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jeudi 27 février 2014

Bruits de bottes en Crimée


Je m’apprêtais tranquillement à faire un post sur l’organisation administrative de la presqu’île de Crimée, en prévision d’une éventuelle agitation dans la région. L’actualité a été plus rapide que moi !

En effet, très tôt ce matin, un commando d’une cinquantaine d’hommes, en civil mais armés, se sont emparés des bâtiments du Parlement et du Gouvernement de la République autonome de Crimée à Simferopol. On ne sait pas qui ils sont, mais ils ont hissé le drapeau russe sur le toit et tagué les murs avec des étoiles rouges …… Le parquet général d’Ukraine a qualifié l’action d’ « acte terroriste » et a lancé une procédure pénale.


Parallèlement (on aura un peu de mal à croire au hasard) le Président russe Vladimir Poutine a ordonné une inspection surprise des troupes des districts militaires de l’Ouest et du Centre, à proximité de la frontière ukrainienne, afin de vérifier « l’aptitude des troupes à agir pour faire face à des situations de crise menaçant la sécurité militaire du pays ».  De telles inspections surprises ont eu lieu à plusieurs reprises depuis 2012, mais celle-ci tombe particulièrement « bien ».



Il est donc plus que temps de « rappeler » ce qu’il est nécessaires de savoir sur la Crimée pour comprendre ce qu’il s’y passe aujourd’hui.  

Depuis les Scythes (VIIe siècle avant J.C.) jusqu’au XVe siècle, la péninsule de Crimée verra passer tous les occupants possibles et imaginables, et notamment les Grecs, les Romains et les Byzantins. En 1475, soit 22 ans après la chute de Constantinople, la presqu’ile est soumise majoritairement au Khanat de Crimée, qui deviendra progressivement vassal de l’Empire Ottoman.



Cette situation perdurera jusqu’à la guerre russo-turque de 1768 – 1774, conclue par le Traité d’Iaşi (9 Janvier 1792) qui mit fin au Khanat de Crimée et qui rattacha la presqu’ile de Crimée à la Russie. Les Russes engagèrent une colonisationde peuplement, majoritairement par les grands-russiens et les petits-russiens (Russes et Ukrainiens). Les tatars de Crimée, devenus rapidement minoritaires, furent chassés, déportés, massacrés.

Le passage de l’empire russe à la Russie soviétique ne changea pas grand-chose pour la Crimée, qui devint toutefois en 1921 la République Socialiste Soviétique autonome de Crimée, au sein de la République Socialiste Fédérative de Russie.

A l’issue de la deuxième Guerre mondiale, les Tatars de Crimée furent ous déportés en 3 jours, à partir du 18 Mai 1944, sous l’accusation d’avoir été favorables aux Allemands La RSS autonome de Crimée fut abolie en 1945 et rétrogradée en oblast, toujours au sein de la RSFS de Russie.

Mais, en 1954, Nikita Khrouchtchev « offrit » l’oblast de Crimée à la RSS d’Ukraine à l’occasion de la réunification (sic) de la Russie et de l’Ukraine. Lors de l’accession à l’indépendance de l’Ukraine (24 Août 1991), la Crimée décida de rester au sein de celle-ci, en tant que République autonome.

Le site de Sébastopol

On notera que la municipalité de Sébastopol, composée des villes de Sébastopol (fondée en 1783) et d’Inkerman, plus quelques villages, bénéficie d’un statut spécial, dépendant directement de la République d’Ukraine et non pas de la République de Crimée (dont la capitale est Simféropol). Les habitants n’élisent pas leur Maire, celui-ci étant désigné par le Président de la République d’Ukraine.

Enfin, la flotte russe de la Mer Noire stationne à Sébastopol depuis 1783. Outre la base navale, elle y dispose aujourd’hui d’un centre de communications, d’un hôpital militaire et de deux régiments (infanterie de marine et aérien). A la dislocation de l’URSS, 17 % de la flotte revint à l’Ukraine, le reste (338 navires) à la Russie.  En 2010, le bail de la marine russe fut prolongé par le Président Ianoukovytch jusqu’en 2042 (!), contre  une ristourne sur le prix du gaz vendu par la Russie.

Plage de Sébastopol......





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