Pour l’Europe, le 8 Mai marque la fin de la Deuxième Guerre mondiale en Europe. En fait, la reddition de l’armée allemande a été signée à Reims dès le 7 Mai, mais Staline exigea qu’elle le soit également à Berlin, occupée par l’armée rouge. Ce qui sera fait le 8 Mai, la capitulation allemande entrant en vigueur le 8 Mai à 23H01, heure d’Europe centrale, soit le 9 Mai à 00H01, heure de Moscou. C’est la raison pour laquelle la Russie ne célèbre que le 9 Mai la fin de la « Grande Guerre Patriotique ».
On notera au passage que le vocabulaire a son importance. Car, en parlant de « Grande Guerre Patriotique », la Russie fait commencer celle-ci au 22 Juin 1941, lorsque l’Allemagne nazie s’est retournée contre son alliée du moment, la Russie soviétique. Ça permet de faire oublier que la dite-Russie soviétique de Staline est coresponsable du déclenchement de la guerre, ayant attaqué, de concert avec l’Allemagne nazie d’Hitler, la Pologne en Septembre 1939, conformément à l’accord Molotov – Ribbentrop du 23 Aout 1939.
On notera également que ce 8/9 Mai 1945 marque symboliquement le début de 45 ans d’occupation de la moitié est de l’Europe par la Russie soviétique, occupation initiée dès 1940.
Ce 9 Mai 2011 voit, en outre, se développer en Ukraine un psychodrame.
Le 21 Avril, la Verkhovna Rada (le Parlement monocaméral ukrainien, actuellement dominé par le Parti des Régions, russophile, du Président Viktor Ianoukovytch) a voté une loi permettant d’arborer le drapeau rouge sur les bâtiments publics le 9 Mai, à côté du drapeau ukrainien. Le 4 Mai, le Président Ianoukovytch a précisé qu’il signerait la loi dès qu’il la recevrait. Inutile de préciser que, pour une bonne partie des Ukrainiens, notamment dans l’ouest du pays, cette loi fait l’effet d’un …… chiffon rouge !
En réaction, le Conseil municipal de Lviv a décidé d’interdire l’utilisation des symboles de l’URSS (« état totalitaire disparu ») et du parti communiste sur le territoire de la ville, suivi en cela par le Conseil régional d’Ivano-Frankivsk (ouest de l’Ukraine).
En réaction de la réaction, 6 bus de manifestants pro-russes en provenance d’Odessa et de Crimée auraient pris la route pour défiler, drapeaux rouges déployés, à Lviv le 9 Mai.
En conséquence, le 6 Mai, la Cour administrative de la région de Lviv a donné raison à la municipalité de Lviv qui a interdit les défilés prévus par les partis politiques et les ONG le 9 Mai, précisant bien que cette interdiction ne concernait pas les défilés officiels du jour de la victoire organisés par la ville et la région (cf. http://www.kyivpost.com/news/politics/detail/103809/ ). Dans une rhétorique de désinformation qui lui est coutumière, RIA-Novosti (agence de presse russe « la voix de son maitre du Kremlin) titre : « Ukraine: la célébration du Jour de la victoire interdite à Lvov » (cf. http://fr.rian.ru/world/20110507/189406783.html ).
Il n’en reste pas moins que cette initiative de la Verkhovna Rada, surtout si elle est suivie par le Président Viktor Ianoukovytch, aura réussi à élargir le fossé entre l’est et l’ouest du pays. Mais, en prenant le devant de la scène médiatique, elle permet de faire oublier pendant un temps l’échec du régime Ianoukovytch en matière économique et l’évolution de l’Ukraine vers un système autoritaire « à la Poutine ».
A lire, un long article post 9 Mai et les incidents de Lviv, plus documenté et écrit avec plus de compétence que je ne pourrais le faire:
RépondreSupprimerhttp://pan-doktor-exrudis-vseznayko.over-blog.com/article-en-ukraine-la-grande-guerre-patriotique-continue-73530681.html