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samedi 20 novembre 2010

Lituanie: “Grandes manœuvres” autour d’Ignalina II



Dans le cadre des négociations d'adhésion, l'Union européenne avait demandé la fermeture de huit réacteurs nucléaires avant 2009 : Bohunice 1 et 2 (Slovaquie), Ignalina 1 et 2 (à Visaginas en Lituanie) et Kozloduy 1 à 4 (Bulgarie). Le réacteur n°1 d’Ignalina, mis en service en 1983, fut fermé le 31 décembre 2004 et le réacteur n°2, en activité depuis 1987, a été fermé le 31 Décembre 2009.

Parallèlement, le Seimas (Parlement) lituanien avait approuvé (Résolution X-1046 du 18 Janvier 2007) la construction d’une nouvelle centrale en coopération avec l’Estonie, la Lettonie et la Pologne, toujours à Visaginas. Un appel d’offre pour trouver un investisseur stratégique avait été lancé, au bout d’un certain temps, certes, mais avait été lancé. La date limite pour soumissionner était le 10 Novembre 2010. L’objectif des Lituaniens, qui avaient déjà arrêté une short list de 5 entreprises en Février, était de sélectionner deux soumissionneurs et de poursuivre les négociations parallèlement avec eux. 

Le gouvernement lituanien avait déclaré dans le passé qu’il espérait que les grands services publics européens, tels l’allemand E.ON, le français EDF ou le suédois Vattenfall participeraient à l’appel d’offre. Mais, en Mai. E.ON avait déclaré qu’il ne donnerait pas suite au projet lituanien. 

Mardi 16 Novembre, le Verslos Zinios, citant des sources non identifiées, affirmait que les deux finalistes étaient le français Électricité de France (EDF) et le coréen Korea Electric Power Corp.. (On rappellera qu’EDF est désormais une société anonyme à capitaux publics. Son capital est en effet détenu à 87,3 % par l’État, à 10,8 % par le public et à 1,9 % par les salariés d’EDF). 

Patatras ! L’Ambassade de France à Vilnius faisait alors paraitre un communiqué précisant qu’EDF avait démenti avoir répondu à l’appel d’offre.  

Ce qui était déjà, de prime abord, simplement étonnant est devenu une affaire d’État avec la déclaration que le  Premier Ministre lituanien, Andrius Kubilius, a faite le 18 Novembre à la Žinių Radijas. En substance, M. Kubilius accuse la Russie de tenter de décourager les investisseurs potentiels.

Ce n’est pas que la Russie ambitionne de gagner l’appel d’offre d’Ignalina II (je crois, sans en être sûr, que les entreprises russes n’étaient pas autorisées à soumissionner). Mais la première pierre d’une centrale électrique, qui devrait être construite par Rosatom (groupe nucléaire public russe), a été posée à Kaliningrad (près de Sovetsk, jadis Tilsit, à 20 km de la frontière lituanienne) le 25 Février 2010. Les trois quarts de la production sont destinés à l’exportation, à partir de 2016. On ne saurait non plus oublier que Rosatom est en passe de signer un contrat pour construire « clés en main » la première centrale bélarusse, là aussi près de la frontière lituanienne et là aussi en mesure de produire de l’énergie à partir de 2016. 

Quand on sait que les experts estiment que la future nouvelle centrale d’Ignalina II ne pourra, au mieux, commencer à fonctionner que dans les années 2017-2020, M. Kubilius a donc quelques bonnes raisons de s’inquiéter.   

3 commentaires:

  1. Bonjour Gilles,

    Je sais depuis un an que EDF n'est pas intéressé (de source de dirigeants internes).

    J'avais par ailleurs posté sur ton ancien blog qu'il n'y aurait jamais d'ignalina 2...

    J'espérais avoir tort...

    A bientôt

    François

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  2. Qu'il n'y ait jamais d'Ignalina II, je commence a le croire .....

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  3. Aujourd'hui (en fait le 24 Novembre), c'est le Coreen KEPCO qui s'est retire de l'appel d'offre. Certains font d'ailleurs le rapport avec la visite de Medvedev en Coree les 9 et 10 Novembre ....

    En clair, il n'y a plus de soumissionneur pour Ignalina II.

    Nul doute que ca doit rejouir la Russie.

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