avait déjà formé Rudolf Noureev. L’Académie étant l’école de formation du Théâtre Kirov (aujourd’hui Mariinsky), il en rejoint la troupe comme soliste dès 1966, sans passer par la case « corps de ballet ».

Baryschnikov devient rapidement populaire auprès du public soviétique, mais il souffre de l’académisme impose par le régime, y compris dans le domaine de la danse moderne. Il fera défection en Juin 1974 au cours d’une tournée du Kirov à Toronto, au Canada, et fera à partir de là les beaux jours de l’American Ballet Theater, puis du New York City Ballet qui a comme chorégraphe un certain George Balanchine. En marge de sa carrière de danseur, on le verra apparaitre également à l’écran, y compris dans la saison 6 du feuilleton TV « Sex and the city ». Il devient citoyen des Etats-Unis le 3 Juillet 1986.

Celui qui est considéré, avec Nijinski et Noureev, comme l’un des plus grands danseurs du XXe siècle, n’oublie pas pour autant la Lettonie. Il y danse dans Don Quichotte, un ballet de Marius Petita, avant sa défection en 1974 et il reviendra à l’Opéra de Riga en 1997 pour un gala de charité.

“L’essence de tout art est de prendre du plaisir en donnant du plaisir” - Mihails Barišņikovs