Depuis
le 10 avril et jusqu'au 15 juillet, se tient su Musée d'Orsay une
exposition dénommée « Âmes
sauvages. Le symbolisme dans les pays baltes ».
Célébrant
le centenaire de l'indépendance de l'Estonie et de la Lettonie, et
du retour à l'indépendance de la Lituanie, cette exposition invite
le visiteur à
découvrir le symbolisme balte, des années 1890 aux années
1920-1930.
En
marge de l'exposition se tiennent des visites-conférences (y compris
en langue des signes!), des concerts, des projections
cinématographiques, une initiation linguistique et même un « bal
électro-balte ! Je voudrais mettre l'accent sur les
visites-conférences des jeudis 24 et 31 mai (à 14H30, durée
1H30)
qui ont pour thème « Kalevipoeg
ou l'Epopée nationale estonienne ».
Guidée par un conférencier du musée, la visite se fera en
compagnie d'Antoine Chalvin, traducteur de l'épopée (à la NRF,
collection L'aube des peuples, 2004) et spécialiste de la culture
estonienne.
Mais
qu'est-ce que le « Kalevipoeg » ?
Kalevipoeg
est l'épopée nationale estonienne qui, en 20 chants, relate les
aventures de Kalev, de son épouse Linda (une
jeune orpheline issue d'un œuf de tétra!) et
de leur fils Kalevipoeg, doté
d'une force surhumaine. Dès
deuxième chant, Linda perd son époux Kalev, et lui érige une
sépulture qui forme la colline de Toompea à Tallinn.
Inconsolable, ses larmes vont former le lac Ülemiste. Kalevipoeg va,
lui, vivre une vie chargée d'exploits, Il mourra, victime d'une
malédiction, mais il sera ressuscité par les dieux et sera chargé
de veiller aux portes de l'Enfer pour empêcher le diable d'en
sortir.
Kalevipoeg et Sorts luttant, d'Aleksander Mühlber |
Inspiré
par le succès du Kalevala finnois, c'est Friedrich Faehlmann
(1798-1850) qui commence à compiler des récits populaires
estoniens, en allemand. Inachevé à sa mort, le projet est poursuivi
en estonien par Friedrich
Reinhold Kreutzwald
(1803-1882). Surnommé le Père
du chant,
Kreutzwald
est le premier écrivain majeur de la littérature estonienne et
il
contribua largement au réveil
national (Ärkamisaeg en
estonien) de l'Estonie .
La première version de 1853 (13 817 vers) n'a pu être
diffusée pour cause de censure. Car « Kalevipoeg » est
le symbole culturel et historique de l'unité nationale des Estoniens
en quête d'émancipation face à l'élite germanophone et à la
domination russe. Une seconde version (19 087 vers) mise à jour et
rallongée sera diffusée par parties de 1857 à 1861 en format
bilingue estonien-allemand. La troisième version (19 023 vers)
paraît sous forme de livre imprimé en Finlande en 1862.
La
première traduction française intégrale n'a
été publiée qu'en
2004 chez Gallimard
et a donc été réalisée par Antoine Chalvin,
qui
sera donc l'accompagnateur des visites du Musée d'Orsay les 24 et 31
mai 2018.
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