Ceux qui me suivent savent
que je donne une grande importance à la signification politique du vocabulaire.
Cela m’a valu – et me vaut encore – des discussions épiques sur le distinguo
entre Biélorussie et Bélarus.
Aujourd’hui, je voudrais
dire combien le terme « séparatistes pro-russes », largement employé
dans les médias français pour désigner les insurgés de l’est de l’Ukraine, est
éloigné de la réalité et que celui d’ « envahisseur russe »
serait le plus adapté.
Prenons pour exemple le
pseudo gouvernement de la République populaire autoproclamée de Donetsk.
Son « premier
ministre », tout autant autoproclamé le 16 mai 2014, est un dénommé Alexandre Borodaï. Né à Moscou, il est
à partir de 1994 journaliste spécialisé dans les conflits sur le territoire de
la Fédération de Russie pour notamment RIA-Novosti
et la fameuse chaîne de télévision Perviy
Kanal. En 1999, il est au Daguestan pour
le journal Zavtra avec Igor Strelkov
que l’on retrouvera plus loin. En juillet 2002, la presse informe qu’il est
devenu directeur-adjoint de l’information politique du …… FSB successeur du
KGB).
On retrouve Borodaï dans
la « République populaire de Donetsk » (DPR), état sécessionniste
autoproclamé le 7 avril 2014. Un référendum d’autodétermination se tient le 11
mai 2014, mais son résultat, portant vers l’indépendance du territoire, n’est
reconnu par personne, même pas par la Russie ! Dans les jours qui suivent,
Alexandre Borodaï se proclame donc premier ministre.
Alexandre Borodaï |
Le « ministre de la
défense » est Igor Girkin (son
vrai nom), alias Igor Strelkov, lui
aussi citoyen russe. Militaire de carrière, il a participé aux combats en
Transnistrie, en Bosnie et, par deux fois, en Tchetchénie, la deuxième fois en
tant que Spetsnaz. Ecrivant des
articles pour Zavtra, c’est par
l’intermédiaire de celui-ci qu’il fera la connaissance d’Alexandre
Borodaï.
On le retrouve en Ukraine
en janvier 2014, apparemment Colonel du GRU, en charge de la protection des
reliques provenant du Mont Athos, où il prend la mesure des événements de Maïdan.
Puis, en mars 2014, Girkin/Strelkov est en Crimée, au service de la sécurité de
Sergueï Aksionov, « élu » « premier ministre » de Crimée en
février 2014. Dès le 12 avril, on le retrouve à Slaviansk, dans l’est de
l’Ukraine, dont il dirige les « forces d’autodéfense ». Le 16 mai, il
est nommé « ministre de la défense » de la DPR. Depuis quelques
jours, on parle beaucoup de Giirkin/Strelkov pour avoir apparemment annoncé la
destruction d’un Antonov-26 qui s’est révélé être le Boeing 777 MH-17 et pour
en avoir discuté avec son supérieur du GRU, Igor Bezler.
Igor Girkin , alias Igor Strelkov |
Le dernier arrivé, mais
non des moindres, est Vladimir Antjufeev, « vice-premier
ministre » de la DPR, en charge de la sécurité. Né à Novossibirsk (Russie),
lui aussi militaire, il est bien connu à Riga où il est accusé d’avoir commandé
les groupes militaires qui combattaient le nouveau gouvernement letton. Depuis
cette période, un mandat international a d’ailleurs été lancé contre lui par le
Procureur général de Lettonie et il est persona non grata dans l’Union
européenne depuis 2004. Ce qui ne l’a pas empêché d’être pendant 20 ans (1992 –
2012) chef du KGB de la République auto proclamée de Transnistrie. Au printemps
2014, on le retrouve en Crimée où il participe à l’opération russe d’annexion. Son
arrivée dans l’est de l’Ukraine est apparemment un soutien à Girkin/Strelkov,
qui avait été accusé par certains cercles de Moscou d’avoir rendu « un peu
trop rapidement » Slovyansk et Kramatorsk aux forces ukrainiennes
légitimes.
Vladimir Antjufeev |
Quel rapport ont Borodaï,
Girkin/Strelkov et Antyufeyev avec l’Ukraine ? Aucun ! Ils n’y sont
pas nés, il n’y ont jamais vécu. Ils y sont juste envoyés en service commandé
par la Russie. Car ces trois-là ont manifestement le don de se trouver impliqués
dans les opérations militaires sécessionnistes dans l’ancienne URSS (ils
étaient tous les trois simultanément en Transnistrie). Mais, comme leur
présence devient de plus en plus voyante, Moscou va avoir du mal à continuer à
nier son implication dans le conflit, persistant à le traiter de « guerre
civile » ukrainienne.
Remarque eux non plus ne veulent pas être appelé "séparatistes" ils sont des combattants résistants au fascisme, je ne sais pas comment traduire ополченцы. Enfin cette remarque aux observateur de l'OSCE est significative:
RépondreSupprimerhttp://youtu.be/xLdRBaL4-wU?t=1m17s
-Les gens ils vous demandent pourquoi vous les nommez des "séparatistes" parce que c'est les combattants et c'est les résistants,
-d'accord alors on va dire autre chose, d'accord très bien.
-ils sont pas très content vraiment...
-d'accord ben on va dire autre chose
-en plus ils sont pas très contents que vous parlez des installations...