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vendredi 7 mai 2010

Madame l’Ambassadeur



Le sujet étant réapparu sur un Blog ami, où les partisans de « Madame l’Ambassadeur » et « Madame l’Ambassadrice » s’opposent, je poste à nouveau ci-dessous un article que j’avais mis en ligne le 21 Février sur mon ancien Blog, concernant la féminisation des noms de fonctions et de professions. A noter que le site de l’Ambassade de France en Lettonie est tout à fait en phase avec la loi en parlant de S.E. Mme Chantal POIRET, Ambassadeur Extraordinaire et Plénipotentiaire.

« Madame le Président ou Madame la Présidente ?

Certains de mes correspondants, du moins ceux qui sont polis, se sont étonnés que j’écrive d’une façon récurrente le Président Dalia Grybauskaitė. D’autres m’ont traité de macho. Un récent article pour une revue m’a été corrigé unilatéralement pour faire « réapparaitre » la Présidente Grybauskaitė.

Le problème est que le politiquement correct est grammaticalement incorrect. Explications.

Rappelons tout d’abord qu’en France c’est l’Académie Française et non le pouvoir politique qui fixe les règles de la langue française: « La principale fonction de l’Académie sera de travailler avec tout le soin et toute la diligence possibles à donner des règles certaines à notre langue et à la rendre pure, éloquente et capable de traiter les arts et les sciences. » (Chapitre XXIV de ses statuts). C’est ainsi qu’elle participe aux travaux des commissions spécialisées qui proposent, dans des domaines variés (transports, télécommunications, internet, sport, ingénierie nucléaire, etc.), des termes français pour désigner les notions et les réalités nouvelles (exemple compagnie à bas prix au lieu de low cost airline, bouche à oreille pour buzz marketing, etc……).

En 1984-86, après que le gouvernement Fabius, et notamment Yvette Roudy, Ministre aux Droits de la femme, eut pris une première initiative, restée sans effet, en faveur de « la féminisation des titres et fonctions », l’Académie Française avait rappelé qu’en Français le genre grammatical n’avait rien à voir avec le sexe. Mais c’était sans compter sur la pugnacité des mouvements féministes pour qui (je cite) les étiquettes masculines occultent les réalités nouvelles et font par conséquent peser une hypothèque sur la promotion des femmes, en confortant l’idée que la qualification et le prestige sont liés à la masculinité. C’était donc un combat entre l’idéologie et la grammaire !

En 1999, sous gouvernement Jospin, est publié un guide Femme, j'écris ton nom préfacé par le dit Lionel Jospin, contenant une liste de métiers, titres, grades et fonctions, indiquant quel nom utiliser lorsque la personne concernée est une femme. Le politique outrepassait donc ses droits. La presse et la télévision suivirent avec empressement ce qui pouvait passer pour une directive régalienne et légale et qui n’était qu’une décision arbitraire. On eut même ainsi droit à des féminisations comiques si elles n’avaient été absurdes, comme par exemple chercheure alors que chercheuse existe, ou instituteure pour institutrice !

Comme, en outre, je doute que la féminisation arbitraire des métiers et fonctions ait une influence quelconque sur une réelle égalité entre les hommes et les femmes, je me tiens donc aux règles de l’Académie Française (dont, rappelons-le, le Secrétaire Perpétuel est une femme). C'est-à-dire qu’un Président, un Ministre, un Ambassadeur sont aussi bien un homme qu’une femme, alors qu’une Présidente est l’épouse d’un Président et une Ambassadrice l’épouse d’un Ambassadeur. Dans le cas de Dalia Grybauskaitė ce serait d’ailleurs assez cocasse dans la mesure où la terminaison lituanienne –itė indique qu’elle n’est pas mariée …… Ce qui n’empêche pas certains de faire le baisemain à Madame le Président. »


5 commentaires:

  1. Merci pour ce rappel très intéressant faisant suite au sujet du blog ami ;).
    Je me rappelle bien de votre post à ce sujet dans votre ancien blog .
    Je sais que c'est l'Académie française qui fixe les règles de notre langue ,mais je suis un peu rebelle et je maintiens ma position qui est que l'Académie devrait simplifier et faire évoluer des parlers et des usages trop anciens que beaucoup d'entre nous trouvent obsolètes. Je suis pourtant une ardente défenseure( eh oui ,en voilà encore un- apparemment "défenseuse" n'est pas correct,le correcteur me le souligne -) de la langue française, mais il y a certains points à simplifier ,car on s'emmêle un peu dans tout ce méli-mélo de règles toutes aussi abracadabrantes les unes que les autres .

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  2. Le probleme est que dans ce pays (je veux parler, bien sur, de la France) chacun fait ce qu'il veut. A commencer par le gouvernement de l'epoque.

    L'Academie Francaise fait evoluer la langue (j'en donne des exemples) et reconnait la feminisation des noms de metiers. Mais je trouve qu'il est sain que ce ne soit pas le pouvoir politique qui s'en mele, au gre des passions de tel ou telle de ses dirigeants, ce qui serait remis en cause par le gouvernement suivant, etc ..... Ce que serait la, vraiment, le meli-melo. Sans compter que la premiere urgence serait d'apprendre aux jeunes (et aux autres) a parler reellement le Francais.

    Ceci dit, je ne suis pas persuade (euphemisme) que la feminisation a outrance des fonctions, confinant parfois au ridicule, ait fait progresser l'egalite dans les salaires ou l'acces des femmes aux postes de responsabilite.

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  3. C'est vrai que c'est assez propre à la France que chacun fasse ce qu'il veut "dans son coin" ,ce qui ne donne aucune cohérence et aucun suivi à ce qu'on voudrait faire évoluer ...
    Je suis d'accord à 100% quand vous dîtes :
    "la première urgence serait d'apprendre aux jeunes (et aux autres) a parler réellement le Français."
    C'est en effet devenu une urgence, c'est un vrai désastre de voir ce que sont devenues l'orthographe et la conjugaison, cela me met hors de moi de voir des dizaines de fautes dans un e-mail ou une lettre ...
    Je suis encore d'accord avec vous sur cet autre point :
    "je ne suis pas persuadé que la féminisation à outrance des fonctions, confinant parfois au ridicule, ait fait progresser l'égalité dans les salaires ou l'accès des femmes aux postes de responsabilité."
    Le plus important ,il est vrai ,serait que les femmes ,à travail égal, aient le même salaire que les hommes , et cela ,la féminisation du nom de leur fonction ne leur apportera pas obligatoirement ,c'est simplement un leurre dans certains cas !
    Finalement,je crois que nous pouvons nous entendre sur bien des points .
    Le fait de discuter ainsi sur certains sujets fait réfléchir plus profondément et permet d'ouvrir un peu plus les yeux sur des points qui,tout compte fait, sont sans importance du tout...

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  4. J'etais bien persuade, Marianne, que nous etions d'accord sur bien des points !

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  5. Et c'est pour ces problèmes mineurs que Dieu a créé le vérificateur d'orthographe!

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