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lundi 20 décembre 2010

Présidentielles au Bélarus : Lukashenka à 72 %, comme prévu


Le scénario avait été écrit à l’avance. La présidente de la Commission Electorale Centrale bélarusse avait fixé l’objectif il y a quelques jours, pronostiquant l’élection d’Alexandre Lukashenka au premier tour, avec 72 % des voix. A partir de cette base, les « ressources administratives » se sont mises en action. Elles ont été bien aidées par le vote par anticipation qui aurait atteint 23 % des quelques 84 % de votants, les militaires, étudiants et membres des fermes collectives étant en outre « invités » à « bien » voter.

Le premier sondage sorti des urnes hier soir a été impressionnant : 72,03 % des voix pour Lukashenka ! Par la suite, les instituts lui ont donné entre 72 et 76 %. Le site lituanien 15min.lt avance même à 07H49 ce matin le chiffre de 79,67 %, le suivant, Andrey Sannikov, n'obtenant que .... 2,56 %. Staline disait : « Ce qui compte, ce n’est pas qui vote, mais qui compte les votes » !

L’opposition a, elle aussi, joué son rôle. La plupart des candidats, estimant que Lukashenka n’avait en fait recueilli que 31 % des voix et qu’un deuxième tour était nécessaire, ont appelé à manifester place d’Octobre (Kastrychnitskaya) puis, par l’avenue de l’Indépendance (Nezaleshnastsi), se sont dirigés vers la place éponyme. Là, les manifestants, réclamant le départ de Lukashenka et la tenue de nouvelles élections, tentèrent de pénétrer dans l’immeuble du Gouvernement pour y installer un « Gouvernement de Salut National ».

Mais la police avait également eu le texte du scénario. Des dizaines de manifestants ont été arrêtés et emmenés dans les locaux du KGB (qui, au Bélarus, s’appelle bien toujours le KGB), parmi eux quatre des candidats : Andrey Sannikov, Nikolay Statkevich, Grigory Kostusev et Vitaly Rymashevsky. Vladimir Neklayev, lui, avait déjà été blessé par la police et emmené en ambulance.

Parallèlement, l’accès aux sites sociaux tels Facebook et Twitter a été bloqué, et les bureaux du principal site d’opposition, Charter97, a été investi par la police anti émeutes à 4h40 locales (03H30 heure française) et ses animateurs emmenés au KGB. Il est donc désormais difficile de savoir ce qui se passe à Minsk.

Mais, comme je l’ai dit au fil des posts, c’est maintenant que les choses sérieuses vont commencer, avec les réactions – non encore connues – des deux principaux partenaires du Bélarus : l’Union Européenne et la Russie.

Faute de réformes, l’économie du Bélarus ne survit que par l’aide de la Russie, notamment grâce à des réductions substantielles sur les prix du gaz et du pétrole. Mais cette aide pourrait s’arrêter. L’Union Européenne, elle, a conditionné une aide de plusieurs milliards d’Euros à des progrès démocratiques et à la tenue d’élections libres. On semble en être loin.

Le plus cocasse serait que la Russie fomente une révolution de type orange pour installer un candidat à elle (mais lequel ?). Ça ne manquerait pas de sel alors que, depuis plusieurs années, Vladimir Poutine musèle son opposition et les ONG, avec des méthodes que ne renierait pas Lukashenka, dans la peur qu’une telle « révolution de couleur » puisse arriver en Russie.

1 commentaire:

  1. En voilà un très beau spectacle! Mes compliments aux acteurs qui ont joué leurs rôles respectifs à la perfection!

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