Lorsque
j’habitais Riga, j’entendais son nom pratiquement quotidiennement, car une
station de trolleybus sur ma ligne favorite s’appelait Aleksandra
Čaka iela, rue Aleksandrs Čaks. J’avais eu la curiosité de chercher qui était cet inconnu. J’ignorais
à l’époque que, quelques années plus tard, j’allais devoir m’intéresser
sérieusement à ce poète letton.
Aleksandrs
Čaks (27 Octobre 1901 – 8 Février 1950 ci-dessous) est très
célèbre en Lettonie. De son vrai nom Aleksandrs Čadarainis, c’est un poète et
un écrivain qui fut le premier Letton à décrire l’univers urbain plutôt que la
vie à la campagne ou dans les petits villages, plus « à la mode » jusque
là dans la littérature lettone. Lui parle plutôt de la vie nocturne de la
ville, des prostituées, des banlieues pauvres et même des égouts ! On m’a d’ailleurs signalé que la rue Aleksandrs Čaks, que j’évoquais
ci-dessus, était à une époque célèbre pour ses dames aux amours tarifées !
Né
à Riga dans une famille de tailleur, il passa la Première Guerre mondiale en
Russie. Après avoir étudié la médecine à Moscou puis à l’Université de
Lettonie, il travailla comme instituteur à Drabeši (immédiatement
au sud de Cēsis).
Ses
premiers poèmes furent publiés en 1925 et il est apparu pendant la période de
la première indépendance comme le grand réformateur de la poésie lettone. Son
nom est associé aux journaux littéraires « Jaunā Lira » (La
nouvelle lyre) et « Trauksme » (Alarme), ainsi qu’à la société
artistique « Zaļā vārna » (Le corbeau vert). Il a écrit
également un poème épique sur les tirailleurs lettons, «Mūžības skartie »
(Touchés par l’éternité), qui lui a valu de recevoir le Prix Anna Brigadere en
1940.
Durant
les cinq dernières années de sa vie, Aleksandrs Čaks fut obligé d’écrire des
poèmes à la gloire du constructivisme socialiste, qui furent malgré tout
censurés par la critique officielle. A partir de 1946, il fut accusé de
s’écarter des valeurs du marxisme, d’être un cosmopolite, un snob, et d’adhérer
à l’esthétique bourgeoise. Deux ans plus tard, sa santé commença à se
détériorer et il devint de plus en plus dépressif. Il disait à ses amis qu’il
se sentait comme s’il était déjà dans son cercueil, seul le couvercle était
encore ouvert. Il décéda le 8 Février 1950 d’un arrêt cardiaque et il est
enterré au cimetière Rainis à Riga.
Je
disais précédemment que j’allais devoir m’intéresser à Aleksandrs Čaks. Le
Ministère de la Défense letton fait actuellement traduire en anglais son poème
épique sur les tirailleurs lettons, «Mūžības skartie ». Il y aura
trois préface à cette traduction, faites par trois historiens (ou supposés tels) :
un Britannique, un Allemand et un Français. Vous avez compris qui est le
Français …… Les tirailleurs lettons
(strēlnieki), créés le 23 Juillet
1915, premières unités militaires entièrement lettones, se sont couverts de
gloire dans l’armée russe tsariste, avant de se séparer entre tirailleurs
rouges et tirailleurs blancs. Mais toujours pour la liberté de la Nation
lettone !
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