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mardi 15 juillet 2014

Saulė et Žalgiris, deux batailles médiévales essentielles pour la Lituanie


Tous les ans, deux batailles médiévales, qui se sont déroulées à 150 ans d’intervalle, sont commémorées en Lituanie car fondamentales pour la création et le développement de l’Etat lituanien. Il s’agit de :

      # La bataille de Durbė, le 13 juillet 1260 ;
      # La bataille de Žalgiris, le 15 juillet 1410.

Les chevaliers Porte-glaive, fondés près de Riga en 1202 par l’archevêque Albert von Buxhoeveden, afin de convertir au fil de l’épée les païens baltes. Mais dès 1236, ils avaient été anéantis par les Samogitiens de Vykintas et les Lituaniens de Mindaugas à la bataille de Saulė (21 septembre 1236), défaite qui avait entraîné l’incorporation des restes de leur effectif dans les Chevaliers Teutoniques, sous le nom de Chevaliers Livoniens.  


La Samogitie jouant un rôle crucial car elle bloquait l’extension des terres des Teutoniques, la guerre entre les Samogitiens et les Chevaliers Livoniens reprit en 1253. Ces derniers furent de nouveau défaits à la bataille de Skuodas (1259). Ce succès encouragea les Sémigaliens (dans l’actuelle Zemgale lettone) à se rebeller.

Les armées unies des Teutoniques et des Livoniens et décidèrent de mettre de l’ordre ! Ils rencontrèrent le 13 juillet 1260 les Samogitiens, a priori commandés par Treniota, neveu et futur assassins de Mindaugas, près du Lac Durbé, à 23 km à l’est de Liepāja. Le résultat fut le même !! Environ 150 Chevaliers Teutoniques périrent, ainsi que des centaines d’autres chevaliers et soldats.

Cette victoire de Durbé donna le signal d’une rébellion généralisée des tribus baltes, notamment celle des Vieux-Prussiens ou Borusses dont la révolte dura de 1260 à 1274. La Zemgale (Sémigale) et la Kurzeme (Courlande) retrouvèrent leur indépendance. Mais surtout, les Lituaniens purent bénéficier d’une relative tranquillité pendant une vingtaine d’année, tranquillité qui leur permit de consolider leur Etat naissant (fondé en 1253).  


Les Teutoniques passèrent le XIVème siècle à batailler contre les Lituaniens. Mais, en 1386, la donne changea. Le Grand-duc de Lituanie Jogaila se maria avec la princesse « polonaise » Edwige d’Anjou, Roi de Pologne (
Hedvig Rex Poloniæ), et devint lui-même co-Roi de Pologne. Pour ce faire, il dut se faire baptiser et baptiser la Lituanie, ce qui enlevait en principe le prétexte de la présence des Teutoniques. En 1404, l’Ordre Teutonique et la Pologne-Lituanie signent d’ailleurs une paix perpétuelle (sic).  

Mais, en 1409, la Žemaitija (nord-ouest de la Lituanie actuelle), toujours païenne, prend les armes contre l’Ordre Teutonique qui l’occupe; l’Union Pologne-Lituanie, qui considère la Žemaitija comme une partie de son territoire, appuie sa révolte. Le 14 Août 1409, le Grand-maître des Teutoniques, Ulrich von Jungingen, déclare la guerre à l’Etat polono-lituanien. Mais il propose également un armistice, car aucun des deux camps n’était prêt à la guerre. Celui-ci dura du 8 Octobre 1409 au 24 Juin 1410, et fut prolongé de 3 semaines, car chaque camp, comprenant l’importance capitale de la bataille à venir, regroupait ses forces.

Côté Teutoniques, des chevaliers vinrent de toute l’Europe, notamment de France (on parle de 120 chevaliers), de Grande-Bretagne et des Pays-Bas. De l’autre côté se trouvaient les chevaliers polonais du roi Władysław II Jagiełło (Jogaila), les Lituaniens du grand-duc Vytautas, les mercenaires tchèques ou moldaves, environ 3 000, commandés par Jan Sokol de Lamberk. Des vassaux de la Lituanie, Smolensk et les Tatares, fournissent leur également leurs contingents ukrainiens, des chevaliers de Bohème, des Russes et des Tatars rejoignirent l’armée polono-lituanienne. Les Polono-Lituaniens étaient les plus nombreux (45 000 à 50 000), mais les Teutoniques (32 000 à 36 000) étaient mieux équipés et mieux entraînés.

Au matin du 15 Juillet 1410, le soleil se leva vers 4H30. Mais ce n’est qu’à 8H30, alors que les Teutoniques transpiraient au soleil sous leurs cuirasses, mais que les alliées étaient, eux, à l’ombre des bois, que Jogaila accepta le combat. Celui-ci fut longtemps indécis. Le Grand-duc de Lituanie Vytautas était de facto le commandant opérationnel sur le terrain, le Roi Jogaila observant depuis une colline à l’écart.

Le Grand-duc Vytautas

Les Teutoniques furent prêts de l’emporter. Mais Jogaila avait gardé son infanterie en réserve et ne l’engagea qu’à six heures du soir. Les paysans polonais et lituaniens s’élancèrent fanatiquement, remplis de haine et de revanche contre ces Teutoniques qui avaient détruit leurs villages et tué leurs amis.

A 19H20, le Grand-maître Ulrich von Jungingen fut tué. 28 000 Teutoniques et leurs aides périrent dans cette bataille, dont 50 des 60 Commandeurs de l’Ordre et 209 chevaliers. Seuls 1 400 réussirent à quitter le champ de bataille et à rejoindre leur capitale Marienburg (aujourd’hui Malbork en Pologne). Les Alliés polono-lituaniens comptèrent environ 20 000 tués, dont 12 chevaliers et les 2/3 des fantassins.

La bataille de Zalgiris par Jan Matejko. Au centre, en rouge, Vytautas

La Paix de Toruń fut signée entre l’État polono-lituanien et l’Ordre teutonique le 1er Février 1411. Les pertes territoriales de l’Ordre furent relativement minimes, les Polonais et les Lituaniens récupérant toutefois la Žemaitija et une partie de la Poméranie. La rançon était par contre colossale, équivalent à 20 tonnes d’argent pur et ruina totalement le trésor teutonique pour deux siècles !

Mais surtout, le plus important est que cette victoire permit à la Pologne et à la Lituanie de ne pas subir le sort des malheureux Vieux-Prussiens, exterminés par les Teutoniques, et de conserver leur indépendance et leur culture pour les siècles à venir. Pas étonnant donc que ce qui est important en Lituanie, comme une bière ou une équipe de basket, soit baptisé du nom de Žalgiris.





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