Depuis son indépendance,
le 18 novembre 1918, la République de Lettonie avait signé, comme les autres
Etats baltes, avec la République socialiste fédérative soviétique (RSFS) de
Russie, puis, à partir du 30 décembre 1922, avec l’Union des républiques
socialistes soviétiques (URSS) un certain nombre de traités qui garantissaient
en principe sa souveraineté. Il s’agit de :
# Traité de paix de Riga du 11 août 1920 ;
# Protocole Litvinov du 9 février 1929 ;
# Traité de non-agression et de
conciliation du 5 février 1932 ;
# Convention de définition de l’agression
du 3 juillet 1933 ;
Mais
les protocoles secrets du pacte Molotov – Ribbentrop entre l’Union soviétique
et l’Allemagne nazie du 23 août 1939 définirent le partage de la Pologne et des
Etats baltes entre les deux dictatures, dont on n’oubliera pas qu’elles furent
alliées sur le terrain pendant deux ans (1939 – 1941).
Staline et von Ribbentrop |
Dès
l’invasion de la Pologne par l’Allemagne, le 1er septembre 1939, la
Lettonie déclare sa neutralité. Mais cette déclaration est annulée par un Pacte d’assistance mutuelle imposé par
l’URSS le 5 octobre 1939 et qui se concrétise par la
cession de bases militaires avec des garnisons soviétiques d’un total de 25 000
hommes au total.
Le
30 octobre 1939, la Lettonie doit signer avec
le Reich allemand, « un accord de transfert des citoyens lettons d’origine
allemande vers l’Allemagne, celle-ci « désirant regrouper les personnes d’origine
allemande sur le territoire de l’Allemagne ».
Le 12 juin 1940, la flotte
soviétique de la Baltique impose un blocus aux Etats baltes. Le 14 juin 1940,
profitant de l’entrée des troupes allemandes à Paris (ce qui n’était pas un
hasard……), l’URSS déclencha des incidents, montés de toutes pièces par le NKVD,
aux frontières des Etats baltes. Le 16 juin 1940, l’URSS prétexte
que le Traité d’alliance défensive avec l’Estonie de 1923 et que le Traité d’Entente
baltique de 1934 (qui ne comportait pourtant aucun accord militaire) menace sa
sécurité, pour adresser un ultimatum à la Lettonie. Celui-ci demandait que soit
formé « immédiatement » en Lettonie un gouvernement qui soit
favorable à l’URSS et que les unités de l’armée soviétiques soient libres d’entrer
sur le territoire letton.
Le gouvernement letton fut
bien obligé d’accepter l’ultimatum qui expirait le 16 juin à 23H et, dans la nuit du 16 au 17 juin 1940, les chars soviétiques
pénétrèrent en Lettonie et prirent possession des principaux points
stratégiques. Trois jours plus tard, un gouvernement fantoche dirigé par un
chercheur en biologie, Augusts Kirchenšteins, fut mis en
place.
Augusts Kirchenšteins |
Le 15 juillet 1940
eurent lieu des « élections » à liste unique (celle du parti
communiste), l’abstention étant considérée comme une « trahison envers le
peuple », ce qui viole clairement la Constitution lettone. Les candidats
adoubés par l’occupant sont sans surprise élus par 97,8 % des votants, le taux
de participation étant de 94,8 %.
L’Assemblée ainsi « élue »
se réunit le 21 juillet 1940 et vote trois résolutions,
pourtant absentes du programme du parti unique :
# Proclamation de la République
socialiste de Lettonie ;
# Nationalisation des entreprises et des
banques ;
# Demande d’admission de la Lettonie au
sein de l’URSS (procédure là aussi non constitutionnelle). Celle-ci fut
acceptée le 5 août 1940.
Commence alors « l’année
des horreurs », en Letton « Baigais Gads ». Le Président Kārlis Ulmanis est d’ailleurs
arrêté ce même 21 juillet et est déporté en Union soviétique, d’abord à
Stavropol, puis à Krasnovodsk (actuel Turkménistan). Il y décédera le 20
septembre 1942.
Le Président Kārlis Ulmanis |
NB : Toute
ressemblance avec des faits récents s’étant déroulés en Ukraine, et notamment
en Crimée, ne serait pas fortuite……
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