Le 11 mars 1990, la Lituanie proclamait son
retour à l’indépendance, après 50 ans d’occupation soviétique. L’Union
soviétique n’acceptant pas cette indépendance, elle va essayer de faire plier
la jeune démocratie lituanienne en imposant, d’avril à juin 1990, un blocus
économique. Puis elle envoie ses OMON (ОТРЯД МИЛИЦИИ ОСОБОГО НАЗНАЧЕНИЯ = Police des Forces Spéciales) attaquer,
entre autres, les postes frontières qu’elle considère comme illégaux.
A la suite de l’attaque de
la tour de télévision de Vilnius, du 11 au 13 janvier 1991, au cours de laquelle 14 civils sont tués,
les troupes soviétiques attaquent et brûlent les postes frontières de
Medininkai et Lavoriškės le 27
janvier 1991. Déjà, le 19 mai 1991, un Officier des gardes frontières, Gintaras Žagunis, est tué.
C’est le 31 juillet 1991, à 4 heures du
matin, qu’a lieu le massacre du poste frontière de Medininkai. Un groupe
d’OMON venu de Riga fait prisonnier les sept agents des douanes (non armés) et
policiers et les exécute d’une balle à la base de la nuque alors qu’ils sont
ligotés au sol.
Les victimes sont :
Mindaugas Balavakas
Algimantas Juozakas
Juozas Janonis
Algirdas Kazlauskas
Antanas Musteikis
Stanislovas Orlavičius
Ričardas Rabavičius
Un
douanier, Tomas Šernas, survivra
miraculeusement mais restera sévèrement handicapé, cloué à vie dans une chaise
roulante. Depuis, il assiste à toutes les cérémonies commémoratives. A l’époque,
il était biologiste au zoo de Kaunas et il s’était dit qu’il devait faire
quelque chose pour son pays nouvellement indépendant. C’est ainsi qu’il s’était
porté volontaire comme agent des douanes, ce qui était également le cas des
autres victimes. Il est aujourd’hui pasteur de l’Eglise Réformée à Vilnius.
Tomas Šernas |
Cette
affaire empoisonne toujours les relations entre la Lituanie et la Russie. Un
seul des auteurs de l’assassinat (ainsi qualifié car la préméditation a été
retenue), Konstantin Mikhailov, a été arrêté en 2008 et pu être jugé et condamné
à la prison à vie. Les autres, et notamment le chef du détachement OMON,
Cheslav Mlynik, étant citoyens russes, la Russie refuse de les extrader,
argumentant que ça violerait la Constitution russe.
L’ancien
poste frontière de Medininkai est devenu un mémorial, à 100 mètres du poste de
douane actuel avec le Bélarus. S’il n’est pas ouvert, la clé peut être
empruntée au poste de douane. Les 7 victimes sont enterrées au cimetière d’Antakalnis
à Vilnius. Les OMON existent toujours et se sont encore récemment « illustrés »
en Tchétchénie (1994-1996 et 1999-2000) et en Géorgie (2008).
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