En France, on a l’habitude
du comptage des participants aux manifestations : 5 000 selon la
police, 150 000 selon les syndicats. Le Bélarus vient de l’appliquer pour
la participation aux « élections législatives » de ce week-end :
74,3 % pour la Commission Electorale Centrale, 38,7 % pour l’opposition !
Il semblerait toutefois
que le Président Lukashenka, à l’instar de Jésus multipliant les pains, ait
trouvé le moyen de faire des miracles en multipliant les votes.
Prenez l’exemple du bureau
de vote n° 367 à Minsk (cité par charter97.org). Des observateurs de
l’opposition étaient en place depuis le début des opérations de vote (8H). A
11H, ils avaient compté 70 votants. Lorsque des observateurs de l’OSCE sont
venus à 11H demander les chiffres officiels, les membres de la commission leur
ont annoncé 691 votants dont 418 ayant voté par anticipation.
Différentiel : 273. Au lieu de 70. Miracle !
En fait, la recette du
miracle est simple :
# Prenez une Commission Electorale Centrale
dont la Présidente, Lidya Yermochina, a une expérience sans
faille des miracles depuis 16 ans ;
Lidya Yermochina |
# Désignez à tous les niveaux des
commissions électorales dont les membres vont sont dévoués ;
# Pendant la période pré-électorale, invalidez,
harcelez et même emprisonnez vos opposants ; l’idéal est qu’il n’y ait qu’un
seul candidat (le vôtre bien sûr) par circonscription. Si, devant tant d’avanies,
les opposants appellent au boycott, c’est tout bénéfice pour vous car ……
# Mobilisez
vos « ressources administratives » telles que :
Ø Le vote par anticipation
qui permet de vérifier l’adage selon lequel les urnes ont tendance à se remplir
toutes seules la nuit. Pour encourager le vote par anticipation, précisez, dans
les usines ou les fermes collectives, que le salaire sera versé dès que l’ouvrier
aura voté (NB : ça marche aussi, sous d’autres prétextes, avec les
étudiants et les militaires)
Ø L’organisation du
transport de vos votants. D’un bureau de vote à l’autre s’entend. L’opposition
appelle méchamment ça des « carrousels ». Comme vous avez pris la
précaution d’avoir des commissions électorales dévouées à votre cause (voir
ci-dessus), celles-ci seront tellement occupées à choyer les électeurs (vodka,
zakouski) qu’elles en oublieront de tamponner les passeports, ce qui
indiquerait que le votant potentiel a déjà voté ailleurs.
Ø Si des observateurs
protestent – sans fondement bien sûr – faites-les expulser du bureau de vote,
voire embarquer par la police.
# Faites validez les résultats par les
observateurs internationaux (ceux de la CEI bien sûr), qui trouveront ces
élections honnêtes et transparentes et conformes aux normes internationales
(comprendre : celles en vigueur en Russie ?). Si des observateurs de
l’OSCE sont susceptibles d’être trop critiques (Marieluise Beck, Emanuelis
Zingeris), il suffit de ne pas leur donner de visa afin qu’ils ne puissent pas entrer
au Bélarus.
Si vous réussissez à
réunir tous ces ingrédients, le miracle se renouvellera pendant au moins 18
ans, et vous recevrez le titre envié de « dernier dictateur en Europe » !
Luka et Kolya |
Je vois d’ici certains
commentaires qui me diront qu’il est heureux qu’un village gaulois slave
résiste encore à la dictature de l’UE et de l’OTAN. Qu’ils aillent, comme je l’ai
fait, passer la frontière bélarusse seul non russophone dans un bus de ligne
(bilan : le scan de tout mon passeport, certainement à l’usage du KGB), ou
assister à l’investiture du camarade Lukashenka (en 2006 : le centre ville
interdit et un policier, en civil ou en tenue, tous les 5 mètres), et on en
reparle.
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