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samedi 29 septembre 2018

Les origines françaises de Frédéric Chopin



Frédéric Chopin par Eugène Delacroix, 1838


(Etant allé récemment au cimetière du Père Lachaise, je reposte ici un article de 2013 dans lequel j'évoquais les origines françaises de Frédéric Chopin. Le but n'est pas de polémiquer en affirmant que Chopin est Français, ou Polonais, ou Moldo-valaque. Je veux simplement dire qu'il est heureux qu'à cette époque il ne se soit pas trouvé quelque homme politique polonais pour fermer ses frontières aux migrants. Le visage de la musique européenne en eut été changé.)

Frédéric Chopin est né le 22 Février 1810 (d’autres sources disent le 1er Mars 1810) au village de Żelazowa Wola, à une cinquantaine de kilomètres à l’ouest de Varsovie, dans une Pologne devenue russe après le troisième partage de la Pologne – Lituanie en 1795. On ne se demande généralement pas pourquoi son nom est si peu polonais !

Au début étaient François Chopin et Marguerite Delfin, originaires du Dauphiné, qui s’établirent à Marainville-sur-Madon (aujourd’hui dans le département des Vosges) en 1769, l’année de leur mariage. Ils eurent trois enfants : Anne (1769 – 1845), Nicolas (1771 - 1844) et Marguerite (1775 – 1845). 

Il faut savoir que l’éphémère Roi de Pologne – Grand-duc de Lituanie (1704 – 1709 et quelques jours en 1733), Stanislas Leszczyński, beau-père de Louis XV depuis 1725, avait obtenu en 1737 la souveraineté des Duchés de Lorraine et de Bar et que jusqu’à sa mort en 1766, la cour de Lunéville fut un intense foyer d’activités culturelles et artistiques. C’est la raison pour laquelle des nombreux Polonais et Lituaniens y furent attirés et parmi eux le comte lituanien Mykolas Jonas Pacas (1730 – 1787) qui acheta le château de Marainville en 1781.

François Chopin, qui était devenu syndic du village, et se trouvait ainsi en contact avec le comte Pacas et son régisseur polonais, Adam Weydlich. C’est a priori grâce à Adam Weydlich  que le jeune Nicolas put recevoir une bonne éducation et lorsque le comte Pacas décéda, c’est encore Adam Weydlich qui proposa à Nicolas de le suivre en Pologne.

Nicolas (Mikolaj) Chopin


Arrivé à Varsovie au cours de l’année 1787, Nicolas Chopin, 16 ans, est d’abord comptable à la Manufacture des tabacs pendant deux ans puis précepteur d’enfants de bonne famille, ce qui suppose que son sérieux et ses qualités personnelles étaient remarquables car les précepteurs français, s’ils étaient certes à la mode en Pologne comme en Russie, étaient généralement des aristocrates. Présent à Varsovie lors de l’insurrection de Kościuskko de 1794, il se sent déjà suffisamment concerné pour y prendre part, bien que n’étant présent en Pologne que depuis 7 ans.

Pour l’anecdote, lorsque Napoléon 1er entra à Varsovie en 1806, une jeune Polonaise s’adressa à lui en Français et l’Empereur lui demanda qui lui avait appris cette langue, elle répondit « Chopin » ! En effet, Nicolas Chopin gérait depuis 1795 le domaine de Czerniewo et éduquait les quatre enfants de la famille dont la petite Maria, devenue comtesse Walewska, aura une liaison avec l’Empereur et lui donnera un fils, Alexandre comte Walewski.  

La maison familiale de Zelazowa Wola


Mais c’est auprès d’une autre famille, les Skarbek, qui avaient une propriété à Żelazowa Wola, au cœur de la Mazovie, que Nicolas Chopin fit la connaissance en 1802 de Justyna Krzyżanowska (1782 – 1861). Les jeunes gens se marièrent le 2 Juin 1806. De l’union naquit d’abord Ludwika (1807 – 1855) puis Fryderyk Franciszek (Frédéric François) (1810 – 1849). L’acte de baptême, signé de l’abbé Jan Duchnowski, indique que Frédéric est né le 22 Février, mais les Chopin ont toujours indiqué le 1er Mars comme date de naissance du compositeur.   

Le 12 place Vendôme, où est décédé Frédéric Chopin


Juste retour des choses : on sait que Frédéric Chopin s’installera à Paris en Septembre 1831, qu’il sera de 1836 à 1847 le compagnon de George Sand, et qu’il décédera le 17 Octobre 1849 au 12 place Vendôme, à l’âge de 39 ans. Il est enterré au cimetière du Père Lachaise, mais son cœur est dans un cénotaphe dans l’église Sainte-Croix de Varsovie. Comme le disait Heinrich Heine « Il n'est alors ni Polonais, ni Français, ni Allemand ; il trahit une origine bien plus haute, il descend du pays de Mozart, de Raphaël, de Goethe : sa vraie patrie est le royaume enchanté de la poésie ».  

La tombe de Frédéric Chopin au cimetière du Père Lachaise (photo prise le 20 septembre 2018)


2 commentaires:

  1. Bonjour,merci,ja Polka iz Wilno...interesujus France...tam žili moi Polaki...Chopin s Georg Sand, Adam Mickiewicz, rus pisateli, s ja filolog rusist...Iwan Turgenrs s Polina Viarfo, Esenin Sergiej bywal Ajsedora Dunkan, A Diagilew i jeho balet...Enchante France...merci za Chopin Fryderyk

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  2. Il est à mon sens difficile d'être catégorique en donnant une nationalité à un artiste. Adam Mickiewicz est un bon exemple, qui a été plus Lituanien que Polonais, mais qui parlait polonais, que le Bélarus s'arroge non sans quelque argument, et qui a finalement terminé sa vie en France. On peut aussi évoquer Marc Chagall, Mikhaïl Kikoïne, Chaïm Soutine, Pinchus Kremegne, Jacques Lipchitz, tous ces artistes litwaks qui se retrouvés parfaitement à leur aise à Paris. Définitivement, je dis oui à une Europe sans frontières !

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