Pages vues le mois dernier

dimanche 6 juillet 2014

5 Juillet 1767 : naissance de Georges Frédéric Parrot, Français ( ?) en Livonie

Georges Frédéric Parrot


Ce n’est certes pas vous faire injure que de penser que peu d’entre vous ont déjà entendu parler de Georges Frédéric Parrot (1767 – 1852), ce Français qui eut, comme disait feu mon ami Edmond Zajac, une vie colorée. Il fut notamment le premier recteur de l’Université Impériale de Dorpat (Tartu).

Mais au fait, était-il vraiment Français ? Georges Frédéric Parrot est né en 1767 à Montbéliard. Mais, à l’époque, la ville appartenait depuis 1397 au comté puis duché (1495) de Württemberg et s’appelait Mömpelgard ! Entre 1534 et 1537, tout le duché de Württemberg adopta la Réforme protestante. La ville ne fut annexée par la France qu’en 1793, annexion confirmée en 1796, et surtout en 1806 par la « Médiation germanique », lorsque le Württemberg devint un Royaume à la disparition du Saint Empire Romain Germanique.

Carte du Saint Empire Romain germanique en 1789


Georges Frédéric Parrot est donc clairement né sujet du Duc de Württemberg. De famille protestante aisée, son père, chirurgien et même médecin personnel du Duc à Montbéliard, ayant été même élu Maire de la ville, Georges Frédéric est envoyé à Stuttgart, capitale du Duché, pour étudier la physique et les mathématiques (1782 – 1786). C’est en 1795 qu’il part pour la Livonie, pour des raisons financières, ayant besoin de revenus fixes après son mariage. Depuis le Traité De Nystad (10 Septembre 1721), la Livonie était une partie de l’Empire russe, mais la noblesse germano-balte y conservait ses privilèges, son pouvoir de juridiction et ses assemblées locales.

Le gouvernement russe de Livonie (capitale Riga) était limité au nord par le gouvernement russe d’Estland (capitale Reval, aujourd’hui Tallinn) et au sud par le Duché de Courlande, devenu en 1795 gouvernement russe de Courlande (capitale Mitau, aujourd’hui Jelgava).

Georges Frédéric Parrot fut initialement nommé Premier secrétaire de la Société Livonienne charitable et économique (Livländische gemeinnützige und ökonomische Sozietät). Puis quand, en Avril 1802, le Tsar Alexandre 1er décide de rouvrir l’Université de Dorpat (Kaiserliche Universität zu Dorpat, aujourd’hui Tartu en Estonie), la seule université luthérienne et en langue allemande de l’Empire russe, Parrot y est initialement nommé titulaire de la chaire de mathématiques, puis à celle de physique.  

Dès cette même année 1802, Georges Frédéric Parrot fut élu comme premier recteur de l’Université de Dorpat par les professeurs titulaires d’une chaire. A ce poste, il combattit pour la liberté et l’autogestion de l’Université, contre la pression politique des barons germano-baltes. Son heure de gloire survint le 22 Mai 1802, lorsque le Tsar Alexandre 1er s’arrêta à Dorpat sur la route de Memel (Klaipėda), où il allait rencontrer le Roi de Prusse, Frédéric Guillaume III. Le Tsar fut impressionné par l’éloquence et les idées de Parrot, si bien qu’il s’en suivit une amitié de 10 ans, assortie d’un grade de Conseiller d’Etat.

Le bâtiment principal de l'Université de Dorpat en 1821


En 1811, Parrot fut élu membre correspondant de l’Académie des Sciences de Saint-Pétersbourg, dont il deviendra membre à part entière en 1826. Il quittera d’ailleurs l’Université de Dorpat pour prendre la direction du laboratoire de physique de l’Académie des Sciences de Saint-Pétersbourg. Il décédera en 1852 à l’occasion d’un voyage à Helsingfors (Helsinki), dans ce qui était alors le Grand-duché de Finlande, autonome dans l’Empire russe. 

Dans la seconde moitié du XIXème siècle, Tartu sera le centre culturel des Estoniens à l’époque du nationalisme romantique.


Alors, Georges Frédéric Parrot ? Allemand ? Russe ? Livonien ? Français ? Et si, peu importe sa citoyenneté, il était un de ces innombrables vecteurs de la culture européenne, symbole d’ouverture et de liberté, à l’image d’un Erasme militant pour la paix en Europe, symboles que certains voudraient aujourd’hui voir disparaître ? 

A noter que l’accord franco-estonien de coopération scientifique et technologique, signé en Juillet 2002, porte son nom.  

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire