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mercredi 26 mai 2010

M. Primakov fait ses courses à Riga




Je réponds tout d’abord à l’interrogation des plus jeunes de mes lecteurs : c’est qui M. Primakov ? Ievgueni Maksimovitch Primakov (Евгений Максимович Примаков), né en 1929 à Kiev, commence à nous intéresser en Aout 1991 quand, après l’échec du putsch de Moscou, il devient Premier Président adjoint du KGB, puis, dès Décembre de la même année, Directeur du SVR, le Service des renseignements extérieurs de la Fédération de Russie, poste qu’il occupera jusqu’en 1996.

En Janvier 1996, il devient Ministre des Affaires Etrangères jusqu’à Septembre 1998, poste où il se fait remarquer par sa défense farouche des intérêts de la Russie et par son opposition à l’extension de l’OTAN aux Etats issus de l’ancien bloc soviétique. Dans la foulée, il devient Premier Ministre de compromis d’un Eltsine en fin de parcours, de Septembre 1998 à Mai 1999.

Au départ opposé à Poutine dans la présidentielle de 2000, il aura le bon goût de se retirer de la course en faveur du futur Président. Cela lui vaut sans doute d’être nommé, en Décembre 2001, Président de la Chambre de Commerce et d’Industrie de la Fédération de Russie. Mais c’est un Président de CCI puissant, puisqu’il obtiendra, en 2006, le limogeage des Ministres des Finances et du Commerce extérieur ! Son convoi, que j’ai croisé le jeudi 20 Mai à la sortie de Riga, était d’ailleurs digne d’un Chef d’Etat.

Donc, M. Primakov, Président de la CCI de Russie, était à Riga la semaine dernière. Et il a mangé une glace lors de sa visite au Rīgas Piena kombināts, usine qui produit toutes sortes de produits laitiers (photo). Mais, en fait, il était vraisemblablement venu acheter l’usine, pas seulement un ice-cream !

Cette visite est en fait dans la droite ligne de la nouvelle doctrine de la politique étrangère russe, doctrine inscrite dans le projet de « modernisation » de la Russie du Président Medvedev qui, en Novembre 2009, avait décrit son pays comme une Etat « arriéré et corrompu », doté d’une « économie primitive ». Car, touchée comme les autres par la crise économique, la Russie s’est rendue compte qu’elle ne pourra réaliser ses ambitions sans l’aide des pays occidentaux. Or, dans la nouvelle doctrine, les Etats baltes sont décrits comme une zone propice, « où les biens nationaux sont sérieusement dévalués », et qui ne constitue plus « un investissement attirant pour les Etats membres de l'UE » (source « Le Monde »).

La Russie a donc apparemment compris qu’il était plus « soft power » d'acquérir des actifs industriels et énergétiques dans les Etats de l'ex-URSS, comme la Lettonie (mais elle achète également en Estonie), plutôt que de les envahir, comme la Géorgie. Reste à savoir ce que la Lettonie, elle, va gagner dans le rachat de son économie par la Russie.

Mais, retrouvant ses vieux réflexes à l’occasion d’une conférence le 20 Mai à l’Université de Riga, M. Primakov, après avoir exprimé son optimisme quant à la future coopération économique russo-lettonne, a rappelé que la Russie restait sensible aux problèmes concernant l’interprétation de l’histoire (sic).

A lire également :

http://www.lemonde.fr/opinions/article/2010/05/18/russie-anatomie-d-un-degel-diplomatique_1353411_3232.html

http://www.alfa.lt/straipsnis/10359729/?Is.It.Really.Getting.Better.Between.Russia.and.Estonia.=2010-05-25_09-23

1 commentaire:

  1. Voir egalement l'article :

    http://www.dredgingtoday.com/2010/05/26/latvia-russians-ready-to-invest-in-port-of-riga-development/

    qui indique que M. Primakov s'est interesse au port de Riga.

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