Le 28 Mars, de retour d’Afrique
du Sud où il avait participé au sommet des BRICS (Brésil, Russie, Inde ?
Chine, Afrique du Sud), le Président russe Vladimir Poutine a lancé à 4 heures
du matin locales une manœuvre impromptue en Mer Noire,
en remettant une enveloppe scellée au Ministre de la Défense, Sergueï Choïgou.
Vladimir Poutine et Sergueï Choïgou |
Selon le Ministère russe
de la Défense, 36 navires basés à Sébastopol,
base navale russe en Crimée (Ukraine / point violet sur la carte) et à Novorossisk (kraï de Krasnodar / point
rouge), 7 000 hommes (notamment troupes d’intervention rapide et troupes
aéroportées), 250 blindés, 50 pièces d’artillerie et 20 avions de combat ont
été mobilisés. Il s’agissait officiellement de tester la préparation au combat
des troupes du commandement militaire de la région sud, notamment leur capacité
de réaction face à une situation d’urgence. Il s’est agi en fait d’une
répétition à grande échelle d’une opération interarmées, comportant notamment
un débarquement sur la côte caucasienne, impliquant un appui aérien et naval
des troupes au sol.
Bases russes de Sébastopol (Crimée) et Novorossisk |
Un exercice comparable s’était
déjà déroulé en région centre en Février dernier et avait démontré le manque de
préparation des forces. Des inspections de la flotte de la Mer Noire ces
derniers mois avaient également montré de nombreuses insuffisances. Il est d’ailleurs
vraisemblable que de tels exercices deviennent la norme, afin de s’assurer du
degré de préparation des forces armées
russes et le succès des réformes militaires.
Cet exercice en Mer noire
a suscité quelques inquiétudes dans les pays voisins. La Russie n’a pas informé
ses partenaires étrangers de ces manœuvres, argumentant que ce n’était pas
nécessaire lorsque le nombre de militaires participant était inférieur à 7 000.
Le Président de la commission des Affaires étrangères du Parlement géorgien a
commenté que « la Géorgie {avait} sa propre expérience avec la Russie »,
faisant allusion à la guerre russo-géorgienne d’Août 2008, et le Ministre
géorgien des Affaires Etrangères a fait part de sa vive préoccupation devant ce
qu’il a considéré être une provocation. L’Ukraine n’a par contre pas réagi,
sans doute parce qu’elle aurait été prévenue six jours auparavant. Mais il est
vraisemblable que ce déploiement de forces avait aussi comme objectif de
rappeler que la Russie entendait jouer un rôle géopolitique dans la région Mer
Moire – Méditerranée, et de notamment souligner que la Russie considérait la
Mer Noire comme une « Mare Clausum et Nostrum ».
(On notera au passage que
la base navale de Novorossisk bénéficie de travaux d’extension et de requalification,
étalés sur la période 2004 – 2020. La base agrandie avait été prévue pour
éventuellement accueillir la flotte de la mer Noire au cas où le bail de
Sébastopol, qui arrivait à échéance en 2017, n’aurait pas été reconduit. Mais, depuis,
il a été prolongé jusqu’en 2042).
Extension (au milieu en blanc) de la base navale de Novorossisk |
Par ailleurs, et toujours
dans la même logique, des navires de la Flotte russe du Pacifique ont été
détachés pour former une escadre permanente de la marine
russe en Méditerranée (Référence « La Voix de la Russie »
du 5 Avril). Le groupe d’une dizaine de navires, avec à sa tête le grand navire
anti-sous-marin « Amiral Panteleev »,
plusieurs grands navires de débarquement comme le « Peresvet » et l’ « Amiral Nevelski » et deux navires de soutien et ravitaillement,
a quitté la Mer de Chine et devraient passer le canal de Suez à la mi-Mai. Il
devrait être subordonné au commandement de la flotte de la Mer Noire.
Cette mise sur pied est
conforme au « Plan pour défendre la Russie jusqu’en 2016 » approuvée
par Poutine fin Février. Ce plan, doctrine militaire qui ne disait pas son nom,
prévoyait entre autres de recréer une présence navale permanente en
Méditerranée, présence qui n’était plus effective depuis 1992.
Depuis son retour au
Kremlin en Mai 2012 (mais l’avait-il réellement quitté ?), Vladimir
Poutine a décidé de procéder à un réarmement sans précédent de la Russie, avec un
programme d’équipement de 550 milliards d’€ sur les dix ans à venir. Dans la
région Mer Noire – Méditerranée, des moments « intéressants » sont sans
doute à prévoir ……
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