Après la période trouble
des guerres d’indépendance qui ont suivi la première Guerre mondiale, après que
les bolcheviks eurent essayé d’établir des républiques soviétiques dans la
région de la Baltique, les trois Etats baltes, qui avaient déclaré leur
indépendance en 1918, signèrent des traités de paix avec la Russie soviétique :
# L’Estonie, le traité de Tartu du 2
février 1920 ;
# La Lituanie, le traité de Moscou du 12
juillet 1920 ;
# La Lettonie, le traité de Riga du 11
août 1920.
Après
une période de stabilité (1926 – 1933), au cours de laquelle l’Union soviétique
(créée le 30 décembre 1922) signe des traités de non agression avec ses
voisins, la prise de pouvoir par Hitler le 30 janvier 1933 va faire que les
Etats baltes vont se retrouver coincés entre deux géants totalitaires. Ces
menaces externes vont conduire à la conclusion de l’Entente Baltique le 12 septembre 1934. Les Républiques baltes y
décidaient d’une politique extérieure commune, mais, n’étant dirigée contre
personne, elle ne prévoyait aucune assistance militaire.
Le
12 mars 1938, l’Allemagne annexe l’Autriche (« Anschluβ »). Les 29 et 30 septembre 1938, ce sont les accords
de Munich, première étape du démantèlement de la Tchécoslovaquie, consommé en
mars 1939. Mais surtout, le 22 mars 1939, suite à un ultimatum allemand, la
Lituanie est forcée de restituer Klaipėda à l’Allemagne, qui redevient Memel.
Signature du pacte Molotov-Ribbentrop |
Finalement,
le 23 août 1939, est signé le « Traité de non-agression entre l’Allemagne et
l’Union soviétique », plus connu sous le nom de Pacte Molotov-Ribbentrop (j’y reviendrai en détail prochainement).
En
vertu des protocoles secrets du pacte, qui délimitaient les sphères d’influence
de l’Allemagne nazie et de l’URSS dans les pays situés entre eux, L’Allemagne envahit
la Pologne par l’ouest le 1er septembre 1939 et l’URSS par l’est le
17 septembre 1939. Le 30 novembre 1939, l’URSS lance la « guerre d’hiver »
contre la Finlande, mais sans apparemment une grande préparation.
Suivant
un processus qui est toujours d’actualité, les soviétiques exercèrent fin
septembre 1939 des pressions sur les Etats baltes : concentrations de troupes
à leurs frontières, navires de guerre au large de leurs ports, incursion de
bombardiers dans leur espace aérien. Les Etats baltes n’eurent donc d’autre
ressource que de signer des « traités d’assistance mutuelle » :
l’Estonie le 28 septembre, 1939 la Lettonie le 5 octobre 1939 et la Lituanie le 10
octobre 1939. Dans un geste d’une grande magnanimité (sic), ce dernier traité
transférait Vilnius et sa région (occupées par les Polonais depuis 1920) à la
Lituanie. Par ces traités, les Etats baltes, officiellement neutres durent
accepter la présence de bases terrestres, navales et aériennes soviétiques sur
leurs territoires.
Ayant
la garantie de la neutralité de l’URSS, l’Allemagne nazie attaque les Pays-Bas,
la Belgique et le Luxembourg le 10 mai 1940 et sont, grâce à la « Blitzkrieg », dès le 11 mai sur la
frontière française. L’armistice est signé le 22 juin 1940.
Parallèlement,
les soviétiques organisent de leur côté une campagne de presse contre les
prétendues sympathies alliées des gouvernements baltes. Le prétexte qui allait
conduire à l’occupation de la Lituanie est emblématique.
Staline et Molotov |
Le
25 mai 1940 (la veille de l’évacuation de Dunkerque), le Ministre soviétique
des Affaires Etrangères, Viatcheslav Molotov, présentait une note diplomatique
accusant la Lituanie de l’enlèvement de trois soldats soviétiques stationnés en
Lituanie. Deux soldats auraient été torturés pour obtenir des secrets
militaires, mais auraient réussi à s’échapper, alors que le troisième, un
dénommé Butayev, aurait été assassiné. A la vérité, Butayev avait déserté son
unité plusieurs jours auparavant, avait été retrouvé par la police lituanienne,
mais s’était suicidé. C’est toutefois sur cet incident totalement inventé que
vont être montées l’invasion, l’occupation puis l’annexion de la Lituanie par l’Union
soviétique.
(à
suivre)
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