Le
« printemps de Prague » avait commencé le 5 janvier 1968
par l'élection d'Alexander
Dubček
(1921
- 1992) comme secrétaire général du Parti communiste
tchécoslovaque, puis par l'élection du Général Lulvik Svoboda à
la présidence de la République.
Alexander Dubček |
Dubček
prônait un « socialisme à visage humain » ; il
avait aboli la censure, autorisé les voyages à l'étranger et fait
même arrêter le chef de la police ! Ce mouvement est très
vite acclamé par la population, les médias osent parler librement
et de nombreux Tchécoslovaques se ruent vers l'Occident. Dubček
parle avec ses concitoyens, descend dans la rue et se mêle
à la foule : l'antithèse de Brejnev qui
est en train de mettre au point la
« doctrine Brejnev » qui limite l'autonomie des États
soviétiques
!
Mais
très vite le Kremlin veut reprendre le contrôle de ectte République
socialiste qui semble s'éloigner du « droit chemin ». Le
3 août, Dubček est fermement invité à rejoindre les représentants
soviétiques, y compris Brejnev, à Bratislava et doit signer une
vague promesse
de lutter contre les « forces anti-socialistes »
après des discussions orageuses.
Les
armées du Pacte de Varsovie, composé de l'URSS, de la Pologne, de
la Bulgarie, de la Hongrie et de la RDA, font irruption en
Tchécoslovaquie dans la nuit du 20 au 21 août 1968.
Les
moyens militaires mis en œuvre sont énormes : 28 divisions blindées
comptant 6300 tanks, 800 avions, 2000 canons de tous calibres et, dès
la première journée, près de 100 000 soldats. Ils seront 750 000
dans les jours suivants.
Quand
les chars investissent les villes du pays, la population s'abstient
de toute résistance armée. Elle tente de dialoguer avec les
tankistes soviétiques. Dans un dérisoire effort de résistance
passive, elle enlève les plaques des rues pour désorienter
l'occupant. En certains endroits, des tankistes perdent leur
sang-froid face à l'audace des manifestants et ouvrent le feu. On
compte le soir du 21 août quelques poignées de morts.
Les
23 - 26 août, des dirigeants tchécoslovaques internés furent
conduits
en train sous
bonne escorte à
Moscou. Là,
soumis
à des pressions
psychologique et même physique, ils furent
contraints de signer un
protocole annulant le processus de renouveau. Le bloc socialiste
devait rester sans changement et sous le diktat soviétique. Tous les
dirigeants finirent
par capituler, à une exception près : Frantisek Kriegel, qui a
refusé de signer le honteux protocole.
Leonid Brejnev |
A
partir de là,
les choses se déroulèrent
suivant
la mise en scène de Moscou. Les hommes du Printemps de Prague furent
éliminés de leurs fonctions. La nouvelle réalité fut
scellée en octobre 1968, lorsque l'Assemblée nationale vota
le traité sur le séjour temporaire des troupes soviétiques. Gustav
Husak fut
installé à la direction du pays devenu satellite de Moscou.
L'invasion
a marqué la vie du pays et de ses habitants pour 22 longues
années.
L'occupation soviétique a fait 72 morts et plus de 700 blessés.
L'étouffement du processus de démocratisation a provoqué, tout
comme ça avait été le cas en
1948, une vague d'émigration que seule la fermeture des frontières,
en 1969, a arrêté. Lors de la période dite de normalisation, dans
le cadre des purges communistes, 326 000 membres du PCT, des
intellectuels
notamment, ont été exclus du parti. Plus de 300 000 personnes ont
été écartées de la vie publique. 350 000 autres ont été
licenciées ou déplacés à des postes subalternes.
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