A
la fin de la Première Guerre mondiale, les Alliés s’étaient accordés sur la
reconstitution d’un Etat polonais indépendant, formé à partir de territoires
appartenant, depuis les trois partages de 1772, 1793 et 1795, aux Empires
russe, austro-hongrois et allemand. Le Traité de Versailles (signé le 28 Juin
1919) ne déterminait toutefois pas avec précision le tracé de la frontière
orientale de la Pologne.
La
jeune République polonaise va rapidement être confrontée à la volonté
d’expansion de la Russie bolchevique qui cherche à exporter par la force la
révolution prolétarienne vers l’ouest. Les premiers succès seront polonais car
la guerre civile russe fait rage et les blancs de Denikine marchent sur Moscou.
Le 19 Avril 1919, les Polonais prennent Vilnius, le 2 Octobre ils atteignent la
Daugava après plusieurs mois de combat contre la 15e Armée
soviétique.
En
Décembre 1919, la Pologne conclut une alliance militaire avec la Lettonie, seul
Etat de la région avec lequel elle ne soit pas en conflit. Le Général Rydz-Śmigły reçoit le commandement d’un groupe opérationnel
pour s’emparer de Daugavpils (en Polonais Dyneburg, en Allemand Düneburg).
Le Général, futur Maréchal polonais Rydz-Śmigły |
A ce point, il est nécessaire de
faire un état des lieux de l’armée polonaise. Elle fut en effet créée à partir
d’unités et d’individuels polonais servant en Russie, en France, en
Autriche-Hongrie et en Allemagne, avec des équipements différents et des
méthodes différentes.
Par décret du 4 Juin 1917 (publié
au Journal Officiel du 5 Juin 1917) est créée en France une armée polonaise
autonome, placée sous les ordres du haut commandement français et combattant
sous le drapeau polonais. La majorité des recrues sont des Polonais servant
dans l’armée française et des Polonais de l’armée austro-hongroise et de
l’armée allemande faits prisonniers.
A partir du 4 Octobre 1918, cette
Armée est commandée par le Général polonais Józef Haller de Hallenburg, d’où son nom d’Armée Haller ou encore d’Armée Bleue, en
référence à son uniforme bleu horizon. Car l’équipement et une partie de
l’encadrement étaient fournis par la France.
Le 20 juillet 1918, l’Ordre
Général n° 72 crée le 505ème régiment d’Artillerie Spéciale français
qui, comme son nom ne l’indique pas, est un Régiment de chars, mais dépendant
de l’arme de l’Artillerie. Il est formé de trois bataillons à trois compagnies
chacun, équipées de chars légers Renault FT-17. Le 8 mars 1919, le 505ème
Régiment d’Artillerie Spéciale est désigné pour former 5 compagnies de chars
blindés polonaises. Equipé par la France de 120 chars FT-17, transporté par
train en Pologne entre le 1er et le 16 Juin 1919, le 1er
Régiment compte à son arrivée 34 Officiers et 354 Sous-officiers et hommes du
rang français, et 11 Officiers et 442 Sous- officiers et hommes du rang
polonais. Son chef de corps est le Lieutenant-colonel
Macé, l’ancien chef de corps du 505ème RAS.
C’est la 2ème compagnie
qui entrera la première en action, le 19 Août 1919, contre les forces
bolcheviques défendant Bobrouisk (aujourd’hui au Bélarus), en appui du 58ème
Régiment d’Infanterie polonais. La compagnie de chars entrera le 28 Août à
Bobrouisk. Elle est commandée par le Capitaine
Jean Dufour et tous ses Officiers sont Français.
Pour en revenir à la bataille de
Daugavpils, le groupe opérationnel du Général Rydz-Śmigły, qui va reprendre la
ville aux bolcheviques, comprend les unités suivantes :
Ø Les 1ère et 3ème
Division d’Infanterie « Légionnaires » polonaises, soit 30 000
soldats polonais ;
Ø La 3ème Division d’Infanterie
lettone, soit 10 000 soldats lettons
Ø La 2ème Compagnie de chars du
1er Régiment de chars, toujours aux ordres du Capitaine Dufour.
L’ « Operacji
Zima » (Opération Hiver) était prévue d’être déclenchée au 15 Décembre
1919. Mais des problèmes subsistent : pas de communication directe entre
Lettons et Polonais (à cause des soviétiques et Lituaniens hostiles) ; pas
de plan de coopération présenté par le gouvernement letton ; peur des
Lettons de voir les Polonais s’emparer de la Latgale, mais surtout une armée
lettone qui ne voulait pas obéir aux Polonais. Un accord sera finalement trouvé
au 30 décembre et le début des opérations est fixé au 3 Janvier 1920.
Ce 3 Janvier 1920, les unités
polonaises traversent la Daugava gelée (il fait – 25° et il y a 1 mètre de
neige). Les combats sont difficiles, mais la ville est rapidement conquise, les
Polonais attaquant par le sud et les Lettons par le nord. Malheureusement, la
glace se brise sous le poids des canons d’artillerie, ce qui entraîne
d’importantes pertes polonaises. Les défenseurs bolcheviques (et parmi eux des
tirailleurs lettons rouges) se retirent de Dyneburg / Daugavpils et se rendent
aux troupes lettones qui étaient postées à l’ouest de la ville. Les Polonais
auront environ 3 000 tués, blessés et disparus, la principale raison de
ces pertes étant une préparation insuffisante pour se battre en hiver. Mais la
victoire sur la garnison bolchevique de Daugavpils permettra au moral des
« légionnaires » polonais de remonter.
Fin Janvier 1920, les Polonais se
retirent au sud de la Daugava et les troupes lettones prennent leur place, à
l’exception de la citadelle de Daugavpils, où la garnison polonaise continuera
de stationner jusqu’en Juillet, en raison d’une possible contre-offensive des
bolcheviques.
La forteresse de Daugavpils |
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