Je m’apprêtais tranquillement
à faire un post sur l’organisation administrative de la presqu’île de Crimée,
en prévision d’une éventuelle agitation dans la région. L’actualité a été plus
rapide que moi !
En effet, très tôt ce
matin, un commando d’une cinquantaine d’hommes, en civil mais armés, se sont
emparés des bâtiments du Parlement et du Gouvernement de la République autonome
de Crimée à Simferopol. On ne sait pas qui ils sont, mais ils ont hissé le
drapeau russe sur le toit et tagué les murs avec des étoiles rouges …… Le
parquet général d’Ukraine a qualifié l’action d’ « acte terroriste »
et a lancé une procédure pénale.
Parallèlement (on aura un
peu de mal à croire au hasard) le Président russe Vladimir Poutine a ordonné
une inspection surprise des troupes des districts militaires de l’Ouest et du
Centre, à proximité de la frontière ukrainienne, afin de vérifier « l’aptitude
des troupes à agir pour faire face à des
situations de crise menaçant la sécurité militaire du pays ». De telles inspections surprises ont eu lieu à
plusieurs reprises depuis 2012, mais celle-ci tombe particulièrement « bien ».
Il est donc plus que temps
de « rappeler » ce qu’il est nécessaires de savoir sur la Crimée pour
comprendre ce qu’il s’y passe aujourd’hui.
Depuis les Scythes (VIIe
siècle avant J.C.) jusqu’au XVe siècle, la péninsule de Crimée verra passer
tous les occupants possibles et imaginables, et notamment les Grecs, les
Romains et les Byzantins. En 1475,
soit 22 ans après la chute de Constantinople, la presqu’ile est soumise
majoritairement au Khanat de Crimée, qui deviendra progressivement vassal de l’Empire
Ottoman.
Cette situation perdurera
jusqu’à la guerre russo-turque de 1768 – 1774, conclue par le Traité d’Iaşi (9 Janvier 1792) qui mit fin au Khanat de Crimée et qui rattacha la
presqu’ile de Crimée à la Russie. Les Russes engagèrent une colonisationde
peuplement, majoritairement par les grands-russiens et les petits-russiens
(Russes et Ukrainiens). Les tatars de Crimée, devenus rapidement minoritaires,
furent chassés, déportés, massacrés.
Le passage de l’empire
russe à la Russie soviétique ne changea pas grand-chose pour la Crimée, qui
devint toutefois en 1921 la République
Socialiste Soviétique autonome de Crimée, au sein de la République Socialiste
Fédérative de Russie.
A l’issue de la deuxième
Guerre mondiale, les Tatars de Crimée furent ous déportés en 3 jours, à partir
du 18 Mai 1944, sous l’accusation d’avoir
été favorables aux Allemands La RSS autonome de Crimée fut abolie en 1945 et
rétrogradée en oblast, toujours au sein de la RSFS de Russie.
Mais, en 1954, Nikita Khrouchtchev « offrit »
l’oblast de Crimée à la RSS d’Ukraine à l’occasion de la réunification (sic) de
la Russie et de l’Ukraine. Lors de l’accession à l’indépendance de l’Ukraine
(24 Août 1991), la Crimée décida de rester au sein de celle-ci, en tant que
République autonome.
Le site de Sébastopol |
On notera que la
municipalité de Sébastopol, composée des villes de Sébastopol (fondée en 1783) et
d’Inkerman, plus quelques villages, bénéficie d’un statut spécial, dépendant
directement de la République d’Ukraine et non pas de la République de Crimée
(dont la capitale est Simféropol). Les habitants n’élisent pas leur Maire,
celui-ci étant désigné par le Président de la République d’Ukraine.
Enfin, la flotte russe de
la Mer Noire stationne à Sébastopol depuis 1783. Outre la base navale, elle y dispose
aujourd’hui d’un centre de communications, d’un hôpital militaire et de deux
régiments (infanterie de marine et aérien). A la dislocation de l’URSS, 17 % de
la flotte revint à l’Ukraine, le reste (338 navires) à la Russie. En 2010, le bail de la marine russe fut
prolongé par le Président Ianoukovytch jusqu’en 2042 (!), contre une ristourne sur le prix du gaz vendu par la
Russie.
Plage de Sébastopol...... |
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