Le 10 juillet 1986,
trois ouvriers du port letton de Liepāja (Linards Grantiņš, Raimonds Bitenieks et Mārtiņš Bariss, ci-dessous) créent le Groupe de
Défense des Droits de l’Homme (Cilvēktiesību aizstāvības grupa) – Helsinki 86.
Le nom a été choisi en
référence aux Accords d’Helsinki,
signés le 1er Août 1975. Ceux-ci, signés par 35 Etats dont les deux
Grands du moment (Etats-Unis et Union soviétique) prônaient notamment le
respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales, ainsi que le droit
des peuples à disposer d’eux-mêmes. Helsinki-86 fut la première organisation
ouvertement anti-communiste de l’Union soviétique, et d’ailleurs la première
opposition organisée au régime soviétique (Sąjūdis en Lituanie ne fut créée que le 3 juin 1988).
Le groupe envoya d’abord un certain nombre de courriers
à des organisations occidentales et au parti communiste d’Union soviétique,
demandant l’autonomie politique et économique pour la Lettonie, le
respect des droits de l’homme, l’arrêt de la russification et la reconnaissance
de la langue lettone comme langue officielle. La réaction des autorités
soviétiques fut la même qu’à l’habitude, à savoir menaces d’emprisonnement,
convocations pour interrogatoire et harcèlement des opposants. Mais, loin d’être
effrayés, les protestataires choisirent une stratégie plus offensive.
Le groupe organisa sa première manifestation
pacifique anti-communiste le 14 juin 1987, en
déposant des fleurs aux pieds du monument de la Liberté à Riga (Brīvības piemineklis), afin de
commémorer les déportations massives du 14 juin 1941 (voir http://gillesenlettonie.blogspot.fr/2011/06/14-juin-1941-deportations-sovietiques.html).
Le 23 août 1987, le groupe organisa une nouvelle manifestation
pour protester contre le Pacte Molotov – Ribbentrop qui eut, entre autres, pour
conséquence l’occupation des Pays baltes par les soviétiques. Le 18 novembre 1987, ce fut la première fois depuis 1940 que
fut célébré le Jour de l’Indépendance de la Lettonie. Le 25 mars 1988,
le groupe demnde à la population lettone de se rassembler devant le Monument de
la Liberté pour commémorer les victimes de la terreur soviétique. Le 14 juin 1988, pour la première fois depuis l’occupation
soviétique, le groupe arbore le drapeau traditionnel letton grenat – blanc –
grenat dans les rues de Riga.
Le 7 octobre 1988, la veille’ de la création du Front populaire
(Tautas Fronte), une manifestation pour l’établissement d’un Etat de
droit en Lettonie réunit 120 000 personnes à Riga.
La manifestation
la plus spectaculaire et la plus connue fut, le 23 août 1989,
la Voie Balte, unissant 2 millions
de Lituaniens, Lettons et Estoniens, entre Vilnius et Tallinn via Riga, en
protestation contre le pacte Molotov-Ribbentrop du 23 août 1939.
La Lettonie restaurera son
indépendance le 4 mai 1990, mais il faudra attendre l’échec
du putsch de Moscou d’août 1991 pour que celle-ci devienne effective.
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