Depuis la rentrée, j’utilise quasi quotidiennement le trolleybus, voire le tramway, pour me rendre dans le centre de Riga, souvent dans une des bibliothèques de la ville. Ayant donc tout loisir d’étudier les passagers, j’ai dégagé une attitude type de la babouchka de Riga (babouchka / ба́бушка = grand-mère, mais aussi vieille femme).
La babouchka sait exactement où va s’arrêter le trolleybus (bien que les types de ceux-ci soient différents). Lorsque son trolleybus arrive elle va se « précipiter », au besoin en vous bousculant, de façon à être la première au milieu de la porte d’accès. Au besoin, elle va monter avant que les passagers n’aient fini de descendre.
Car la babouchka a sa place et elle veut sa place. Deux possibilités vont alors se présenter :
# Sa place est libre. Dans ce cas-là, elle s’y précipite directement, et pose ses sacs sur son siège (car la babouchka a toujours plusieurs sacs, dont un sac plastique contenant je ne sais trop quoi, mais survivance de l’époque soviétique où il fallait en avoir un, au cas où on aurait trouvé, par hasard, quelque chose à acheter).
Une fois ses sacs posés, la babouchka cherche son ticket, bloquant au besoin la circulation dans le couloir entre les sièges, puis, laissant ses sacs sur son siège, part composter. (Variante : elle s’assoit et vous tend son billet pour que vous, qui êtes resté debout, le compostiez)
# Sa place n’est pas libre. La babouchka va alors être décontenancée et va se planter à l’entrée du trolleybus, bloquant, ou au moins gênant, la montée des autres passagers. Car il lui faut absolument une place dans le sens de la marche (sinon, elle préfèrera rester debout) et de préférence accessible sans qu’il n’y ait de marche à monter.
Une fois la place choisie, se reporter au paragraphe précédent.
Pour descendre à la station A, la babouchka a aussi sa technique personnelle. A la station A – 1, elle va se lever avec les gens qui descendent à cette station A – 1 et va se poster près de la porte, voire devant la porte, gênant ainsi les gens qui montent.
Qu’on ne se méprenne pas ! Je ne critique pas (même si je reconnais que je ne cherche pas systématiquement à éviter la babouchka qui veut monter alors que je descends……). Je jette juste un regard d’ethnologue amateur.
NB : les photos qui illustrent cet article sont extraites d’un forum qui, entre autres, détaille les transports en commun de Riga (http://www.skyscrapercity.com/showthread.php?t=1061263)
Excellente analyse et description ethnologique et comportementale!
RépondreSupprimerOn s'y croirait. Il est vrai que, parfois, la baboushka est bagarreuse.
Pour les sacs, j'imagine qu'il sagit de ceux en toile ciré (enfin pas tout à fait, ça fait des fils) à carreaux, dans les tons bleus/rouge??
Merci.
RépondreSupprimerCe que vous evoquez, je pense, c'est le baul (orthographe non certifiee), que l'on sort dans les grandes occasions pour les transports pondereux.
Moi je pensais au sac plastique normal, de supermarche IKI ou Maxima(qu'ici l'on paye, donc c'est precieux), et que l'on avait toujours, a l'epoque sovietique, au cas ou l'on serait tombe sur une boutique ou il venait d'y avoir un arrivage de ..... n'importe quoi!
J'ai vécu plus ou moins aussi cette expérience des transports en commun propre aux pays de l'Est.
RépondreSupprimerA la différence qu'en Ukraine, il n'y a pas moyen de composter dans les transports en commun, c'est un agent qui se charge de récolter l'argent en circulant dans le bus ou tramway, de ce fait la babouchka ne se balade pas et tant mieux.
En Ukraine aussi elle a ces deux gros sacs plus grand qu'elle et j'ai du les aider moult fois à les faire descendre du bus.
Je laisse quand meme la palme d'or à la babouchka et ses deux gros sacs dans la mashrutkas bondées...
Néanmoins, étant un habitué du tramway à Bordeaux, je trouve les ukrainiens dans les transports en commun nettement plus civilisés que les français !
J'ai encore en mémoire les queues linéaires naturellement organisées devant l'arrêt de la Mashrutkas, il faut le voir pour le croire ! En France ce serait un gros tas et une lutte à mort pour entrer en premier.
Je confirme pour les Mashrutkas. Mais pour les trolleybus, c'est la lutte ... finale !
RépondreSupprimer(Pendant qu'on y est: souvenir de bus a Kyiv. A 11H du soir un controleur qui devait faire 1m95 pour 130 km. Je peux vous assurer que ca ne voulait pas truander .....)
Ca vaut bien un passage de "Tristes Tropiques" :)
RépondreSupprimerA quand un livre de Gilles Levi Strauss?
C'est trop d'honneur ! Mais puisque ca a l'air de plaire, j'essaierai de trouver occasionnellement d'autres personnages.
RépondreSupprimerVecmamina ar arvien mazliet traka.
RépondreSupprimerCe sont surement comme vous dîtes des attitudes liées au dures conditions de vie lors de l'URSS, même si il y avait un système à la base "social" ce devait être une lutte perpétuelle. Mais comment sont les Dievouchka dans le Trolley bus? Nakama pietura... adrien Clemenceau
Ah "Nakama pietura ...."! ...on voit que vous avez vecu ici.
RépondreSupprimerLes Девушки ? Elles ne prennent pas le trolleybus, elles roulent en Porsche Cayenne .....