(En avance sur le
calendrier en raison de contraintes personnelles, le présent post revient sur
le putsch de Moscou des 19 – 21 août 1991, sur lequel on peut encore
légitimement se poser des questions).
Mikhaïl Gorbatchev avait
été nommé secrétaire général du Comité central du Parti communiste de l’Union
soviétique, le 11 mars
1985. Il s’efforce de sauver le système soviétique en lançant dès 1985 un
programme de réformes, mettant en place une politique de transparence politique
(glasnost) et de restructuration économique (perestroïka).
Ces changements
déclenchèrent des résistances de la part des membres conservateurs du parti
communiste, mais aussi des agitations nationalistes de la part des minorités
non russes de l’URSS. Sur ce dernier point, les Républiques constituant l’URSS
(à l’exception notable des Etats baltes qui avaient déjà déclaré leur
indépendance) acceptèrent un traité qui leur donnait une autonomie presque
totale, au sein d’une fédération où seules la politique étrangère et la politique
de défense seraient communes. Ce traité devait être signé le 20 août 1991.
Or, la veille, 19 août 1991, un groupe
se faisant appeler le « Comité d’Etat pour l’état d’urgence » (ГКЧП), essaya de prendre le pouvoir à Moscou.
Ce groupe annonça que Gorbatchev, en vacances à Foros en Crimée, était malade
et que le vice-président de l’Union soviétique, Guennadi Ianaïev était nommé président pas intérim. Le comité de 8
membres comportait également le responsable du KGB, Vladimir Krioutchkov, le Ministre de l’Intérieur, Boris Pougo, et le Ministre de la
Défense, Dmitri Iazov. Or ces hommes
d’expérience, à des postes clés, n’utilisent pas les moyens qu’ils possèdent
pour prendre réellement le pouvoir !
Les putschistes |
Le Comité utilise les anciennes méthodes, la
censure et l’interdiction des médias, tout en restant muet, enfermé au Kremlin.
Ses membres vont trouver en face d’eux Boris
Eltsine, Président élu de la fédération de Russie, une des républiques
constituant l’URSS, va alimenter un courant d’information en continu, faisant
appel à l’émotion, à la dramatisation.
En effet, à la nouvelle du coup d’Etat, Boris Ieltsine se rend le 19 août à 10 heures du matin
au Parlement, monte sur un des chars mis en place par les putschistes et, dans
une déclaration très médiatique, dénonce le coup d’Etat et appelle à la grève
générale. Là encore, le Comité d’Etat laisse diffuser par la télévision, que
pourtant il contrôle, des images d’Eltsine fraternisant avec les tankistes et
faisant son discours !
Boris Eltsine, debout sur un char, arrangant la foule devant la "Maison Blanche" (Parlement russe) |
Il y eu des heurts contre
les manifestants, mais, dans l’ensemble, il y eut très peu de violences, et le
fait que les troupes se rangent, le 21 août, du côté des manifestants et donc d’Eltsine,
signa la fin du putsch.
La conséquence la plus
spectaculaire de l’échec du putsch fut que l’URSS reconnut l’indépendance des
Etats baltes, puis celle des autres républiques qui suivirent. L’URSS devint
une coquille vide et, le 8
décembre 1991, les dirigeants de la Russie (Boris Eltsine), du Bélarus (Stanislav
Chouchkievitch) et d’Ukraine (Leonid Kravtchouk) se réunirent à Minsk pour
annuler le traité de 1922 qui avait établi l’Union soviétique. Le 25 décembre 1991,
Gorbatchev démissionna de son poste de président soviétique : l’Union
soviétique avait cessé d’exister.
Gorbatchev à son retour de Crimée |
Ce qui est moins connu, c’est
que, dans les mois qui suivent le putsch, l’aide occidentale à l’Union
soviétique est augmentée. Le 21 novembre 1991, le G7 accorde un report de
paiement des intérêts de la dette publique soviétique et octroie de nouveaux
crédits.
Certains, comme par
exemple Vladimir Boukovski, pensent que le putsch n’aurait été en fait que l’application
d’un scénario monté avec Gorbatchev, destiné à une reprise en main du style
Jaruzelski contre Solidarnosc en Pologne en 1980. Il faut en tout état de cause
souligner qu’in fine le grand gagnant de ce putsch a été le Président russe
Boris Eltsine.
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