Frédéric Chopin par Eugène Delacroix, 1838 |
(Etant
allé récemment au cimetière du Père Lachaise, je reposte ici un
article de 2013 dans lequel j'évoquais les origines françaises de
Frédéric Chopin. Le but n'est pas de polémiquer en affirmant que
Chopin est Français, ou Polonais, ou Moldo-valaque. Je veux
simplement dire qu'il est heureux qu'à cette époque il ne se soit
pas trouvé quelque homme politique polonais pour fermer ses
frontières aux migrants. Le visage de la musique européenne en eut
été changé.)
Frédéric
Chopin est né le 22 Février 1810 (d’autres sources disent le
1er Mars
1810) au village de Żelazowa
Wola, à une
cinquantaine de kilomètres à l’ouest de Varsovie, dans une
Pologne devenue russe après le troisième partage de la Pologne –
Lituanie en 1795. On ne se demande généralement pas pourquoi son
nom est si peu polonais !
Au
début étaient François Chopin et Marguerite
Delfin, originaires du Dauphiné, qui s’établirent
à Marainville-sur-Madon (aujourd’hui dans le
département des Vosges) en 1769, l’année de leur mariage. Ils
eurent trois enfants : Anne (1769 – 1845), Nicolas (1771 -
1844) et Marguerite (1775 – 1845).
Il
faut savoir que l’éphémère Roi de Pologne – Grand-duc de
Lituanie (1704 – 1709 et quelques jours en 1733), Stanislas
Leszczyński, beau-père de Louis XV depuis 1725, avait obtenu en
1737 la souveraineté des Duchés de Lorraine et de Bar et que
jusqu’à sa mort en 1766, la cour de Lunéville fut un intense
foyer d’activités culturelles et artistiques. C’est la raison
pour laquelle des nombreux Polonais et Lituaniens y furent attirés
et parmi eux le comte lituanien Mykolas Jonas Pacas (1730
– 1787) qui acheta le château de Marainville en 1781.
François
Chopin, qui était devenu syndic du village, et se trouvait ainsi en
contact avec le comte Pacas et son régisseur polonais, Adam
Weydlich. C’est a priori grâce à Adam Weydlich que le
jeune Nicolas put recevoir une bonne éducation et lorsque le comte
Pacas décéda, c’est encore Adam Weydlich qui proposa à Nicolas
de le suivre en Pologne.
Nicolas (Mikolaj) Chopin |
Arrivé
à Varsovie au cours de l’année 1787, Nicolas Chopin,
16 ans, est d’abord comptable à la Manufacture des tabacs pendant
deux ans puis précepteur d’enfants de bonne famille, ce qui
suppose que son sérieux et ses qualités personnelles étaient
remarquables car les précepteurs français, s’ils étaient certes
à la mode en Pologne comme en Russie, étaient généralement des
aristocrates. Présent à Varsovie lors de l’insurrection de
Kościuskko de 1794, il se sent déjà suffisamment concerné pour y
prendre part, bien que n’étant présent en Pologne que depuis 7
ans.
Pour
l’anecdote, lorsque Napoléon 1er entra à Varsovie
en 1806, une jeune Polonaise s’adressa à lui en Français et
l’Empereur lui demanda qui lui avait appris cette langue, elle
répondit « Chopin » ! En effet, Nicolas Chopin
gérait depuis 1795 le domaine de Czerniewo et éduquait les quatre
enfants de la famille dont la petite Maria, devenue comtesse
Walewska, aura une liaison avec l’Empereur et lui donnera un fils,
Alexandre comte Walewski.
La maison familiale de Zelazowa Wola |
Mais
c’est auprès d’une autre famille, les Skarbek, qui avaient une
propriété à Żelazowa
Wola, au cœur de la Mazovie, que Nicolas Chopin fit
la connaissance en 1802 de Justyna
Krzyżanowska (1782
– 1861). Les jeunes gens se marièrent le 2 Juin 1806. De l’union
naquit d’abord Ludwika (1807 – 1855) puis Fryderyk Franciszek
(Frédéric François) (1810 – 1849). L’acte de baptême, signé
de l’abbé Jan Duchnowski, indique que Frédéric est né le 22
Février, mais les Chopin ont toujours indiqué le 1er Mars
comme date de naissance du compositeur.
Le 12 place Vendôme, où est décédé Frédéric Chopin |
Juste retour
des choses : on sait que Frédéric
Chopin s’installera
à Paris en Septembre 1831, qu’il sera de 1836 à 1847 le compagnon
de George Sand, et qu’il décédera le 17 Octobre 1849 au 12 place
Vendôme, à l’âge de 39 ans. Il est enterré au cimetière du
Père Lachaise, mais son cœur est dans un cénotaphe dans l’église
Sainte-Croix de Varsovie. Comme le disait Heinrich Heine « Il
n'est alors ni Polonais, ni Français, ni Allemand ; il trahit
une origine bien plus haute, il descend du pays de Mozart, de
Raphaël, de Goethe : sa vraie patrie est le royaume enchanté
de la poésie ».
La tombe de Frédéric Chopin au cimetière du Père Lachaise (photo prise le 20 septembre 2018) |
Bonjour,merci,ja Polka iz Wilno...interesujus France...tam žili moi Polaki...Chopin s Georg Sand, Adam Mickiewicz, rus pisateli, s ja filolog rusist...Iwan Turgenrs s Polina Viarfo, Esenin Sergiej bywal Ajsedora Dunkan, A Diagilew i jeho balet...Enchante France...merci za Chopin Fryderyk
RépondreSupprimerIl est à mon sens difficile d'être catégorique en donnant une nationalité à un artiste. Adam Mickiewicz est un bon exemple, qui a été plus Lituanien que Polonais, mais qui parlait polonais, que le Bélarus s'arroge non sans quelque argument, et qui a finalement terminé sa vie en France. On peut aussi évoquer Marc Chagall, Mikhaïl Kikoïne, Chaïm Soutine, Pinchus Kremegne, Jacques Lipchitz, tous ces artistes litwaks qui se retrouvés parfaitement à leur aise à Paris. Définitivement, je dis oui à une Europe sans frontières !
RépondreSupprimer