Un processus encore en vogue aujourd'hui ! |
Il y a 78 ans, à l'issue d'un processus qui a encore fait récemment ses preuves en Crimée, la Lituanie devenait une république socialiste soviétique.
En
vertu des protocoles secrets du pacte de non agression, dit pacte
Molotov – Ribbentrop, du 23 août 1939, modifié par le
protocole additionnel secret au traité de délimitation et d'amitié
du 28 septembre 1939, la Lituanie était rattachée à la sphère
d'intérêt de l'URSS.
Carte du pacte Molotov - Ribbentrop |
Après
la défaite de la Pologne, l'URSS a tout de suite lancé ses
opérations dans les Pays baltes, en commençant par la
déstabilisation de l'Estonie, faisant notamment sans cesse voler ses
avions au-dessus des villes estoniennes. Le 28 septembre
1939, l'Estonie fut obligée de signer un accord d'assistance
soi-disant mutuelle et de laisser entrer 25 000 militaires
soviétiques sur son territoire. La Lettonie fut soumise de manière
similaire le 5 octobre 1939.
Le 10
octobre 1939, la Lituanie et l'URSS signèrent un accord
d'assistance mutuelle (sic) semblable, mais aussi un accord pour le
transfert de la région de Vilnius (qui était occupée par la
Pologne depuis 1920) à la Lituanie, En échange, la Lituanie
s'engageait à laisser entrer 20 000 hommes de l'Armée rouge,
chiffre presque équivalent à toute l'armée lituanienne !
Cette présence étrangère jeta une ombre sur la restitution de
Vilnius, les Lituaniens disant « Vilnius est à nous, la
Lituanie est aux Russes » ! (Vilnius yra mūsų,
Lietuva rusų). Le 28 octobre 1939, l'armée lituanienne fit son
entrée à Vilnius.
Tant
que l'URSS fut en guerre contre la Finlande (30 novembre 1939 – 13
mars 1940), la Lituanie fut temporairement laissée en paix. Mais, le
jour même où l'armée allemande encercla les forces alliées à
Dunkerque (24 mai 1940) , l'URSS présenta à la Lituanie une
note dans laquelle elle accusait celle-ci d'avoir enlevé des soldats
de l'Armée rouge, accusation totalement fantaisiste. Le 7 juin,
nouvelle accusation absurde : les Pays baltes avaient constitué
une alliance militaire contre l'URSS. Les soviétiques ne faisaient
en fait que chercher des prétextes pour lancer une agression.
Le
14 juin 1940, les nazis entrèrent dans Paris et, la nuit qui suivit,
l'URSS remit à la Lituanie un ultimatum arbitraire : laisser
entrer en Lituanie un contingent illimité de l'armée soviétique et
former un nouveau gouvernement. Molotov, Ministre soviétique des
Affaires Étrangères, déclara à son homologue lituanien qu'en tout
état de cause, l'armée soviétique entrerait de toute façon en
Lituanie.
Réuni
dans la nuit du 14 au 15 juin, le gouvernement lituanien, à
l'exception du Président Antanas Smetona et de
trois ministres, accepta l'ultimatum à 7H du matin, Ce qui n'empêcha
pas, comme annoncé, les troupes soviétiques d'envahir le territoire
lituanien le 15 juin à partir de 15H, avec 240 000 soldats, 1 140
avions, 1 513 chars, 2 946 canons, etc.….. Le Président Smetona et
le Ministre de la Défense, Kazys Musteikis, eurent le temps de
s'enfuir en Allemagne où ils furent internés.
Le Président Antanas Smetona |
L'après-midi
du 15 juin, le vice-commissaire aux Affaires Étrangères
soviétique, Vladimir Dekanozov, arriva à Kaunas et
commença à régner en maître sur la Lituanie. Son rôle consistait
à dissimuler l'occupation, à former un gouvernement fantoche et à
mettre en scène le spectacle de l'adhésion « volontaire »
de la Lituanie à l'URSS.
Sur
ordre du Kremlin, des élections « les plus démocratiques au
monde » furent organisées à la hâte le 14 juillet
1940 dans les trois États baltes. Des élections sans choix
puisque seuls les candidats communistes étaient autorisés à se
présenter. Malgré des mesures « incitatives » la
participation fut minimale, aussi fallut-il prolonger les élections
d'un jour et avoir manifestement recours aux « ressources
administratives ». Il fut ainsi obtenu une participation de
95,51 % des électeurs dont 99,19 % votèrent pour les
candidats du parti,. Dans certains districts, plus de 100 % des
inscrits votèrent, le record s'établissant à 123 % de
votants !!
Le 21
juillet 1940, les soi-disant parlementaires du peuple se
réunirent, avec la participation de jeunes communistes, d'officiers
de l'Armée rouge et de membres du NKVD. Ils demandèrent que le
système politique lituanien soit changé et surtout que la Lituanie
soit admise dans l'URSS.
Le 3
août 1940, le Conseil Suprême de l'URSS accéda à la demande
des pseudo-délégués lituanien et la Lituanie devint la république
socialiste soviétique de Lituanie. L'Allemagne nazie reconnut
l'occupation et l'annexion de la Lituanie et, sur ordre de Moscou,
les ambassades et consulats lituaniens à Berlin, Paris, Rome,
Stockholm et Vienne furent fermés.
C'en
était fait pour 50 ans de l’indépendance de la Lituanie. Pendant
cette période d'occupation soviétique :
#
186 000 citoyens lituaniens furent arrêtés et emprisonnés
#
140 000 furent déportés
#
48 000 sont morts en déportation
#
21 000 ont été tués dans des actions de résistance (la résistance
armée dura jusqu'en 1953)
Aujourd'hui,
la Fédération de Russie refuse toujours de reconnaître qu'il y ait
eu occupation ……
Monument commémoratif à Vilnius, à côté de l'ancien siège du KGB |
D'après
« Pages tragiques de l'histoire de la Lituanie 1940 - 1953 »
par Vladas Terleckas, Vilnius 2016
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