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mercredi 26 septembre 2012

Poutine s’en va-t-en guerre ?



Une fois n’est pas coutume : je vais sortir de ma zone de prédilection (qui s’étend quand même de Tallinn à Yalta !) pour vous emmener jusque dans le Caucase.

Retour quatre ans en arrière.

En Avril 2008, la Russie avait remporté une victoire tactique au sommet de l’OTAN à Bucarest, où, sous l’influence de la France et de l’Allemagne, ni l’Ukraine ni la Géorgie n’obtinrent le MAP (Plan d’action pour l’adhésion). La France expliquait son refus par la nécessité de respecter l’équilibre européen, en clair, de ménager la Russie.

Dans la nuit du 7 au 8 Août 2008, l’armée géorgienne bombarde la « capitale » sud-ossète Tskhinvali, débutant une offensive pour essayer de reprendre par la force le contrôle de sa région séparatiste d’Ossétie du sud. Tbilissi réagissait à une longue période d’escalade et de provocations, accentuée pendant l’été, de la part de la Russie. (NB : Si la Russie et ses affidés soulignent la première partie de la phrase du rapport de la commission Heidi Tagliavini : « C'est la Géorgie qui a déclenché la guerre contre la Russie lorsqu'elle a bombardé Tskhinvali, la capitale de l'Ossétie du Sud, dans la nuit du 7 au 8 août 2008 », elle « oublie » de mentionner la suite : « Toutes les parties, géorgienne, russe, abkhaze et ossète du sud, ont leur part de responsabilité. La Russie avait mise en place une véritable politique de l'escalade qui a mené à la guerre. Le contexte a mis la Géorgie dans une situation où elle ne pouvait pas agir autrement ». Pour consulter le rapport en Anglais (3 volumes) : http://www.ceiig.ch/pdf/IIFFMCG_Volume_I.pdf).


Le 8 Août matin, appliquant un plan militaire approuvé en 2006 (fait récemment reconnu par le Président russe Vladimir Poutine), la Russie faisait pénétrer en Géorgie, par le tunnel de Roki, 5 bataillons de la 19e Division de Fusiliers motorisés appartenant à la 58ème Armée, normalement stationnée en Tchétchénie, mais qui sortait à peine de l’exercice « Caucase 2008 » ( Kavkaz-2008, du 16 Juillet au 2 Août 2008).  


La Russie justifia notamment son intervention par le fait qu’elle avait, selon elle, toute légitimité à protéger « ses » citoyens attaqués à l’étranger (les Sud-ossètes comme les Abkhazes avaient été massivement naturalisés russes, bénéficiant d’une stratégie de « passeportisation » les plaçant sous la protection de la Fédération de Russie).

Le 14 Août 2008, Moscou et Tbilissi acceptèrent de signer un accord de cessation des hostilités, proposé par la France qui assure alors la présidence de l’Union européenne. Mais, alors que l’accord prévoyait le retour des forces russes sur leurs positions ante bellum, il est notoire que la Russie ne respecte pas celui-ci, entre 10 000 et 20 000 soldats russes étant encore stationnés en Abkhazie et en Ossétie du sud. En outre, Moscou bloque le déploiement de missions d’observation de l’ONU ou de l’OSCE, et la mission de surveillance européenne (EUMM) est interdite de pénétrer en territoire sud-ossète.


Or, 4 ans plus tard, l’exercice « Caucase 2012 » vient de se dérouler du 17 au 23 Septembre et a engagé 8 000 soldats, 200 véhicules de combat et près de 100 pièces d’artillerie. Notamment, des tirs réels de missiles tactiques Totchka-U (SS 21 Scarab, d’une portée de 120 km) et Iskander (SS 26 Stone, portée maximum 500 km), ainsi que de lance-roquettes multiples Smerch (12 roquettes en 38 secondes jusqu’à 90 km) ont été effectué au cours de l’exercice.   

Ce qui rend nerveux les Géorgiens, outre le précédent de 2008, c’est que cet exercice a lieu juste avant les élections législatives du 1er Octobre 2012. Finir le travail de 2008, à savoir la conquête militaire du reste de la Géorgie par la Russie n’est pas à exclure. Mais il est plus vraisemblable qu’il s’agisse surtout d’un moyen de pression pour installer à la tête de la Géorgie une marionnette au service du Kremlin, en l’occurrence le multimilliardaire Bidzina Ivanishvili, qui a créé la coalition « Le rêve géorgien ». Ce mouvement, financé par la Russie, et accusé d’acheter les voix, ratisse large, des nostalgiques de l’URSS aux nationalistes les plus véhéments, et est prêt à descendre dans la rue pour obtenir par la violence ce qu’il n’aurait pas pu avoir dans les urnes.

Bidzina Ivanishvili

Autant le résultat des élections législatives bélarusse de dimanche dernier ne faisait aucun doute, autant celui des élections en Géorgie mérite qu’on s’y attache.
  
Tir de batterie de Smerch



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