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mercredi 26 mars 2014

Après la Crimée : à qui le tour ?

Soldat ukrainien s'opposant à mains nues aux forces spéciales russes

N’en déplaise à certains « idiots utiles » (expression apocryphe attribuée à Lénine), en Crimée, il s’est bien agi d'une agression contre un Etat souverain dont la Russie a violé la souveraineté et l'intégrité territoriale, via des troupes venant du nord-Caucase (et non des milices locales qui auraient acheté leurs équipements au supermarché, comme a voulu nous le faire croire M. Poutine !!). La Russie a ainsi agi en violation des accords qu'elle avait signés avec l'Ukraine en 1994 et en 1997.

Depuis 1991, c'est la deuxième fois, après la Géorgie en 2008, que la Russie a recours à la force dans l'espace postsoviétique, mais la première qu'elle annexe un territoire (l'Abkhazie et l'Ossétie du sud ne sont que des Etats fantoches totalement dépendants de Moscou, mais ils n'ont pas été formellement annexés).

Mais la Russie ne s’arrêtera pas là. Alexandre Douguine, théoricien de l’Union eurasiatique et membre du Conseil consultatif du Président de la Douma (Parlement russe), passant pour un mentor de Poutine, l’a déclaré le 11 Avril 2013 sur tv.russia : « Nous devons conquérir l’Europe et l’annexer {…} L’Europe sera défendue par la Russie comme la Grèce était protégée par Rome {…} Nous pouvons déjà compter sur une cinquième colonne européenne {…} Annexer l’Europe c’est un grand dessein digne de la Russie {…} Nous n’avons pas besoin de faire la guerre pour cela. Le soft power suffira {…} trouver une cinquième colonne, propulser au pouvoir les gens que nous contrôlons, acheter avec l’argent de Gazprom des spécialiste de la réclame …… ». Tout comme jadis Hitler, Poutine dit (fait dire) ce qu’il va faire, mais personne ne le croit !

Dans ce contexte, beaucoup, notamment à l’est de l’Europe, se demandent quel va être le prochain territoire à tomber dans l’escarcelle du maître du Kremlin, après, l’Ossétie du sud, l’Abkhazie et la Crimée.

Lorsque l’on consulte la carte actuelle montrant la concentration des troupes russes dans le sud de la Russie, on constate on concentration aux frontières est de l’Ukraine. Des troupes prêtes à intervenir en Ukraine du sud et de l’est, réputées russophones. 



Mais tout le monde pense surtout en premier lieu à la Transnistrie, frange est de la Moldavie « au-delà du Dniestr ». Le président du « Parlement » de Transnistrie, Mikhail Burla, a d’ailleurs demandé à son homologue russe de faire adopter une loi permettant à la Transnistrie d’adhérer à la Fédération de Russie sur le modèle de ce qui vient d’être fait en Crimée. Mais une intervention russe en Transnistrie impliquerait également de traverser une partie du territoire ukrainien.



Si toutefois l’on se base sur la densité des habitants de langue maternelle russe (terme que je préfère à celui de russophone qui signifie littéralement « qui parle Russe »), l’Estonie et la Lettonie sont en bonne place des territoires à « défendre » par la Russie. Certes, ils sont membres de l’UE et surtout de l’OTAN. Or, le « fameux » article 5 du Traité de l’Atlantique nord précise que «Les parties conviennent qu'une attaque armée contre l'une ou plusieurs d'entre elles, survenant en Europe ou en Amérique du Nord, sera considérée comme une attaque dirigée contre toutes les parties » et qu’il permet l’emploi pour défendre le pays attaqué.



 J’étais la semaine dernière en Lituanie et en Lettonie. C’est en Lituanie, elle aussi membre de l’UE et de l’OTAN, qui n’a qu’une minorité « russophone » de l’ordre de 5 %, que j’ai senti le plus d’inquiétudes concernant une potentielle intervention russe. Il faut dire que l’exclave russe de Kaliningrad, coincée entre Pologne et Lituanie, est un oblast hautement militarisé où une poignée de russophones vient de demander les mêmes dispostions que pour la Crimée. Mais mes interlocuteurs pensaient tous que, en cas d’agression, l’OTAN n’interviendrait pas pour les défendre.




L’occupation puis l’annexion de la Crimée par la Russie a donc bel et bien jeté la perturbation dans tout l’est de l’Europe. Mais il n’est pas sûr que ce soit bénéfique pour la Russie, on le voit déjà sur le plan économique.   

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