La famille de Choiseul est
une famille noble française dont on a notamment entendu parler (du moins, à l’époque
où l’Histoire était encore aux programmes scolaires) à travers du duc
Etienne-François, Premier Ministre de Louis XV de 1758 à 1770. Mais la famille
de Choiseul comportait plusieurs branches dont une des moins connues en France est
sans doute celle des Choiseul-Gouffier. En France car en Lituanie, et notamment
en Žemaitija, ce n’est pas le cas !
Marie-Gabriel-Florent-Auguste, comte de Choiseul-Gouffier |
Au début était Marie-Gabriel-Florent-Auguste, comte de
Choiseul-Gouffier (1752 – 1817), qui, très jeune, se passionne pour les
antiquités et qui, à l’âge de 24 ans, participe à un voyage de la frégate « Atalante »
ayant notamment pour but d’établir une carte de la Méditerranée. A son retour,
il publie le premier volume de son « Voyage
pittoresque de la Grèce » qui remporte un grand succès. Cela lui vaut
d’être élu en 1783 (à l’âge de 32 ans !) à l’Académie Française et d’être
nommé en 1784 ambassadeur « du Roi très Chrétien près la Sublime Porte »
(Empire Ottoman). Pendant ce séjour, il en profite pour parfaire sa
connaissance de la Grèce.
Lorsque survient la
Révolution française, il refuse son rappel en France de crainte d’être
guillotiné. Il ne se résout à partir qu’en décembre 1792, s’exilant à
Saint-Pétersbourg où l’impératrice Catherine II l’avait invité. Il y devient un
parfait courtisan, mais ce ne sera qu’en juin 1797 qu’il sera nommé Président
de l’Académie des Beaux-arts, puis Directeur des bibliothèques impériales par
le nouveau Tsar Paul 1er. Avec ces postes prestigieux, il reçoit des
terres en Lituanie, à Plateliai en Žemaitija,
terre comprenant également « 1966 serfs mâles avec leurs femmes et leurs
enfants ».
Le Tsar Paul 1er |
Mais, subissant l’humeur
fantasque de Paul 1er, devenu entre temps un admirateur de Napoléon Bonaparte,
Marie-Gabriel comte de Choiseul-Gouffier est démis de ses fonctions à
Saint-Pétersbourg et est exilé sur ses terres lituaniennes. Après l’assassinat
de Paul 1er (12 mars 1801), le comte peut revenir à Saint-Pétersbourg.
Mais ce sera pour peu de temps car, en octobre 1801, il est rayé des Français émigrés,
ses biens lui sont restitués et il rentre en France
en mars 1802.
Mais l’histoire des
Choiseul-Gouffier en Lituanie ne s’arrête pas là.
De son premier mariage, Marie-Gabriel
comte de Choiseul-Gouffier avait eu cinq enfants mais un seul garçon, Antoine-Louis-Octave (1773 – 1840). C’est
lui qui se fixe en Lituanie et qui épouse, en 1801, la comtesse Viktoria
Potocka. Mais celle-ci lui préférant finalement un général russe,
Antoine-Louis-Octave se remarie en 1818 avec Sophie Victoire Tyzenhausen (Sofija
Tyzenhauzaitė 1790 – 1878). Celle qui est devenue Sofija Šuazel-Gufjė et qui obtiendra la nationalité française, est
considérée comme la première femme écrivain de Lituanie. Elle se fera remarquer
par ses romans basés sur l’histoire lituanienne et polonaise. En 1862, elle
écrit également « Réminiscences sur l’empereur Alexandre 1er et
sur l’empereur Napoléon 1er » où elle se rappelle que, jeune fille
de 22 ans, elle avait dansé avec le Tsar à Vilnius, le soir où celui-ci avait
appris que la Grande Armée avait commencé à franchir le Niémen à Kaunas (24
juin 1812).
Sophie de Choiseul-Gouffier |
Antoine-Louis-Octave aura
quatre garçons et deux filles, et on retrouvera sa descendance en Russie, en
Lituanie, en Allemagne et en Roumanie. La famille deviendra très riche et d’autres
propriétés viendront s’ajouter en Lituanie au domaine initial de Plateliai. Mais
les Choiseul-Gouffier seront dépossédés de leurs domaines en 1940, lors de la
première occupation soviétique. La lignée s’éteindra par les hommes en 1949 et
par les femmes en 1996. Le manoir de Plateliai brûlera, a priori
accidentellement, en 1943 et il existe toujours un projet de reconstruction ……quand
les fonds le permettront.
Restes des communs du manoir de Plateliai |
NB : Je ferai un conférence plus détaillée sur les
relations entre la famille de Choiseul-Gouffier et la Lituanie, à l’occasion
des journées de la Francophonie, donc a priori en mars 2016, à Kaunas …… et peut-être ailleurs.
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