Le 4 Février 1945 s’est
ouverte dans le plus grand secret, au Palais de Livadia, près de Yalta en Crimée, une conférence réunissant les chefs d’Etats ou de gouvernement d’Union
soviétique (Joseph Staline), des Etats-Unis (Franklin D. Roosevelt) et de Grande-Bretagne
(Winston Churchill).
Churchill, Roosevelt et Staline |
Le but de cette conférence
était d’adopter une stratégie commune afin de hâter la fin de la guerre, de
régler le sort de l’Europe après la défaite allemande et de garantir la
stabilité d’un nouvel ordre mondial.
A ce moment-là, Staline
est en position de force car les armées soviétiques sont à une centaine de
kilomètres de Berlin. Par contre, Roosevelt est déjà malade (il décédera deux
mois plus tard, le 12 Avril 1945), les Américains ont été mis en difficulté
dans les Ardennes, et le Président américaina la naïveté de croire en la parole
de Staline, alors que celui-ci violera les accords immédiatement après leur
signature.
Durant cette conférence, le
statut de la Pologne a été âprement disputé. Et c’est finalement la version
soviétique de la ligne Curzon de 1919 – 1920 qui a été adoptée comme frontière
orientale de la Pologne.
Mais le sort des Etats
baltes n’a semble-t-il pas été évoqué. Du moins, ils ne sont pas cités dans le
communiqué officiel du 11 Février 1945. Il s’agissait pourtant bel et bien d’Etats
souverains jusqu’en Juin 1940 et leur invasion, puis annexion par l’Union
soviétique.
Le déplacement de la Pologne vers l'ouest |
Leur sort
avait déjà été scellé par les trois alliés de
circonstance lors de la conférence de Téhéran, du 28 Novembre au 1er Décembre 1943,
qui s’étaient mis d’accord sur le principe du démembrement de l’Allemagne, sur
l’annexion de Königsberg par l’Union soviétique et sur le déplacement de la
Pologne vers l’ouest. Staline y avait également accepté le principe proposé par
Roosevelt de création d’une organisation internationale. Cette dernière
décision aboutit à la création de l’Organisation des Nations Unies le 24
Octobre 1945.
A Yalta, les trois « grands » se sont
accordés pour laisser aux pays européens libérés le
choix de leur destin. Dans la pratique, les territoires « libérés »
par l’Armée rouge ne connaîtront pas d’élections libres, et se verront imposer
le communisme par Staline. Cet état de fait fut une des causes du déclenchement
de la guerre froide.
Le Palais de Livadia |
On ne parla donc pas des trois Etats baltes d’Estonie, de Lettonie et
de Lituanie, qui avaient signé des traités de paix avec
l’Union soviétique, dont l’indépendance avait été reconnue par l’Union
soviétique, mais dont le sort avait été scellé le 23 Août 1939 par les
protocoles secrets du pacte Molotov – Ribbentrop. Leur résistance armée
contre l’occupation soviétique, jusque dans les années 50, ne recevra pas le
soutien qu’ils auraient pu espérer des occidentaux. Ils se libéreront par eux-mêmes
en 1990 – 1991, mais la Fédération de Russie d’aujourd’hui ne reconnaît
toujours pas qu’ils aient été occupés.
Oui, les Etats baltes ont bien été les sacrifiés de Yalta !
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