L’intérêt avec les
dictatures, c’est qu’il n’est pas besoin de veiller tard dans la nuit pour
connaître le résultat des élections. Les « élections » du 23
Septembre prochain pour renouveler les 110 membres de la Chambre des
représentants du Bélarus devraient confirmer cette règle.
Le Parlement bélarusse est
bicaméral : le Conseil de la
République, chambre haute de 64 membres (56 élus par les Conseils régionaux
et 8 nommés par le Président pour 4 ans), représentant les territoires, et la Chambre des Représentants, chambre
basse de 110 membres, élus au suffrage populaire eux aussi pour 4 ans. Sur les
110 membres élus en 2008, 103 se déclarent indépendants, 6 sont affiliés au
Parti communiste (Камуністы́чная
па́ртыя Белару́сі) et le dernier au Parti agrarien (Агра́рная па́ртыя Беларусі). Ces deux derniers partis soutenant le
Président Alyaksandr Ryhoravich Lukashenka (Аляксандр Рыгоравіч Лукашэнка), autant dire que l’opposition
n’a pas droit de cité ! En tout état de cause, le Parlement bélarusse n’a
quasiment aucun pouvoir, se contentant d’enregistrer et valider les
propositions de loi provenant toutes du Président de la République.
Alyaksandr Ryhoravich Lukashenka |
Lors de l’ « élection
présidentielle » du 19 Décembre 2010, 700 personnes, sur les milliers qui
avaient manifesté contre la falsification du scrutin, avaient été arrêtée, dont
7 des 9 candidats opposés à Lukashenka. Au moins 13 sont encore en prison.
Ces « élections
législatives » ne se présentes pas sous de meilleurs auspices. L’opposant
le plus emblématique, qui avait reçu en 2006 le Prix Sakharov, Alexandre
Milinkevitch, a été empêché de se présenter. L’intimidation, le harcèlement, la
détention des activistes de l’opposition et des journalistes indépendants sont
récurrents. Le 6 Janvier 2012, le pouvoir a créé un Centre Opérationnel
Analytique destiné à renforcer le contrôle sur Internet. Seuls 3,5 % des
membres des Commissions Electorales de Districts représentent l’opposition. Le
15 Septembre, deux des principaux partis d’opposition, le Parti de l’Union Civique
et le Front Populaire Bélarusse, ont décidé de retirer leurs candidats, mais le
sujet divise l’opposition. Leur visa n’est pas été accordé à certains des
observateurs de l’OSCE (comme hier à Emanuelis Zingeris, Président de la
Commission des Affaires Etrangères au Parlement lituanien), ce qui les empêche
bien évidemment de pouvoir venir observer.
Emanuelis Zingeris |
Donc, rien n’a changé au
pays d’Alyaksandr « Ubu » Lukashenka, « un cirque derrière les barbelés ».
Certains, qui sont
allés au Bélarus, ont trouvé la vie des habitants tout à fait normale (le mot
est à la mode ….). Ce ne fut pas mon analyse lors de mes deux séjours. Il faut
dire que le premier, en Avril 2006, est tombé en même temps que la cérémonie d’investiture
de Lukashenka et que la densité de policiers, en tenue et en civils, donnait au
centre ville de Minsk un aspect surréaliste. Quant au deuxième voyage (Avril
2012), le long examen et le scan de mon passeport (de la 1ère à la
36ème page) à la frontière par la policière de service ne m’a pas
semblé mériter le qualificatif de « normal »……
Alyaksandr Lukashenka et son fils illégitime, Kolya |
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