Vladimir Poutine |
A l’occasion de son show « Questions
et réponses » du 17 Avril, Vladimir Poutine a attiré l’attention des observateurs
en utilisant le terme Новороссия, Novorossia pour désigner la partie
est et sud de l’Ukraine. Il faisait ainsi référence à une entité administrative
en vigueur dans l’empire russe de la fin du XVIIIe siècle au début du XXe
siècle.
Entre le XVIe et le XIXe
siècle, la Russie et l’Empire ottoman se sont opposés onze fois dans des
conflits livrés à intervalles réguliers. La 6ème guerre russo –
turque (1768 – 1774) s’était achevée par le Traité de Kütchück-Kajnardja qui
donnait son indépendance théorique au Khanat de Crimée, de facto sous
protectorat russe.
Catherine II |
La 7ème guerre russo-turque (1787 – 1792) est déclenchée
par Catherine II, sous l’influence de son ex-amant le Feld-maréchal Prince Grigori
Potemkine. Elle veut continuer l’extension de son empire vers le sud en
expulsant les Turcs d’Europe et en recréant l’Empire de Byzance. La Russie
avait déjà annexé la Crimée le 19 Avril 1783 et fait de la Géorgie un
protectorat (comme quoi l’histoire n’est qu’un éternel recommencement !).
Inquiet de l’expansion
russe vers le sud, le sultan lança le 14 Août 1787 un ultimatum à la Tsarine,
demandant l’évacuation de la Crimée et de la Géorgie. L’ambassadeur russe à
Constantinople fut arrêté, ce qui entraîna la déclaration de guerre de la
Russie à l’Empire ottoman le 15 Septembre 1787. L’Empire d’Autriche se joignit
à la Russie le 9 Février 1788 qui lui avait promis la Bosnie, la Serbie et l’Albanie.
Mais à la mort de l’Empereur Joseph II, son successeur Léopold II abandonne son
allié russe.
Le 9 Janvier 1792 est signé le Traité
d’Iaşi par lequel la Turquie ottomane reconnaît l’annexion par la Russie du
Khanat de Crimée et de la province Turque du Yédisan (partie nord-est de l’actuel
oblast d’Odessa, comprenant le littoral de la Mer Noire entre Boug et Dniestr).
Une partie des Tatars de Crimée furent expulsés vers l’Empire ottoman et furent
remplacés par des Russes, des Ukrainiens et des Grecs pontiques (populations
hellénophones du pourtour de la Mer Noire) dans ce qui devint alors la « Nouvelle
Russie ».
Un des premiers
gouverneurs de la « Nouvelle Russie » (de 1803 à 1814) sera Armand Emmanuel du Plessis, duc de Richelieu,
dont la statue en Empereur romain ( !) domine l’escalier dit de Potemkine
à Odessa. Sous son gouvernorat, la Bessarabie (peuplée de Moldaves) et la
gouvernement de Rostov (peuplé de Circassiens) seront rattachés à la Nouvelle
Russie et des colons russes et ruthènes (= ukrainiens) y seront installés. Son
successeur, de 1815 à 1823, à la tête de la « Nouvelle Russie » sera Alexandre Louis Andrault, comte de Langeron
(c’est lui qui prendra Montmartre le 30 Mars 1814 au nom de la Russie).
Statue du Duc de Richelieu à Odessa |
On voit donc que le terme
de « Nouvelle Russie » employé par Vladimir Poutine englobe
historiquement des territoires axés plus vers le littoral de la Mer Noire que
vers l’est de l’actuelle Ukraine. Une indication pour l’avenir ?
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