Alors que je résidais à Vilnius (capitale de la Lituanie), je suis allé à Minsk (capitale du Bélarus), distante de 200 kilomètres, en Avril 2006. Mais, à 200 km de distance, c’est vraiment un autre monde. Il s’est trouvé que, par pur hasard, j’étais là lors de la précédente cérémonie d’investiture d’Alyaksandr Lukashenka, le 8 Avril 2006. C’était vraiment un hasard, non voulu, dans la mesure où la cérémonie avait été repoussée d’une semaine, alors que j’avais dû demander mon visa plusieurs semaines à l’avance.
Tout d’abord, y étant allé en voiture avec un ami lituanien, l’aventure a commencé à la frontière. Bien qu’ayant visas et assurances santé ad hoc, il s’est avéré qu’il fallait aussi une assurance spéciale pour la voiture. Mais surtout qu’il fallait remplir des fiches de renseignement uniquement en russe dont, heureusement, mon compagnon de voyage lituanien avait quelques notions. Bilan : 1H3/4 pour passer la frontière. Au retour, on m’a dit que j’avais fait vite !! De fait, deux jeunes Britanniques qui y sont allés plus tard m’ont dit avoir mis 3 heures.
Bien sûr, j’ai voulu aller voir la cérémonie d’investiture qui se passait sur la place d’Octobre. Ce projet fut bien vite abandonné, puisque tout le quartier était bouclé, que seuls des invités triés sur le volet étaient admis et que le petit peuple dont je faisais parti était tenu à distance respectueuse, là où l’on ne voyait rien mais d’où l’on entendait quelque musique martiale.
Il est apparu en fait que nous nous trouvions sur le chemin que devait emprunter la voiture de Lukashenka après la cérémonie. Un indice ne trompait pas : il y avait un policier en uniforme ou plus généralement en civil tous les 5 mètres. Comme nous discutions en anglais avec mon Lituanien, j’ai noté que le policier en civil qui était à quelques mètres devant nous commençait à s’intéresser à nous plus que nécessaire, pensant certainement à quelques agents de l’impérialisme occidental animés de mauvaises intentions ! Peu intéressés pour visiter les geôles bélarusses, nous avons donc changé de trottoir.
Puis Lukashenka est passé. Ou plutôt, la longue stretched Mercedes aux vitres fumées, dans laquelle on suppose que devait être Lukashenka, est passée. Ce qui m’a frappé, c’est qu’elle est passée dans un « silence assourdissant ». On pouvait imaginer qu’un Président, élu avec 82 % des voix (eh oui, 2 % de mieux que cette année !), déclencherait l’enthousiasme sur son passage. En fait, outre que le scrutin avait déjà soulevé de fortes suspicions de magouillage, l’explication nous a été donnée par un jeune Bélarusse ami de mon Lituanien. Au Bélarus, toute manifestation, fut-elle de joie, peut être « mal interprétée » par les forces de sécurité. Et tout manifestant se retrouver ainsi en prison pour une durée de base de 15 jours.
Un indice a révélé le degré réduit d’initiative de la police de Minsk. Alors que les barrières avaient été ouvertes du côté où nous nous trouvions, nous avons eu le temps, depuis le rue Lénine, de traverser la place d’Octobre et de longer le palais de la République pour arriver dans le dos d’autres policiers …… qui empêchaient toujours les passants d’aller dans l’autre sens.
Pour l’anecdote, nous sommes allés le soir dans un restaurant …… cubain. Comme quelques convives étaient quelque peu bruyants à l’extérieur, on a vu débarquer la babouchka chef d’ilot, armée de son walky-talky, venant remettre de l’ordre. On se souviendra au passage qu’au Bélarus le KGB s’appelle toujours KGB !
En clair, Minsk est une ville propre et sûre. Les armadas de petites mains nettoyeuses et d’agents de sécurité de diverses obédiences, outre qu’ils participent à la réduction du chômage, ne sont pas étrangères à cet état de fait. Mais, même avec la meilleure objectivité du monde, on ressent très nettement la pesanteur policière.
Brrr Lukashenko...Ce n'est pas Grybauskaite qui est allé faire le petit toutou chez lui juste avant les élections? L'Europe devrait s'inquiéter d'un tel régime à ses portes!
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