Vendredi dernier 21 Mai, une manifestation a réuni … une demi-douzaine de personnes devant l’Ambassade de France à Riga. Des manifestations semblables ont également eu lieu devant, au moins, les Ambassades britannique et belge. Réunies à l’appel de l’organisation « Vienota Latvija » (Lettonie Unie), elles protestaient contre la décision de la Grande Chambre de la Cour Européenne des Droits de l’Homme de juger comme légale la condamnation par la Lettonie de Vasiliy Kononov pour crimes de guerre.
Retour sur les faits.
Le 29 Février 1944, les habitants du village de Mazie Bati, en Latgale (sud-est de la Lettonie) autorisèrent 12 partisans prosoviétiques à passer la nuit dans l’une des granges du village. Le lendemain matin, à 6H, des troupes allemandes tirèrent sur la grange et y mirent le feu, tuant les 12 partisans.
Le 27 Mai 1944, un détachement du 1er Bataillon de partisans lettons, dirigé par Vasiliy Kononov, monta une opération punitive contre le village de Mazie Bati. Ils portaient des uniformes de l’armée allemande, de façon à ne pas attirer la suspicion des villageois. Alors que Kononov avait reçu l’ordre de les arrêter, 9 villageois furent tués, dont trois femmes, l’une d’elles, en état de grossesse avancée, étant brulée vive.
Vasily Kononov avait fuit la Lettonie (occupée et annexée par les soviétiques depuis 1940) devant l’avance allemande en Aout 1941, pour rejoindre l’armée soviétique. Il avait été parachuté par la suite en territoire letton occupé, afin de diriger un commando de partisans. Après la guerre, il fut décoré de l’ordre de Lénine, la plus haute décoration soviétique.
Redevenu letton après la chute de l’URSS, Kononov fit l’objet de poursuites pénales en Lettonie pour crimes de guerre et fut condamné à ce titre. Mais, en cours de procédure, la citoyenneté russe lui a été octroyée par une décision spéciale du Président russe de l’époque, Vladimir Poutine (Avril 2000). La Russie, s’opposant à ce que soit condamné un homme qu’elle considère comme un héros, a donc porté l’affaire devant la Cour Européenne des Droits de l’Homme. Mais celle-ci a refusé de condamner la Lettonie, considérant qu’elle n’avait pas violé l’article 7 (pas de peine sans loi) de la convention européenne des droits de l’homme (17 Mai 2010).
Voir l’arrêt complet de la Grande Chambre :
http://cmiskp.echr.coe.int/tkp197/view.asp?action=html&documentId=867802&portal=hbkm&source=externalbydocnumber&table=F69A27FD8FB86142BF01C1166DEA398649
Depuis, illustration de la lecture divergente de l’histoire entre la Russie et les anciens satellites de l’URSS, les autorités russes multiplient les déclarations pour condamner la décision de la Cour de Strasbourg. M. Sergueï Lavrov, Ministre des Affaires étrangères, a déclaré notamment « qu’il était surprenant que de telles décisions soient prises contre ceux qui ont combattu le fascisme ». M. Serguei Mironov, Président de la chambre haute du Parlement russe, en appelait, lui, à la Commission russe pour contrer les tentatives de falsification de l’histoire. Eduards Svatkovs, leader de « Vienota Latvija » très lié aux Nachi (Наши) russes, accuse ni plus ni moins la Grande Chambre de glorifier le fascisme ! Mais les décisions de la Grande Chambre sont définitives et sans appel.
Ce qui est surprenant, c’est qu’une manifestation ait eu lieu devant l’Ambassade de France. Car seuls 3 juges sur 17 se sont opposés à la décision de la Grande Chambre de la Cour Européenne des Droits de l’Homme, dont son Président, le Français Jean-Paul Costa, qui donnait donc raison à la Russie.
Plus largement cette protestation s'inscrit dans la volonté actuelle du pouvoir russe de défendre la mémoire russe de la seconde guerre mondiale. Bien que c'est largement compréhensible, au final c'est futile, d'ici quelque années la seconde guerre mondiale ne sera plus qu'une page des livres d'Historie comme une autre.
RépondreSupprimerEncore faudra-t-il avoir la meme page dans les livres d'histoire. Or, pour l'instant, on ene est loin.
RépondreSupprimeroh je pense qu'une fois que cette affaire sera oublié les historiens pourront en discuter plus tranquillement.
RépondreSupprimerQuand vous voyez que, dans la "Commission russe pour contrer les tentatives de falsification de l’histoire":
RépondreSupprimer# est dirigee par Sergueï Narychkine, le chef de l'administration présidentielle.
# qu'a ses côtés, on compte plusieurs de ses collaborateurs, d'anciens ministres, des hommes du Conseil de sécurité russe, du FSB et du Service des renseignements extérieurs.
# et qu'il n'y a que 3 historiens dans cette commission devant - en principe - traiter d'histoire.
On peut legitimement douter que la page ne soit tournee avant longtemps.
Oh, ca je n'en doute pas. Mais comme j'ai déjà dit leur effort est futile car au fur et à mesure que le temps passe(et ceux qui ont vécu cette époque meurent)les gens et les jeunes notamment sont de moins en moins touchés par cette mémoire là. In fine la grande guerre patriotique n'aura plus de sens que "la grande guerre" ou "la der des der", à savoir aucun.
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