A
partir de juin 1940 et jusqu'en août 1991, la Lettonie a subi les
occupations successives de deux régimes totalitaires, la Russie
soviétique (1940 – 1941), l 'Allemagne nazie (1941 – 1944)
et de nouveau la Russie soviétique (1944 – 1991). États qui,
rappelons-le, furent alliés sur le terrain du 23 août 1939 (pacte
Molotov – Ribbentrop) au 22 juin 1941 (début de l'opération
« Barbarossa »).
En
violation de la Convention de La Haye du 18 octobre 1907, interdisant
l'incorporation de force de ressortissants d'un pays occupé, les
Allemands ont mobilisé environ 115 000 jeunes gens (dont 25 à 30
000 furent tués) et l'Armée rouge 100 000 citoyens lettons dont 35
000 furent tués.
C'est
donc illégalement que fut créée, suite à un ordre du 10 février
1943, la « Légion des Volontaires SS lettons », la
grande majorité des incorporés (80 à 85%) n'étant en fait
nullement volontaires. Les 15 à 20 % de volontaires avaient cru
à une promesse de l'occupant nazi de redonner à terme son
indépendance à la Lettonie, ce qui n'avait jaamsi été, en fait,
dans ses intentions.
La
15e division
SS de grenadiers « Lettland » (Lettische Nr 1) a été créée en février 1943, la 19e division
SS de grenadiers « Lettland » (Lettische Nr 2) en
mai 1944. D'emblée,
on remarquera que, les massacres des Juifs en Lettonie ayant
principalement eu lieu pendant l'année 1941, les Divisions SS
lettones ne sauraient en être tenues pour responsables puisqu'elles
n'existaient pas encore ! Et même si le trop fameux
Komando Arājs
et certains bataillons de police furent versés en 1943 dans la
Légion lettone, ce fait n'est pas suffisant pour faire de la Légion
lettone une structure criminelle. La 15e
Division fut transférée en Allemagne à la fin de 1944 et y resta
jusqu'à la fin de la guerre ; la 19e
Division resta, elle, en Courlande jusqu'à la capitulation allemande
du 8 mai 1945.
Le
préambule de la Satversme (la Constitution lettone) précise que la
Lettonie honore ceux de ses ressortissants qui ont combattu pour sa
liberté, se souvient des victimes de puissances étrangères et
condamne les régimes communiste et national-socialiste et leurs
crimes. Le fait d'arborer publiquement les symboles des régimes
totalitaires est un délit criminel selon la loi lettone. Mais, en
tant qu’État démocratique, la Lettonie garantit tout les droits
civiles et humains, et toutes les libertés dont la liberté
d'assemblée, d'opinion et de parole (article 100).
La
Lettonie commémore officiellement le 11 novembre, jour de Lāčplēsis.
les soldats tombés pour sa liberté. Le 16 mars n'est pas un jour
officiel de commémoration. Mais pourquoi le 16 mars ?
Du
16 au 18 mars 1944, les deux divisions SS lettones combattirent pour
la dernière fois côte à côte contre l'armée rouge sur la rivière
Velikaya en Russie, en avant de la frontière lettone. C'est en 1952
que naquit l'idée, à Londres, parmi les exilés lettons membres de
l'association « Daugavas
Vanagi »,
de commémorer cette bataille, mais
surtout de rendre hommage à ceux qui étaient tombés ou qui avaient
été blessés sur les champs de bataille de la deuxième guerre
mondiale. Les
survivants disent encore aujourd'hui : « Nous nous
battions pour une Lettonie libre et donc contre le retour de l'Armée
rouge »
Bien
évidemment, à partir de la fin des années 1990, la Russie et les
médias contrôlés par l’État russe interprétèrent les marches
du 16 mars d'une façon biaisée, afin de tenter de discréditer la
Lettonie. Les autorités russes fabriquèrent des « preuves »
pour tenter de dépeindre les commémorations du 16 mars comme une
glorification du nazisme et leurs participants comme des néo-nazis.
Depuis
qu'elle a regagné son indépendance en 1991, la Lettonie a
clairement condamné toutes les idéologies totalitaires, ainsi que
les crimes de guerre et les crimes contre l'humanité commis pendant
la seconde guerre mondiale. La conscription illégale des citoyens
lettons par les forces d'occupation était un crime et le 16 mars n'a
pas été déclaré jour officiel de célébration. Aujourd'hui,
plutôt que de chercher à creuser le fossé entre composantes de la
société lettone, il vaudrait mieux chercher à tirer conjointement
les leçons d'une histoire tragique. Manifestement, la Russie, toute
à sa réécriture de l'histoire, n'est pas prête à une telle
introspection.
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