A
l'issue de la Première Guerre mondiale, le Traité de
Saint-Germain-en-Laye (10 septembre 1919) consacre la dislocation de
la monarchie austro-hongroise et crée sept États successeurs selon
le principe du droit des peuples à disposer d'eux-même (10e
des 14 points du Président Woodrow Wilson).
Dans
ce Traité, la revendication des Tchèques et des Slovaques de se
doter d'un pays commun est reconnue, et la Tchécoslovaquie est
créée. Mais le pays inclut une importante population de langue
allemande, ainsi qu'une minorité hongroise. Les habitants de
nationalité allemande sont 3 millions dans un État de 15 millions
d'habitants.
La
crise économique de 1929 a une influence importante dans les régions
industrielles des Sudètes où le chômage augmente rapidement,
exacerbant les conflits nationalistes. Hitler, qui prend le pouvoir
en Allemagne en 1933, se donne pour mission de rattacher au Reich
toutes les régions de langue allemande. La minorité allemande
(majoritaire dans les Sudètes), emmenée par le nazi Konrad Henlein,
amplifie ses exigences après l'Anschluss de l'Autriche au
Reich, les 11 – 12 mars 1938.
Konrad Henlein |
Hitler,
invoquant le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, annonce
alors que, quoi qu'il arrive, il annexera la région le 1er
octobre 1938, sachant pertinemment que cela équivalait à une
déclaration de guerre avec la France et la Grande-Bretagne, alliés
de la Tchécoslovaquie. .
Alors
que la France mobilise, c'est Benito Mussolini qui propose de tenir
une conférence de la dernière chance, à Munich. Participe à cette
réunion, outre Mussolini pour l'Italie, Adolf Hitler pour
l'Allemagne, Neville Chamberlain pour la Grande-Bretagne, et Edouard
Daladier pour la France.
La
France a un traité d'alliance avec la Tchécoslovaquie pour garantir
ses frontières, mais elle n'est pas prête pour la guerre. En
France , les accords de Munich
font d’ailleurs consensus dans la classe
politique, la grande
majorité des politiciens étant « munichois ».
Daladier, qui pensait être hué pour avoir cédé à Hitler, en ne
recevant en échange que de vagues promesses de paix, est, à sa
grande surprise, acclamé à sa sortie d'avion au Bourget. De même,
Chamberlain est accueilli en héros à son retour à Londres. C'est
que les opinions publiques sont consciente d'avoir échappé à un
conflit majeur. C'est Winston Churchill qui prononce (ou pas) la
célèbre formule : « Ils
devaient choisir entre le déshonneur et la guerre. Ils ont choisi le
déshonneur, et ils auront la guerre »
Les
accords de Munich prévoient l'évacuation du territoire des Sudètes
avant le 10 octobre 1938 et son occupation progressive par les
troupes allemandes. Le 30 septembre, le gouvernement tchécoslovaque
se soumet aux termes des accords , mais le président Edvard Beneš,
qui
n'avait pas été invité à Munich,
démissionne le 5 octobre. En
quelques semaines, la Tchécoslovaquie perd 41 098 km2 et
4 879 000 habitants.
En
mars 1939, les armées allemandes, violant délibérément les
accords passés six mois plus tôt, envahissent et occupent le reste
de la Bohême-Moravie, alors que la République Slovaque devient un
État théoriquement indépendant sous la houlette de Mgr Tiso,
contrôlé par le Reich
allemand. Il
faudra attendre l'invasion conjointe de la Pologne par l'Allemagne
nazie et la Russie soviétique pour que la France et la
Grande-Bretagne réagissent.
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