Celui qui n’est
encore qu’Henri Beyle est né le 23
Janvier 1783 à Grenoble. Il est en Lituanie un des acteurs les plus connus de
la campagne de Russie car il est devenu par la suite l’écrivain Stendhal.
Mais c’est un
euphémisme de dire que les historiens ne sont pas tendres avec lui. Paul
Britten Austin, par exemple, le traite de « Capitaine de Dragons
grassouillet et vaniteux {…} qui s’est assuré un travail tranquille de
commissaire de guerre en faisant la cour à l’épouse de Daru ».
En effet, grâce
à son parent et protecteur Pierre Daru, Commissaire général de la Grande Armée
en 1806, puis Intendant général des pays conquis après la bataille d’Eylau (8
Février 1807), Henri Beyle fut effectivement nommé le 11 Juillet 1807
Commissaire de guerre adjoint, en poste à
Brunswick (Braunschweig, en Basse-Saxe). Après l’occupation de Königsberg
(Kaliningrad actuelle), il pensait que la campagne allait se prolonger vers
Saint Petersburg via la Courlande ; mais les traités de Tilsit
l’empêchèrent de voir la Lituanie et il devra attendre 5 ans pour y
revenir.
En 1812, Henri Beyle / Stendhal quitte Paris le 23 Juillet après avoir vu
l’Impératrice à Saint-Cloud. En attendant de voir le Roi de Rome, fils de
Napoléon et de Marie-Louise, il écrit à sa sœur pour lui indiquer son
itinéraire : Paris, Metz, Mayence, Francfort-sur-le Main, Weimar, Leipzig,
Francfort-sur-l’Oder, Königsberg, Gumbinen (aujourd’hui Goussev dans l’oblast
de Kaliningrad), Kaunas (où son ami le chevalier de la Noüe est Commissaire) et
Vilnius. Apparemment, il atteint Marijampolė dans les premiers jours d’Août
1812 car il franchit la Berezina le 12 Août vers Bojarinkov où se trouve
l’état-major impérial.
En Russie,
Stendhal / Henri Beyle est affecté à Smolensk où il doit assurer l’approvisionnement de l’armée française dans les
régions de Smolensk, Mogilev et Vitebsk, ces deux dernières villes ayant été lituaniennes
avant la première partition de 1772. Il est toutefois à Moscou le 15 Octobre,
quatre jours donc avant son évacuation, puisque de là il écrit à son collègue
et ami le Chevalier de la Noüe : « Je suis complètement en loques {…} Je
vous prie de m’acheter à Kaunas ou à Vilnius quatre ou cinq mètres de tissu
bleu et six ou sept mètres de cashmere, également bleu ». Sa lettre
n’arrivera jamais à destination car elle fut interceptée par les Russes (elle
ne sera rendue publique qu’en 1913 !). Mais, même si elle était parvenue à
Kaunas, elle avait peu de chances d’être suivie d’effet car le commissaire de
la Noüe était mort le 13 Octobre.
Anticipant la
retraite, Stendhal quitte Smolensk le 11 Novembre, et atteint Vilnius
dans la soirée du 6 Décembre, d’où il repart dès le 7 ou le 8 vers Kaunas et Königsberg,
après avoir apparemment rendu visite, sur la rue Pilies, à l’état-major
français et aux états-majors du Commissaire en chef et du chef trésorier
(actuel Institut Français – cf. ci-dessous). Il aura le temps d’écrire à sa
sœur, la seule lettre envoyée de Lituanie, dans laquelle il dira qu’il est en
bonne santé, mais qu’il a tout perdu ; et que, néanmoins, il est prêt à
repartir au service de Sa Majesté l’Empereur.
Il restera à
Königsberg du 14 au 30 Décembre, qu’il quittera en traîneau pour Danzig
(Gdansk). Dans ses œuvres ultérieures, il citera souvent des lieux lituaniens
(Vilnius, Kaunas, Marijampolė, Tilsit, le Niémen), mais jamais la Lituanie en
tant que telle.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire